vendredi 18 mars 2016

Brazil




Des oiseaux — glas d'odeur — parfument les journaux
comme du papier-cul ; le reste de leurs plumes
engraisse le pilon des papiers au fourneau,
mais je garde du Rouge un marteau sous l'enclume.

Et je garde prétoire à la folie commune,
à la Folie-Neubourg où l'amour se consume,
au mur des fédérés de la pauvre Commune,
ou, regardant mes doigts, à ce qu'un quinconce hume.

J'en viens donc à chercher des loyers, qui bailla
Salvador Allende dans le pays tout contre,
aux camionneurs soumis à la sombre NSA,
j'en viens donc à l'ultime, à notre ombre rencontre.

Si le pays titube en passant l'arme à droite,
et que de bleues scories virent du jaune au vert,
faute n'est qu'à la gauche aux envies maladroites
en vain de s'éviter ses odieux découverts.

Mais l'accent circonflexe est sur tous les fossiles,
et l'horrible indécence, elle, empire un peu plus,
dans un méandre aqueux d'une humeur indocile,
il me faut retrouver ce qui chez moi vous plut.

Peu m'importe qu'il vente ou qu'il saigne ou qu'il pleuve,
étouffé d'un tropique où où j'enseigne ma Zone,
oui, je contesterai les pets d'un roman-fleuve
abusant du courant de ma fibre amazone.

J'ai voulu pour écrire éviter les récifs
de mon verbe natal que d'autres tarzanisent,
oubliant de l'article un rôle en leurs poncifs,
ce sont eux les abstrus qui pourtant galvanisent.

Ce sont eux les verbeux de petite vertu
qui promulguent les lois que d'emblée je contourne
à l'aide de la rime en laquelle un vers tue,
comme au brio de Jeanne, héros de ce qu'on tourne.

J'ai fait de mon Poème une cage dorée,
ses barreaux éclatants sont ma jungle — un asile —
et le fourmillement de sa flore adorée,
plainte carnivore, est un cri menu : Brazil !

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