samedi 22 janvier 2011

La peau



Je n'y couperai pas : la peau c'est la frontière
que l'on franchit d'un pas en changeant de couleur
à nos baisers – l'Evreux, normande lévrière –
tandis qu'à deux à Dreux, le front n'est que douleur...
Nos pauvres patois doux, d'aucuns nous les vrillèrent,
nos langues en saindoux furent saucissonnées,
mais quel que fut le joug m'abattant en prière,
je rendis l'autre joue d'import arraisonnée...

Je n'y couperai plus : la peau c'est notre bulle.
La caresse a déplu mais le corps a des plis :
plis de peaux en dépôts, pas de pot les globules,
de dépit sont les plots dont nos peaux sont remplies.
« Cela m'innerve un Pô, ce long conciliabule,
et ce trouble tableau dont la planche faiblit »,
me dit alors mon corps dont le tout déambule
sans se mettre en accord à nos plans établis...

Du coup la peau éclate ! En mil morts sceaux de Mü !
Qu'elle soit ronde ou plate, une Terre est femelle
et son enfant pisseux un continent ému ;
notre écorce est à ceux dont les peaux s'amoncellent,
nos bisons, nos bisous, enveloppent nos mues,
nos indiens, nos hindous, sont indus de nos sels,
notre route est rongée par les mots qu'on commue :
Cher Gandhi, j'ai rangé ta parole en missel.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Tes mots en corde, s'accordent sans miséricorde ...
Tout simplement beau ...
Chapeau bas mon ami poète ...:)

Murièle Modély a dit…

une Terre est femelle
et son enfant pisseux un continent ému

j'aime beaucoup ça