vendredi 4 août 2017

La séance




Je l'ai matée durant deux heures
illuminée par cet écran,
J'avais ma dose et sans doseur,
elle était devant moi d'un rang.

Le film éclairait la beauté
que j'avais su lui reconnaître
avant qu'un hasard m'eût ôté
quelque amour qui commence à naître.

Et fasciné par son profil
ainsi bleuté par les images,
il me semblait perdre le fil
et l'intégrer dans leur grammage.

Elle inclinait son frais visage
aux vagues des séquences vues,
je regardais ce paysage
arrière au trois-quarts imprévu.

Ses doigts délicats se posaient
parfois sur sa joue, fructifiaient,
ses doigts sans bague éternisaient
la projection s'intensifiait.

Soudain sur le dos de sa main,
posant son menton cap-hornier,
j'eus la vision de lendemains
sur l'océan qu'on ne peut nier.

Sur l'océan de ses courbures
et sur la houle à la frontière
où frange infiniment l'épure
associable au trois-quarts un tiers...

Et puis s'en vint le générique :
on aime, on vit, parfois l'on feint
se faisant des films hystériques
et l'on perd toujours à la fin.

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