lundi 11 novembre 2013

Miserables

Nuages by Django Reinhardt on Grooveshark



La misère pullule et ses pulls percés trouent
ce qu'un gris chouette ulule aux chants de Perséphone,
sans voir le bleu du ciel qu'ennuage un Dutroux
- causette existentielle aux Thénardier lès phone.

La peuplade ouvrière enfle un bourgeois œdème :
celui qui n'ouvrit hier pas un porte-monnaie !
Le poète peut crever, sa bourse n'a plus cours
que de miracles vrais à l'autel sermonné.

Le phlegmon dialysé d'un obscène marché,
nous pousse d'alizés en champs en jachère ;
la meilleure façon, Déesse, de marcher,
n'est pas dans la rançon de ce qui coûte cher.

Elle est dans l'abandon de nos tristes bassesses,
dans la syllabe en don sur chaque fin de vers,
qui s'arrime aux bollards que je vous sers en liesse,
aux derniers au-revoir de ce Kitty's nightmare*.

* J'ai tant aimé de Joyce un truc désabusé,
où les vieilles Rolls-Royce ont laissé ça, mots-traces,
hurler chevaux-vapeur et regards amusés
face aux bateaux de peur distants de quelques brasses...

Et dans la pauvreté de notre condition,
j'ai mangé l'âpreté des herbes carnivores,
rongeant comme le sel ou comme un champignon,
l'immense carrousel des êtres sémaphores.

D'Alexandrie le phare a chu dans l'océan ;
d'Alexandra le fard égaie l'odieux constat :
je suis un misérable arguant ce mot céans ;
qu'on fasse sur mon râble un brin d'aérostat !

Qu'accrochant un nuage, on me paie de l'Espoir
que j'apporte à tout age en déversant du vide,
car écrire est un fruit (de la pomme à la poire)
qui se nourrit de bruits et de pas impavides.

Quel costume de Quat'sous, voudrais-tu qu'il m'aille ?
La misèr'c'est là-d'sous : les égouts de Paris,
de Vienne ou de Berlin, de Brecht et de Kurt Weill,
ils sont à mes Merlin ce qui ne se tarit.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adore...

Il n'y a que Weill qui m'aille

Anonyme a dit…

Fort beau Maillekeul...



Lemmy Zérable de La Pin

Anonyme a dit…

Et quand de sa roulotte Django joue et nous lie
Un Maillekeul de sa plume nous tient la grappe ! Hé, lis !

Charles Quint tête du haut de clopes de France

emile zona a dit…

Jeux de mots, jeux de malins. Bravo pour la poésie!