vendredi 31 décembre 2021

L'absinthe sylvestre



La solitude est un poison

qu'à sa dose homéopathique

on peut apprécier à foison

comme une drogue analgésique


Absinthe marrie, priez pour nous

la Saint-Sylvestre on vous lapait

la Saint-Glinglin sue le burnous

quand l'amant paie j'ai l'âme en paix


Dans mes bois de serre impavide

où l'eau des mots coule à l'envers

offrez-moi l'infini du vide

et je le remplirai de vers


On peut s'y perdre à trop s'y croire

rêver en vain que l'âme sente

or suivre est un jeu de miroir

où la perspective est absente

jeudi 30 décembre 2021

Tous les matins du monde



J'avais entre les mains tous les matins du monde

et je les ai tordus comme des doigts gâteux

mais j'en revois l'éclat quand tes yeux vagabondent


On y sait des prairies dont le sol est pâteux

de tes larmes versées quand le sort est immonde

un immense arc-en-ciel en nos destins boiteux


Parfois on croit mourir et souvent on revit

faisons fi des mauvais souvenirs qui nous minent

et reprenons le cours éperdu de nos vies

le manque de tendresse est une autre famine


Il n'est rien d'important dans le regard de l'autre

en vérité que le reflet qui nous retrouve

et sans lequel il n'y a jamais que le nôtre

à frôler l'existence et tout ce qui l'éprouve

Dernier amour



Parfois je me sens à ma prime adolescence

où l'espoir d'un baiser relevait des conquêtes

où l'affolement révélait notre innocence


Un instant seulement c'est l'objet de ma quête

un sentiment commence où finit le bon-sens

à l'orée de notre âme à nouveau qui s'inquiète


Et si j'avais les mots pour te plaire en trois vers

un pan de ta beauté semblerait négligé

si s'aimer c'est toujours un accord à l'envers

apprenons l'harmonie de nos corps engagés


Leur musique est en soi comme un vieil instrument

dans lequel on mettrait du rythme et des arpèges

en repoussant l'intrus dès lors que l'intrus ment

nous ne sommes la proie que de nos propres pièges

mercredi 29 décembre 2021

Montparnasse





L'Amour est un pari quand Paris s'énamoure

et quand je pense à toi dans un miroir ancien

ma mémoire a la saveur d'un conte à rebours


Ou d'un théâtre où le rêve est montparnassien

de mes vers ampoulés la lumière alentours

et la rue d'Odessa comme un port étant sien


Sur le pont qui relie l'écriture au désir

on se penche en rêvant que la scène est dressée

mais la gène intervient nous privant du plaisir

où l'on perd un instant l'éloquence empressée


Souvent ce désir est tapi dans un regard

il est bien dans le tien je connais ces langueurs

il te rêve attendant sur un froid quai de gare

un garçon désireux de réchauffer ton cœur

lundi 27 décembre 2021

L'ostracisme



J'ai vidé l'espérance ainsi qu'un seau de pisse

et goûté le silence en te lisant chérie

je n'ai rien avant toi que ce doux précipice


Et l'idée que le froid s'établit sans écrit

que l'ostracisme en morceaux redit ses prémisses

en exil où l'amour est bâti de ses cris


Sur mon arbre à palabres il y a des guirlandes

où les mots s'entremêlent en faisant mélodie

je me pends sans dépendre à ces mâts de cocagne

où l'Art et l'hypokhâgne en refrain me l'ont dit


Tu n'es pas du sérail et tes mots sont maudits

la France a pourchassé les fabricants de vers

et pilé de son pied la tirade ébaudie

dont Rostand fabriquait son unique Univers

dimanche 26 décembre 2021

L'orangerie






Tout ce que je dirai de notre obscurité

se confond dans le noir absolu de l'oubli

se résume à nos nuits profondément ratées


Des cartes rebattues ce qui ne fait plus un pli

c'est le goût du gâchis qui me laisse éreinté

malgré le sentiment du devoir accompli


Le sexe a la vertu de donner du plaisir

on s'en lasse assez vite on s'en moque et j'en ris

Mais quoi qu'on vive ou ravive ou qu'on puisse écrire

on sait sa feuille morte au Parc de l'Oranj'rie


Ne laissez rien passer quand vient le bonheur

on ne peut deviner son retour imminent

quand on ne le prend pas comme un train de bonne heure

on reste à quai longtemps sans raison ruminant

jeudi 23 décembre 2021

Gazouilleur



Un jour on cessera de parler pour écrire

on pèsera nos mots sans les balancer

tout en laissant le tout-venant les décrire


On nous dira sûr'ment qu'on est bien avancé

qu'à reculer le temps tous oublient l'avenir

et pourtant c'est l'oubli des leçons du passé


L'effondrement des sociétés des sentiments

contribue comme au souvenir aux remords

et se nourrit de ce qu'on dit de ce qu'on ment

de tout ce qu'on peut regretter jusqu'à la mort


Il faut du nihilisme afin de nier ces lois

la bosse qui démâte et jusqu'à l'ostracisme

on se pend à l'idée que la corde est en soi

l'obscurité se nomme horreur haine et racisme

mercredi 22 décembre 2021

Greffons



L'air est salé

l'air esseulé

l'air est-ce laid

l'air est-ce léger ?


L'amour embarque

________________à des horaires

____________________________inaccessibles

Et de sa barque

_________________un honoraire

____________________________a pris la cible


Un vent ingrat

humide et gras

soudain nous gra-

tifie de nos bras


Je suis seul

__________tu es belle

___________________il fait froid

____________________________la nuit mord

On est seul

___________et rebelle

____________________en l'effroi

_____________________________de la mort


Et la survie

survient dévie

tend un devis

devant nos deux vies


De ce bonheur

____________à deux-trois pas

_________________________que peut-on faire ?

À la bonne heure

______________un bon repas

__________________________la bonne chair


Et le bon rêve

en bonne trêve

aura la grève

où prend notre greffe

samedi 18 décembre 2021

Le vieux chemin des astres



L'amour offert à l'autre est une devanture

aux sentiments les plus profonds qui nous régissent

et qui nous font mener cette étrange aventure


Elle existe à Paris se prépare à Rungis

et se sert des réseaux en carnet d'écriture

un fruit mûr en ressort et mes vers en rugissent


Indiquez-moi la voie de l'analyse exacte

et je saurai fausser son contour abusif

il n'y a dans l'écrit que l'écho de nos actes

en chaque poésie ce désir allusif


Enfin si j'ai choisi le vieux chemin des astres

écrivant je le sème en bon petit poucet

la colère est toujours le fruit de nos désastres

et le tempérament le fruit des avancées

vendredi 17 décembre 2021

La ligne méridienne






Il y a dans le méridien qui nous sépare

un peu de la nuit bleue qu'on trouve à Paris

ses reflets sont toujours un art à mettre à part


On le suit à la ligne et parfois on écrit

ces moments soudains qui brutaux nous désemparent

éteignant tout d'un coup la fureur et les cris


Ce que nous poursuivons nous l'ignorons souvent

parfois nous rencontrons quelqu'un qui lui ressemble

et néanmoins le vide en fait le survivant

d'un rêve inabouti que les idées rassemblent


Aussi bien rechercher la ligne méridienne

en laiton scarifiée dans le cœur de Paname

un palais souterrain de la cuisine indienne

un fil est là pourtant qui m'attache à ton âme


https://soundcloud.com/annaondu/la-ligne-meridienne?si=8c88f85af8e74da4bf2bee519f70ba59&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

mercredi 15 décembre 2021

Entre les boucles du fleuve



L'histoire de l'amour est un long chemin de croix

qui serpente en chacun circulant sans gésir

et pourtant chaque fois je sais bien qu'on y croit


Rien ne saurait décrire à quel point mon désir

étendu comme un drap s'est replié vers toi

sans rien attendre en plus se justifiant de plaisir


Il y a des endroits sur les quais de la Seine

un peu comme appendice au fleuve intestinal

ayant su digérer mes relations malsaines

et me rendant à toi pur jeune et virginal


Entre les boucles du fleuve on se régénère

au centre de Paris mon histoire est figée

qui pourtant continue jusqu'à tendre les nerfs

écorchés d'un amant dont l'image est jugée

dimanche 12 décembre 2021

Ma planète



Ma planète un beau jour a changé de prénom

tout ce qui tourne autour est dans son attraction

mes mots font farandole ou s'empressent sinon


Si je les additionne ils se font soustraction

mais si je les retire un être me dit non

dans son cœur il me faut rentrer par effraction


En comptant jusqu'à douze on récite en beauté

le monde et tout ce qui le peuple en l'égayant

l'alexandrin par terre a fleuri sans compter

pour un bouquet s'il se dit même en bégayant


Je compose alors un poème inespéré

j'ai tout bouquiné de ma vieille étagère

où sont tous ceux que j'aime et qui m'ont inspiré

ma vie n'est qu'un brin d'inspiration passagère

samedi 11 décembre 2021

Catacombes



J'ai perdu la beauté qui faisait mes vingt ans

je perds du temps parfois à me le rappeler

mais lutter contre l'âge est bien plus qu'éreintant


je me sens moins que rien quoi qu'un brin bien plus laid

plus personne n'écoute un refrain que j'entends

que chantait dans mon dos mon amour un instant


De ma fragilité j'ai bâti l'écriture

en cherchant à l'offrir à l'unique personne

en capacité de comprendre en tessiture

un peu comment dans leur seul écho mes mots sonnent


Un jour en visitant le trou des catacombes

où chacun trouvera dans un crâne un bon masque

avec un charme obscur inhérent à sa tombe

on pensera soudain : "que mon corps est bien flasque"

vendredi 10 décembre 2021

Intimités



Tout commence éperdument toujours à Paris

tout commence avec celle et perdue qui sourit

rien n'est plus beau qu'un sourire à la dérobée


La dernière apparue je restais bouche bée

ce qu'on aime est souvent dans ce qu'on répudie

mais c'était déjà promis c'était déjà dit


Ce qui s'écrit dans les méandres de la Seine

a la beauté de ces beautés qu'on met en scène

et leur tenir la main l'espace d'un instant

suspend la pièce et le rideau suspend le temps


Je ne parlerai plus de ces intimités

de baisers déposés ma mémoire est mitée

mon secret s'est caché dans les coffres des banques

en mon silence est l'écho des mots qui me manquent

lundi 6 décembre 2021

Au Colibri



À défaut de Concorde à Paris quand ça caille

assez loin du village où l'on parle en latin

qu'on pleur' comme une Mad'leine en attente d'amour

en attente d'un train faut marcher vers demain


Sale hasard Saint-Lazare est la gare du mien

de l'affreux tortillard où le pâle horizon

qui m'attend n'a de toi que la couleur des yeux

de la mer étendue jusqu'à perte de vue


Ce Paris des touristes où les dieux sont à l'Ouest

amortit la rupture avec un vieux quartier

ralentit de son fleuve un sanglot de blessure


Au café Colibri la soirée bat son plein

Pierre Rabhi c'est sa mort et je suis mort dans l'âme

il n'y a donc jamais que des coïncidences 

Sur les pas de Villon



Ce matin de Cluny j'ai longé la Sorbonne

et rejoint le « Luco » ce jardin merveilleux

que Marius et Cosette ont dans l'œuvre d'Hugo

fréquenté comme aussi dans « Roman » de Rimbaud


Puis l'ayant traversé direction Saint-Sulpice

et Saint-Germain-des-prés puis la rue Bonaparte

ayant franchi la Seine avec le pont des Arts

aux arcades du Louvre un abri s'est trouvé


Sur les pas de Villon je marche dans Paris

Les Tuil'ries s'ensoleillent et le quartier Latin

de l'autre côté du vieux fleuve est déjà loin


Tout s'éloigne en chemin le cœur du centre-ville

et l'avis du centre du cœur où tout se joue

la vie l'amour et l'avenir un peu de tout

Rue Saint-Honoré



La pluie claque à nouveau comme une déception

sur Paris que l'on quitte un peu comme une amante

et l'esprit de Noël a beau faire illusion

le vent froid cingle autant qu'on le fait en fouettant


Mais rien n'est négatif absolument non rien

ne peut gâcher l'éclat sur le pavé mouillé

de la ville-lumière aux feux multi-collés

de la fille aux yeux verts dont on a l'amitié


L'éclaircie tarde un peu mais je sais qu'elle viendra

je l'attends pour traîner au jardin des Tuil'ries

je l'attends pour marcher dans un rai de soleil


La rue Saint-Honoré là s'en est honorée

près du temple témoin pour l'instant que l'Histoire

oublie si près du Louvre un sonnet que j'écris

Rue des écoles



Je divague et des vagues de vagues véhicules

enveloppant mes pensées sur la rue des Écoles

image après image un vieux film apparaît

que je croyais dissout dans son celluloïd


En cette comédie dramatique éternelle

où le regard s'égare en croisement de l'autre

on joue souvent les didascalies dans les gestes

et le dialogue absent quand il est inutile


Un théâtre parisien vient d'ouvrir ses portes

à des yeux grand fermés sur un rêve avorté

qui cachait le réel à ses deux comédiens


Mais qu'importe après tout l'attribution des rôles

on se saoule en parole et les vers ont rongé

la partition sinistre où le temps s'arrêtait

Paris sous la pluie



Paris sous la pluie la cité s'imbibe en nous

Par le dos par les pieds parlons franc par l'alcool

Et le sourire enfin comme un arc-en-ciel

Esquisse une éclaircie sur les temps à venir


Les manteaux alourdis des souvenirs qu'on porte

Et de l'eau de ce soir aux bruines citadines

Ont lavé dans l'ondée ce qu'un passé comporte

Et Paris ce matin sera rempli d'espoirs


Le manque aura changé comme un mal assoupi

L'aube aura les couleurs d'une belle aquarelle

Aux reflets délavés des amours oubliées


Le passé nous importe afin de nous construire

Et non d'y rechercher le demain ni l'ailleurs

Où l'on trouve un beau jour un vrai goût pour la vie

mardi 30 novembre 2021

Métallo



Le poème est dans la nuit l'écrit de vers luisant

les désirs affichés s'accroch't'aux port'manteaux

le reste est balancé par tous les médisants


Pendu patibulaire à la bouche aussitôt

je l'écris tous les jours et l'écrit l'épuisant

je l'oppresse en pressant tout son jus ses métaux


Cette société ne m'a pas réussi

refusant probablement de m'y plier

chacun sait que quand cela se passe ainsi

c'est que la tyrannie s'impose à t'oublier


La Poésie n'est pas dans le style ou la rime

elle est dans le regard au Monde et sa façon

mais ne peut se passer de ces mots qu'elle imprime

avec un rythme avec un cœur avec un son

dimanche 28 novembre 2021

Atavisme



L'image est à l'idée ce que la lettre est au mot

j'en ai vraiment tant d'eux dans ma tête oppressés

qu'en s'y précipitant ils se changent en maux


La femme est l'avenir et l'homme est dépassé

son reflet m'apparaît je me veux son gémeau

tous les serments du monde ont le goût d'un baiser


Quand la nuit tisse à la façon d'une araignée

la toile où le reflet de son art est perdu

que penser des canons de beauté qui régnaient

que penser dans ce flot d'un amour éperdu ?


Nous subissons des traumatismes parentaux

tout en ayant la capacité de les transmettre

en nous cet engrenage (et ses effets létaux)

parvient à tout plier parvient à nous soumettre

samedi 27 novembre 2021

L'alphabet



À chaque féminine on a fait l'excision

la rime est la victime en France on l'a glacée

le nœud de mon problème est dans l'indécision


Ces circonvolutions de lacets m'ont lassé

la nuit qui tombe est un rideau d'imprécisions

je suis l'eau du puits noir où la vie m'a placé


La pluie serpentiforme affublant de ses maux

les détours de mon verbe et toutes ses tournures

a châtié dans nos rangs le vrai poids de nos mots

dont l'oubli de l'essence est sans rien moins qu'ils n'eurent


Un de ces jours on rêve à pondre un texte en vers

illustrant la beauté qui nous poursuit sans cesse

et qu'aimeraient tous ceux nous lisant à l'envers

en disant l'alphabet qu'on tait à nos princesses

dimanche 14 novembre 2021

Belle illusion



Les notes de la pluie tombent en musique

et je te démaquille en t'aimant à leur rythme

un lambeau de bonheur à mon poumon phtysique


Égrainant de vains mots la parole à leur hymne

un regard insistant s'accroche à ton physique

à ta belle âme aussi qui me sert d'algorithme


Il y a sur tes dents ce beau fruit de saison

la bouche est un outil et le baiser son geste

en coulant la salive en est le doux poison

qui peut être gentil ou peut être indigeste


Avec un vrai besoin de te voir encensée

j'arrive à faire durer l'illusion de l'amant

puis celle inattendue d'un espoir insensé

mais n'y croyant pourtant plus véritablement

vendredi 5 novembre 2021

Verbe at time



Tout se pense en rêvant d'un rivage impossible

en nageant dans le bain révélateur enfin

de l'accomplissement d'un destin pris pour cible


En rêvant de demain comme on pense un parfum

l'odorat bienveillant le regard impassible

et la plume avisée de ses passions sans faim


Quand la Poésie me manque il me faut en écrire

et j'ai de l'encre rouge à chacun des baisers

que délivrent son cœur et son joli sourire

on ne vit que pour plaire en étant apaisé


De l'image insufflée de l'amour attendu

j'attends beaucoup plus qu'un déjeuner sur l'herbe

et si cet amour en herbe en est éperdu

c'est que ma belle amour est posée sur mon verbe

jeudi 4 novembre 2021

Crapaud



Ton regard était beau ton sourire est splendide

et rien ne vaut les mots qui leur sont associés

qu'on écrit de passion quoi qu'on joue les Candide


Alors on croit qu'aimer bien c'est se dissocier

du désir imbécile et des pulsions sordides

en gardant la beauté qu'à sa face on assied


Ce soir est sans parole et sans inspiration

néanmoins je soumets au champ que le fragile

instinct de nos désirs ouvre à l'exploration

ce portrait rédigé d'une écriture agile


Écrire écrire écrire et se rêver un autre

étouffé du talent qui là nous fuit sans cesse

un truc adolescent qui n'était pas le nôtre

et qu'on poursuit pourtant en crapaud des princesses


https://soundcloud.com/annaondu/crapaud?si=341b7b2b560b4a79bd5538c8bf99093b

samedi 30 octobre 2021

Fond de tain



L'âtre est l'attrait de l'être et son feu nous consume

un miroir est tendu qui nous dit la façon

du regard à porter sur les traits qu'on assume


Un fruit d'amour est comestible à mi-cuisson

dans le four où frémit le don que nous reçûmes

à l'origine où gît l'envie dont nous bruissons


Le plus beau des regards inévitablement

recèle un des poisons qui nous attire à fond

dans le gouffre où l'on sombre emplit de tremblements

le bleu nuit à l'envi des baisers qu'on confond


De la plus belle amante on peut parler sans fin

mais sans faim sans couleur on parle aussi du monde

et tout se fond déteint comme on fleure un parfum

tout ce fond se dilue la passion vagabonde

lundi 25 octobre 2021

La carte du tendre



J'ai défriché les voies de la carte du tendre

et tous ses mouvements que nous paralysons

tant je t'ai désirée sans plus rien n'en attendre


Aucun des sentiments que nous fertilisons

n'est un plant immature où nous voulons nous pendre

un accident caché de ce que nous lisons


Nonchalamment tu m'as dicté tes fantasmes

en me laissant penser que j'étais ton Adam

mais là je suis un marathonien bourré d'asthme

et de l'Eve à l'épreuve il me reste les dents


Le temps se détresse à la façon des cheveux

de ma belle héroïne en sa déperdition

j'ai gardé la beauté d'ineffables aveux

mais l'horreur assumée de mes contradictions

vendredi 22 octobre 2021

Minotaure





La passion, c'est la patience et le verbe avec

un sermon ne suffit pas à convertir un mot

je ne suis pas le Pape et pas même un évêque


Et pourtant je compose à coups de chalumeau

les bleues tauromachies qui mènent à l'échec

aux déceptions bénies des adieux animaux


L'enfermement contraint nous pousse à partager

ce secret bien gardé dont je connais la faille

en quelques contournements ma vie peut changer

pour aller au destin qui fuit de ton entaille


Il est bon de se perdre au sein du labyrinthe

imaginer ton ventre ainsi qu'un beau parcours

où l'on vient te chercher sans espoir et sans crainte

où la case à la fin c'est l'idée de l'amour


https://soundcloud.com/annaondu/minotaure?si=9120efec267c4128b9ef9a6d95fba68f


dimanche 17 octobre 2021

Le chemin des Dames



Ballade des pendus la Chanson de Craonne

est entrée d'un seul tenant dans l'imaginaire

où le poète est blessé balbutie puis crayonne


Où les éclats d'obus touchant Apollinaire

ont le parfum du soufre et du diable en personne

où le capitalisme est enfin tortionnaire


En noyant dans l'écrit — si tant est que j'en crève —

un soupçon délicat de l'amour éperdu

nous ruinons aisément dans d'impossibles rêves

un capital image où la nôtre est perdue


Nous étions isolés aux confins des mondes

espérant sans limite une étoile nouvelle

et ton sourire immense emplissait vagabonde

une idée que j'avais que ta beauté nivelle

vendredi 8 octobre 2021

Tatiana



De ma nuit fruit du jour on trace de limace

être aimé c'est souvent s'oublier dans l'envie

Tatiana me raconte en Russ' ce qui l'harasse


Survivre est un projet qui se fout de la vie

survivre est un principe un destin que j'embrasse

en t'enlassant Tatiana l'Eiger est gravi


Je me voudrais punk — et me dégueule en toussant —

mais d'un déguisement dont je me départisse

animé d'un dessein qui cartonne en passant

la bande entière afin que la joie me tapisse


Au mur au Réaumur aux fesses en métro

mise en bière avinée divin enfantillage

il pleut com' vach' qui pisse et tu n'es pas de trop

dessous l'averse ensemble on fait de beaux voyages

mercredi 6 octobre 2021

Aux fils d'Ariane



J'apprécie ta mouvance assez résolument

ta lambada ressemble à mon ballet d'autiste

et je te dis le vrai je te mens en t'aimant


Je m'intéresse à l'œuvre et pas au cul d'l'artiste

écrire est ma façon de t'aimer chastement 

rien ne me plaît plus que ton regard améthyste


Il possède un reflet sulfureux qui m'éclaire

au sujet de la guerre infinies positions

les tranchées du Poème ont castré tous les vers

on s'aimera plus tard après l'hésitation


Dans le couloir étroit de l'esprit nous creusons

le tunnel essentiel au goût de l'existence

et la voie compliquée qui mène à l'horizon

labyrinthe et beauté guidés par ta prestance

vendredi 1 octobre 2021

La bombe anatomique



Je cherche en ta beauté l'éclat dissimulé

l'obus dessin la courbe à laquelle on se fie

le désir à la fin qui n'est pas simulé


Pardon d'être idiot ta vision me pétrifie

par instants médusé je ne suis qu'un mulet

l'être hybride et stérile un amant déconfit


Je prie dans mon rêve afin que tu me retiennes

heureux celui qui pose insouciamment sa bouche

aux replis délicieux et charnus de la tienne

heureux celui qui dessus ta lèvre est la mouche


En toute anatomie l'explosion n'est à peine

en vrai qu'un simulacre où l'on voit toute nue

la vérité qui dit la jolie bombe humaine

où le poids du désir est dans la retenue

mercredi 29 septembre 2021

Mélancolie



Ma solitude est dans la confusion des temps

l'amour est volatile et le cœur un oiseau

l'éternité ne dure en effet qu'un instant


Comme vous je me souviens la nuit d'un museau

que le mien musardait les beaux jours d'un printemps

mais l'horaire — ah l'horreur ! — a perdu ses fuseaux


Nous meurtrissons d'angoisse un portrait de nous-mêmes

allant dans nos passés chercher la nostalgie

des baisers égarés dans les tristes « je m'aime »

et de nos grands gâchis dans de vraies névralgies


J'écris quoique je crois que l'écrit soit souvent

le remède et la drogue à ma mélancolie

mais j'écris dans ma tête et les idées au vent

j'emporte une encre ombrée jusqu'au fond de mon lit

mercredi 22 septembre 2021

Bossa-nova



Il y a dans l'objet le récit de nos vies

le croûton de ce pain qui ne fait que moisir

à l'endroit délaissé d'où plus rien ne sévit


Tout se résume en mots quand plus rien n'est à dire

et pourtant de ma phrase incessamment dévie

le sommeil et sa porte ouverte à nos désirs


Or, en ayant assez d'ânonner l'algorithme

assez de survivre et changer d'identité

dans le vol d'un oiseau j'ai trouvé le bon rythme

aimer c'est tout donner en toute gratuité


J'évite ainsi les sentiments surnuméraires

et la vie ce roman qui s'écrit en journal

l'Amour est donc un bon prétexte littéraire

et la Bossa-nova sa bande originale

samedi 11 septembre 2021

Temps après temps



Mes désirs sont  neufs et j'en apporte la preuve

en bousillant ma vie s'ils étaient épuisés

j'ai déroulé ma bosse où qu'il vente où qu'il pleuve


L'inconnue dont je rêve a déjà mes baisers

qui lui sont garantis, la caresse d'un fleuve

afin de se sentir à mon corps apaisée


L'infinitésimal est la mesure exacte

où tous les battements de son cœur amoureux

créent de mon vaudeville une pièce en trois actes

où son sourire éclate et me rend bienheureux


Je vais rouler vers l'avenir et le passé

rouler vers un présent qui les a confondus

lorsque le temps s'arrête en un endroit pressé

c'est que ce temps défile en s'étant morfondu

samedi 4 septembre 2021

La page



C'est le projet qui fait dans la vie son essence

à force de s'aimer les cœurs s'usent et s'abusent

et j'ai survécu dix-sept ans dans son absence


Or enfin comme un jour on retrouve sa muse

on rejoint le rivage où tout matin commence

et s'il est sans retour alors on s'en amuse


Un chemin s'ouvre à nous même étant imprécis

rien de pire à venir alors yes on s'en prie

j'ignorais tout de l'âme — et de son sexe aussi —

la pression de la lame a fendu mon esprit


Lorsque nous nous aimions nous ne le savions pas

le désir évanoui nous l'avons su plus tard 

à chaque instant perdu l'on revient sur ses pas

l'ardoise est morte en l'oubliant sur un comptoir

samedi 28 août 2021

Mahler au vaincu



Souvent je me demande : est-elle aussi sensuelle

la caresse des vers après celle des mains ?

Le frottis de l'archet sur la corde essentielle ?


En écrivant du vent dans de beaux lieux communs

je commets mon parjure aux partitions du ciel

au piano c'est promis j'y reviens dès demain


Ce n'était qu'un petit puits d'espoir où l'on sombre

où Malher exprimait justement mon angoisse

et ton regard a pris ce reflet d'un bleu d'ombre

où le lac en tes yeux m'absorbait quoi qu'on fasse


Inondé de musique et revendant la mèche

un musicien le sait : la beauté du silence

est toute en la brisure avec un bruit revêche

est toute en nos passions que l'on met en balance 

lundi 16 août 2021

La pluie



La pluie raconte aussi qu'après nous le cercueil

en déluge amnistie les témoins d'un dépôt

si mon pote est l'Ankou sa charrette est l'accueil


En chargeant de fumier la charrette des mots

sans laisser reposer son cheval et l'orgueil

on s'y noie sans repas sans répit ni repos


Le naufrage est perclus de marasmes qui pincent

aimer c'est s'oublier dans le vaste complot

des portes qui claquent et des sentiments qui grincent

en gardant sans arrêt l'œil qui colle au hublot


La pluie n'est qu'éphémère et le message étrange

où sont les barbelés de l'amour écorché ?

J'emprunte un peu de peau qui passait à l'orange

afin de rapiécer ce corps endimanché

vendredi 13 août 2021

Rend cœur



Si vague est le terrain quand le cœur reste à quai

le divorce est en somme assez mal important

dans ses vastes dégâts limités aux acquêts


Je ne peux répéter que ce que l'air du temps

me susurre à l'oreille en grinçant du parquet

que nos juridictions broient de noir en partant


Pourquoi l'Amour est-il une obsession vitale ?

on s'y trouve aussi seul et parfois démuni

lorsque l'autre enflure à coups de lapins détale

on s'y trouve aussi soi tombé juste du nid


Le point que l'on écrase au bout de chaque ligne

emporte et la colère et le visage infâme

où l'on se reconnaît dans les atours indignes

et dans les oripeaux que nous laisse une femme

dimanche 8 août 2021

Eurydice



Si c'est toi qu'on drague ou qu'on pêche ou qu'on laboure

alors tu sais sans doute à quel point dans les faits

c'est la façon d'aimer qui compte et pas l'amour


Il faudrait s'en remettre au hasard en effet

pour trouver du bon sens en ce compte à rebours

où les liens dissolus sont des lacets défaits


Je vois du logis neutre un avatar urbain

doutant du détour et des truies l'empruntant

cochon qui s'en dédit se vautrant dans ton bain

chantonne à ton oreille un nouvel air du temps


Je suis ton oiseau-lyre en enfer accouru

demande à cet orvet qui couchant sous ton toit

serpente en racontant ta beauté dans ces rues

que fréquentent mes mots quand ils parlent de toi


https://soundcloud.com/annaondu/eurydice

mercredi 4 août 2021

Cloche-pied



Le futur est parfois dans une image ancienne

et la flamme au détour improbable et sournois

des vents tourbillonnants quand claquent les persiennes


On s'imagine heureux du seul fait d'un minois

mais quand vient le reflux de la vague étant sienne

on se rend vraiment compte à la fin qu'on s'y noie


Le moindre feu s'éteint sans sa flamme attisée

mais la braise atrophiée ronge ainsi qu'un cancer

et le moignon du couple alors expertisé

conduit à la morgue en jouant les faussaires


Aurait-on plusieurs vies pour enfin se refaire ?

il faut beaucoup d'amour pour ne plus le chercher

mais ce n'est pas pourtant l'impression que confèrent

un tas de petits pas qui souvent ont cloché

samedi 31 juillet 2021

Ta beauté



J'ai trouvé ta beauté sur un coin de trottoir

en voyant couler l'eau le long du caniveau

mon écriture à toi n'est qu'un pauvre exutoire


Et voyant le Rimmel à tes cils en défaut

délayer la clarté voilée de ton regard

en un instant je suis devenu ton dévot


Quand le soir advenu sans bas tu te dévêts

sans fard et sans Bossa Nova venue du haut

je m'agrippe aux parois te servant de chevet

glissant sans cesse afin de finir en duo


Sur la glace où le temps patine à coups d'années

ton reflet m'apparaît je me veux ton gémeau

dans ton paradis nu je voudrais me damner

j'ai pensé ta beauté dans le rythme des mots

vendredi 30 juillet 2021

Essor



L'horizon se découvre en son dépassement

(ce feu je sais le mettre aux poudres d'escampette)

et l'astre au cou coupé dans nos déplacements


Je ne veux ni tubas ni tambours ni trompettes

afin de réclamer le grand remplacement

de la publicité par la voix des poètes


Écoutez les slogans dont ils ont accouché

— le sens issu du son susurre en cédant —

les blés sont harassés les récoltes couchées

par leur émergence et par leur rythme obsédants


Dispersée dans le vent l'écriture est semence

et cette mauvaise herbe est un beau coup du sort

elle explique en poussant l'humus où tout commence

au départ est le Verbe et le vers son essor

Animal



Distant du châtiment que le sort me réserve

en vain fantôme un train d'engrenage évanoui

fait place au sentiment dont rien ne me préserve


Enfin dans l'encrier se déverse la nuit

je voudrais martyriser les mots qui me servent

et les livrer d'un geste à ta langue épanouie


Je cherche évidemment ce début de brisure

un baiser sous la douche et sa pluie pour s'aimer

l'amour est fait d'attente et de stupeur obscure

et sa lumière étrange en est bien parsemée


Le fruit de la passion naît de la fleur du mal

et quand même envahi par ce bleu d'outremer

à genou j'userais de ton règne animal

il me faudrait rêver plus fort et moins amer

mercredi 28 juillet 2021

Désintégration



Seul un sourire en moi tel un bel arc-en-ciel

éclaire à la façon d'explosions de fusées

feu mon art absolu d'aller à l'essentiel


Exister dans la vie c'est parfois refuser

ce qu'un rêve a placé comme embûche au réel

et parfois lentement se laisser infuser


Détruit j'ai fait des trous dans mon emploi du temps

mitraillant l'horoscope à la quête d'un signe

où le rebond de l'âme à l'infini s'entend

la nuit tombe abattue comme en première ligne


Être seul est terrible et pourtant libertaire

être seul est subi mais vécu sans contrainte

être seul en revanche attendant de se taire

est la consolation de l'absence d'étreinte

mardi 27 juillet 2021

La Béatrice et Dante



Songeant que mon théâtre est la Seine à Paris

(le silence est un bruit qui s'entend en-dedans)

je déambule au gré de clichés équarris


Le touriste italien flashe en plus ou moins grand

ma Béatrice et Dante et là-bas quelqu'un rit

tel un masque on déploie la nuit sur un écran


La Femme est un mystère éternel et magique

un côté de miroir inaccessible au moins

touchant le fond de tain qu'on maquille allergique

à tout ce qui marri m'a laissé sans témoins


Je n'ai plus de baisers que ceux des croisements

sur les quais près de l'île et que les bouquinistes

en mettant à la page un tas de vieux amants

n'ont pu ranger qu'en un destin déterministe 

lundi 26 juillet 2021

Jazz poétique



Je plonge en ton image ainsi quand je m'endors

il y a ton regard en moi dont je me damne

et la nuit qui m'enferme est vraiment sans remords


Avant qu'il ne pleuve et que ta beauté ne fane

il faut rêver pour conjurer le mauvais sort

or je n'étais qu'un gueux léchant ta main diaphane


En va-nu-pieds damné j'ai rompu l'harmonie

marcher écrire et jouer ont en commun le rythme

et persiflant je n'ai pas peur des calomnies

t'aimer à ma façon c'est rater une rime


Escamoter le verbe où des tristes barreaux

transforment en prison l'échelle heptatonique

écrire à ta pensée du vers être un bourreau

la dissonance en mots c'est le Jazz poétique

samedi 24 juillet 2021

Flore



J'ai rêvé trop souvent la beauté dont on meurt

en liane carnivore on est soudain ravi

que sa constriction broie toute autre saveur


Écrire est un pari qu'on se fait sur la vie

qu'on soit loin de Paris qu'on soit juste en son cœur

on se bat la chamade et les vers en dévient


J'ai posé sa splendeur au creux de ma mémoire

elle était en portrait sur une toile ancienne

et son sourire éclate et c'est mon assommoir

il n'y a pas de flamme identique à la sienne


Et son ombre est tout entière au fond de mes mots

de leur capacité d'émouvoir et d'éclore

on écrit comme on aime et même au fil de l'eau

de la faune et de l'air et parfois de la flore

vendredi 23 juillet 2021

Les terres rares



J'ai bien rempli les blancs du vide existentiel

et bien broyé du noir au clavier de la vie

quand j'ai payé le prix des tristesses du ciel


Hors emploi c'est en pluie, que la foi s'est enfuie

ton regard est mon sens et ton âme essentielle

embrasse-moi regonfle aussi bien ce qui fuit


Puisqu'on finit toujours en se décomposant

pourquoi saler la note à chaque partition ?

La clef se perd hors-sol et loin des plantations

loin des ordinateurs et loin des composants


Je pars à la recherche ainsi des terres rares

où nous pourrions rêver sans trêve et sans limites

en doutant toutefois que ce ne soit par Art

et que ce beau pays doré ne soit qu'un mythe

dimanche 18 juillet 2021

Misanthrope



La nuit s'étend coulant telle une tâche d'encre

il n'y a pas d'idée géniale à moins d'absence

et la mienne est entière attachée comme une ancre


On dérive à vue d'œil et dans le non-sens

au lieu d'un bon élève il ne reste qu'un cancre

et son papier qui brûle est sans incandescence


Il faut dégénérer dans le tout petit feu

de solitude infâme où je m'enferme ainsi

ménageant le bûcher qui m'ouvre à l'aveu

de mon incertitude au cœur de mon récit


Je me suis relevé de béquille en poème

et la vie je la dois à l'imagination

l'amour est un enfant de pute et de Bohème

et ce bordel ambiant n'a jamais fait nation

jeudi 15 juillet 2021

Bagnarde


L'appétit d'océans conduit aux mers intimes

à cette découverte on s'arrête et nerveux

le centre est occupé par une faille infime


Il faut parfois laisser mourir en son linceul

l'amour et sa brindille où brille autant le feu

que son étouffement sans oxygène et seul


Le jour est en manteau dans un été de pluie

la nuit comme écritoire est planche de salut

mais tant tu l'adorais ne pense plus à lui

qui t'a bien trop flattée mais beaucoup trop peu lue


Toute heure est à l'oubli — c'est la question du Temps

qui fuit — mais tu n'es plus la jeune écervelée

qui s'accroche à l'inéluctable et souviens-t-en :

l'attachement est lien, le lien fait le boulet


https://soundcloud.com/annaondu/bagnarde

dimanche 11 juillet 2021

Point sonnet



Fabriquer l'avenir est un jeu de moyens

puisque on le cultive en ignorant ses poisons

vraiment pas de plaisir et de mérite encor moins


Quant aux dieux végétant que l'on prie sans raison

cultivant le mariage on est d'eux sans témoins

l'amour est un légume absent des oraisons


Quand il s'agit de pleurs à produire en ruisseau

j'ai tendance à laisser la pluie faire à ma place

et laisser l'alarme inutile aux pré-puceaux

dont les mots sont des shows qui me laissent de glace


Elle est là qui me lit dans son lit bien au chaud

mes vers à son regard ont l'ardeur attelée

sa passion me bat froid tout au moins peu me chaut

le poinçon du désir est bien trop martelé

samedi 10 juillet 2021

Perlimpinpin



Imaginer l'instant c'est rêver pour les autres

et disperser l'espoir en jetant poudre aux yeux

tout fascine aisément jusqu'à temps qu'on se vautre


Un petit peu de pluie put aplatir un pieu

dressé face au destin qu'on ne voulait pas nôtre

et le château de l'âme est souvent bien trop vieux


Je n'ai rêvé que de baleine à part la pluie

je suis comme un crapaud désireux d'un baiser

la violence attirante est un piège infini

mais la princesse est morte et le conte défait


L'amour est comme un puits : on s'y mire on y tombe

impossible après ça mains nues d'en remonter

l'amour en fin de compte est bien comme une tombe

enterrant l'illusion de notre identité

vendredi 9 juillet 2021

L'enclume



Satanées sept années que je vis en ermite

en croquant de l'oyat sur le sable des dunes

et que mes vêtements sont bouffés par les mites


On pense à ses enfants dont le manque de thunes

irrite aussi pourvu qu'aucun d'eux ne m'imite

on songe aux ratés d'une vie mal opportune


On rêve aux trahisons que l'on a pu subir

et que la mort dans l'âme on s'est du d'accepter

le bonheur est faible et le malheur a ses sbires

on agit dans le vent sans vraiment tout capter


Le véritable amour est bien désespéré

l'encre y est de goudron quand s'y laisse la plume

et la moindre souffrance est un souffle apeuré

traînant ce lourd boulet comme on traîne une enclume

samedi 3 juillet 2021

Mémoire affligée

Ma mémoire affligée pourrit dans le cercueil

apprêté de mes mots face à son absence

et leur vague idée n'est plus que leur écueil 


Or, quand de ce qu'on dit se perd un peu le sens

interdits, nous restons comme un fruit que l'on cueille

en pensant de nos plaies la honte et l'indécence


Alors, à se complaire un peu dans son malheur

écrit-on mieux ? Comprend-on mieux les déchirures ?

On comprend que l'Amour en vérité n'est qu'un leurre

et que le Poème est seul à soigner sa rature


Elle est née dans sa rose il est né dans son chou

la théorie du genre est-elle en botanique

un souvenir odieux qui nous a mis en joue

doit-on de fait souffrir ou s'ouvrir à l'unique ?

mercredi 16 juin 2021

Fils d'écrits barbelés

 

 À la mémoire de Vladimir Vyssotski


Écrire est composer sur le clavier des lettres

un son compréhensible aux vibrations de l'âme

un concerto de mots dans l'émotion de l'être


Être seul est un poids qui n'a pas de senteur

et qui n'a pas l'odeur adorée du calame

où l'encre à la façon du sang provient du cœur


Emprisonné pour sa parole une habitude

on le répétait bien comme une écholalie

le prix de la liberté c'est la solitude

et celui du génie c'est la mélancolie


La vie n'est qu'un simulacre en-dedans c'est gris

quand on nous arrête et qu'on nous met les menottes

et qui s'écrie n'est pas souvent ce qui s'écrit

ce qui retombe en pluie n'est qu'un reste de notes


https://soundcloud.com/annaondu/fils-decrits-barbeles

mardi 15 juin 2021

Premier baiser



Nulle excuse aux excès la vie coule en vin rouge

et j'ai le souvenir aromatique et doux

du premier goût d'un baiser cueilli sur sa bouche


Un froid bien peu sévère un fruit pourtant si vert

et sa langue en tournant qui m'agite et qui bouge

un peu de sa salive et le pré pour civière


J'ai oublié de quel arbre — était-ce un noyer ?

La vie n'est qu'un simulacre et l'amour aussi —

nous couchions dans son ombre en s'y trouvant noyés

la nuit nourrit nos rêves et les étouffe ainsi


Le reste est qui s'affame en femme à succomber

l'Irlande et sa famine ont un passé sans fin

dans un puits de savoir on voudrait bien tomber

le destin s'imagine et se maîtrise en vain

samedi 12 juin 2021

Premier amour


Elle était plus qu'une autre un objet de poème

Elle était apparue bien avant l'écriture

et son prétexte littéraire était « je t'aime »


On oublie trop souvent la leçon des lectures

aimer en écrivant fait jouir en relisant

le passé repassé n'est jamais médisant


Si je ploie dans l'effort c'est que j'emploie mes faibles

et ma force en retour au secours des labours

au second temps de l'âge où n'est plus corps d'éphèbe

hors entretien tout s’abîme y compris l'amour


Un fragment de passion donne un relief aux vies

dans mon tourment manège en priant aussi Dieu

la nuit n'est qu'un amas d'amours inassouvies

qui se vide en mentant sur les jours des adieux

dimanche 30 mai 2021

Serpe hier


Lorsque le pollen à foison

tisse un vêtement de printemps

je m'enrhume aux foins poisons

m'enivrant des amours d'antan


Nous hésitions sur un prénom

la vie s’ajoutait à l'enfer

hérité des années sans nom

ce dont nous n'avions su que faire


Oui, l'Amour est bien moins que l'Art

on change aisément sa compagne

en relations les canulars

ont l’air de partir en campagne


Attention : chut de cœurs de pierre !

Et dans ce silence absolu

j’ai dépassé la serpillière 

à pomper les mots révolus


Ce récit se compose hors sol

et se décompose en fadaises

en ces mélodies de sous-sol

où l’espoir est une foutaise

dimanche 23 mai 2021

Bout du monde


Il pleut sans cesse en fait sur ma mémoire enfouie

comme en Bretagne il pleut sur les terres fertiles

et ma désespérance enfle avorte et s'enfuie


J'ai vu le bleu du ciel en des regards absents

qui m'avaient fait rêver d'un présent moins futile

en vérité l'éther est un poison berçant


Le Finistère était devenu ma nation

dans mon tourment manège en priant aussi Dieu

l'amour du patrimoine est une incarnation

paraître ainsi fragile est l'indice insidieux


Les eaux sont mon squelette agité par à-coups

mais sa fracture ancienne est un lien désoudé

tout s'effondre et les murs en bouillie n'ont de goût

que celui de ma peine et des amours blessées

samedi 8 mai 2021

Birdland


Pourquoi aimer le Jazz ? Parc'que c'est un coup d'foudre
et sur sa hanche en flamme un baiser de Coltrane
allume une passion que rien ne peut résoudre

Amour es-tu si sourd qu'on en devient muet ?
Je suis le fruit pendu dont la chute est poème
et bien souvent je préfère un jerk au menuet

L'air de Jazz en courant dans les rues de Paris
m'accompagnait en seul instrument de mesure
il invoquait ce qui nous convoque en parties
ce qui fait de mes mots la parfaite imposture

Or quand tombe la pluie les notes s'enregistrent
et bleues comme une ardoise on fait le compte exact
au bon tempo du sax' agissant en registre
on joue les beaux garçons mais on manque de tact 

mardi 4 mai 2021

La rêveuse

 

Je la savais rêveuse au regard hypnotique
et mon alexandrin faisait feu d'horizons
tout éclairant le mien de lueurs extatiques

C'est la complexité de la nature humaine
oscillant entre le désir et la raison
la déraison du plaisir et les amours vaines

Or, il fallait changer le plomb de mes guenilles
en habit de lumière allant panser mes plaies
l'âme est un papillon qui se change en chenille
et ce vent qui nous plie n'est que ce qui nous plaît

Ce qu'il reste de nous c'est ce qu'on a tenté
le diable ou bien l'odieux compromis dans la vie
n'est promis qu'à l'oubli dans des mots patentés
que le sable du temps lui recouvre à l'envi

vendredi 16 avril 2021

Nocturne

 

L'amour est un poison que rien ne mithridate
une montre ancienne est comme un cœur qui bat
qui tictaque et survit lorsqu'on oublie la date

Avec un air enfin de mécanique halo
le petit pet de pluie qui pépite un peu bas
conte à quai compte à qui l'écoute avec culot

Que la détresse en nous se faufile anormale
— le fait d'aimer l'amour est un vice absolu —
la nuit construit dans son rêve un jour idéal
et le jour a détruit ce qu'elle avait voulu

Mais le jour et la nuit comme la femme et l'homme
en se désirant trop dans leur tête interfèrent
on ne peut posséder et Gomorrhe et Sodome
et vivre est un exercice assez mortifère

https://soundcloud.com/annaondu/nocturne

mardi 30 mars 2021

Fée verte Eirin


L'Irlande est un pays lointain
pour ceux qui sont loin de leur cœur
un pays proche aux orphelins
mais un pays brûlé qui pleure
on s'y rend souvent en beauté
quoique en bateau l'île ait son sang
la pluie ne tombe en vérité
qu'à chaque instant qu'on la ressent
qu'on laisse au pays des merveilles
un cœur vermeil que la mer veille

Écrire est un acte de foi
C'est sans s'y reprendre à deux fois
Que l'on crée l'univers d'un rêve
Et qu'on vous y mène sans trêve
Alice est ma chérie bien sûr
En faisant chez nous démesure
On s'aime au final assez mal
On sème assez bien l'animal
Et chez l'Homme à la fin du monde
On fait taire une bête immonde

samedi 27 mars 2021

Anabase acide

 

Quand le vers a plus pied je récite à l'envers
à l'envi je le sais mais jamais sans vouloir
à jamais réparer ce mutisme sévère

Une antique impression s'imprègne en ce couloir
un remugle ancestral où cet humain taureau
sacrifice absolu lisait pourtant Thoreau

J'ai lynché mes amours en pendant à mes peines
et coulé sous le nœud gordien de mes non-choix
la liberté s'éteint en manquant d'oxygène
elle essaie mais souvent s'asphyxie sans sa voix

Qu'Alexandre et Roxane aient des dieux ce reçu :
le doute est le cadeau que se font les amants
l'Art est un pansement sur les passions déçues
la fin d'un texte est l'illusion d'un testament

samedi 20 mars 2021

Souvenir au pas laissant

 

Je bêchais le champ sémantique en t'écrivant
des poèmes fleuris, j'ornais, je rempotais
la plante des pieds de mes lais, genre empoté

Vers à ce point galants qu'à l'envers en lisant
je sonnais le tocsin d'une guerre amoureuse
au feu vert et brûlant de ta vue liquoreuse

Absinthe esprit par dose en sirop d'anti-tout
mon néant survivant ne jurait que par toi
ton regard obsédant du poison qui nettoie
me dictait des mots crus moins cuisants mais si doux

Car en outre un poème est grand réservoir
où sous un sucre aigri se dilue la fée verte
où le bleu de l'écrit colle à ta bouche ouverte
aux baisers surannés qu'on a pu concevoir

jeudi 11 mars 2021

Brantôme


 

 

Sur un chemin pentu l'aventure amoureuse
est le grand dérapage assumé de nos vies
sans qu'importe au final une fin bienheureuse
en notre trajectoire à trop vivre on dévie

Médusé par mon sort imprévisible et laid
j'étais le naufragé d'un radeau de famille
échoué sur un banc public en statuts j'emmêlais
l'Amour et mon art et la passion qui fourmille

Et si c'est par hasard et que c'est par agrafe
adossée j'ai signé tant ma fièvre est maligne
et si c'est parapluie c'est que c'est un paraphe

Oraison de tous ces corps qui s'offrent en ligne
à raison de l'idée qu'on se fait d'un grand homme
en rivière on rêvait l'abbaye de Brantôme

dimanche 28 février 2021

Bergerac

 


 

Quand la statue de Cyrano me rit au nez,
je ne pris ombrage en fait que de sa stature,
en Bergerac où ses maisons encorbellées
m'ont laissé juste une heure à leur villégiature.

Et la rivière écoule un peu de ce bon vin
qu'on vide en se lâchant parfois d'un Pécharmant,
d'un triste sire anneau, l'aîné s'est cru devin,
mais de ses crues le fleuve est bien le vil amant.

Le Sud est seul et maître et le soleil arrive
avé l'accent qui cogne aux cadets de Gascogne
avé l'art oratoire enjambant l'autre rive.

On est bien né dans le berceau de la Dordogne
et peu que passé le pont sur la berge on raque,
il vaudrait mieux cracher que renier Bergerac.

Lusignan


 

 

Si j'ai cherché sa trace aux confins de l'Histoire,
aux confins d'un Poitou plus que mystérieux,
c'est pour offrir à la page un saut périlleux
qu'en poème on traduit par ses vers transitoires.

Anguipède à l'envi, Mélusine en bouquet,
ma fleur de la beauté tatoue son cœur au mien,
j'ai la fée serpentine et ses rois arméniens
pour emblème au blason de mon amour à quai.

Le voyage a repris, je m'en vais vers la mer
et pourtant ce matin je m'arrête en ces lieux
visités par deux fois, c'est ma voie du milieu.

Mélusine a pour moi le parfum des fées mères
et Lusignan me berce au hasard de la route,
aux hasards édifiants ces cités qui déroutent.

Saint-Pierre-des-corps

 

Ce qu'il reste en mémoire et que Saint Pierre décore
- autant de paradis perdus pareils aux clefs -
n'est plus dans notre esprit qu'un douteux Paraclet,
que cet air oublié fait de quelques accords.

Incidemment l'otage en ces mornes instants
d'un nœud ferroviaire imitant Karimskoïé
je me repêchais à la façon d'un noyé
dans les anneaux fluviaux d'un lieu déconcertant.

Quand le présent ressemble à la page arrachée,
quand la Loire à chercher telle une intraveineuse
offre en repentance un reflet d'une Eve haineuse,

On rêve alors à Loreleï et son rocher,
fantasme inhérent à de si semblants décors,
aux amours écoulées depuis Saint-Pierre-des-corps.

Périgueux

 

Badin, je poserai des lettres sur ta peau,
tatouant ta toux en postillons de poème
et démasquant ta bouche en baissant le drapeau
brandit par le tison des feux que mes mots aiment.

J'épancherai décent ta sournoise impudeur
qui se relève empire au moindre de mes sens,
épellerai jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'heures
à compter au cadran de notre incandescence.

Alors, effervescents, remuant Ciel et Terre,
en baisers comprimés je boirai ton parfum
tout encore embrumé des vapeurs de l'éther.

Et sonnant l'aube effroi, de la nuit c'est la fin,
la bâtisse encor belle : on rêve à Périgueux ;
qu'on est beau quand on aime et que l'on périt gueux.

samedi 30 janvier 2021

Marasme

 

J'écris volontiers dans le vide
en sachant que ce vide aimant
me conduit vers l'âme impavide
et le refus de mes serments

Je n'ai qu'un objectif en fait
c'est d'être ici faiseur d'émo-
tions pour qu'en toi ma jolie fée
ta baguette m'agite en mots

Lorsque tout mon écrit déferle
alors je suis la main sur toi
posée sur ton sein sur ta perle
ourlée d'une bague à ton doigt

Tous nos papillons d'écriture
ont du mal à se transformer
ce sont des mots doux des mots durs
amants qu'on disperse à jamais

Petits dominos d'ADN
on n'est donné que de données
dont des dominants doux des haines
ont damné des abandonnés

Je vis à vie le cours d'un ru
couler lorsque ce n'est pas d'or
est la cour qu'un roi met à nu
moins que roucouler au dehors

Et dans l'écroulement des murs
assaillis par le doute aigri
j'ai ta couleur et ton murmure
au cœur d'un monde en noir et gris

Nous oscillons dans le silence
et selon des sillons qu'on lance
un microsillon qu'on balance
et dont on fait la purulence

samedi 23 janvier 2021

Claire obscure

 

J'aimais lisser tout en caressant tes cheveux
car là j'ai recueilli ta beauté m'obsédant
brunie par le parfum grisant de nos aveux

Le baiser qu'on donne est le baiser qu'on attend
je ne suis qu'un puits d'encre abreuvé par ton feu
la nuit noire est un masque à l'amour éclatant

Dans ta pulpe de sens est un jeu de désir
où ta main stratégie dirigeant le hasard
est un jeu de désordre où j'attends ton plaisir
où j'attends de cueillir une fleur de blizzard

Or ce qui tombe ouvre ta bouche ô ma chérie
j'aime lisser ta lèvre en y passant mon doigt
ton sourire en soleil est une orfèvrerie
mon regard épanoui dans son ombre est sur toi

samedi 16 janvier 2021

Dans les codes

 

C'est à Paris qu'on appareille apparemment
le Quai de la Rapée qui s'émiette en Gruyère
est au trou de mémoire un pertinent pans'ment

Quand l'entrée du métro se montrait sur ta bouche
aujourd'hui ne reste plus rien des jeux d'hier
le coronavirus et puis les bateaux mouchent

En marchant sans papiers sur les quais du lundi
Nôtre-Dame à genoux prie d'yeux laisser-passer
de ma belle amour morte auprès du cherch'Midi
Grégoire est devenu l'abbé des trépassés

Si la conciergerie l'île est citée d'abord
et cécité nécessité m'y hasarder
quant à la promenade on est tombé d'accord
alors Paris m'est un poème à décoder

vendredi 8 janvier 2021

Promesse d'un message

 

Si l'amour est un baiser si vite oublié
c'est qu'un cœur est mortel autant qu'une promesse
autant que ces aveux que l'on fait à confesse

En m'y noyant par des papiers partout pliés
toutes ces petites choses bleues que je sème
en vérité ce sont des ferments de poèmes

Ils feront ton portrait dans un bain de couleurs
et par comparaisons décriront ta beauté
ta grappe d'hérésie ces fruits qui sont les leurs
et pour la Poésie je suis un chat-botté

Pour en tirer de l'encre il faut bien qu'en la treille
on la traie durcissant le propos qu'on professe
en sous-lieux cette alliée s'est saoulée sans pareille
en ce serment devine où s'écrit la promesse