samedi 30 juillet 2022

Sans t'y mettre



J'ai dénoué ton ruban de n'avoir pu le mettre

et chapitré mes vers amicalement vôtres

afin de dépenser mon âme au centimètre


En pensant autrement on penserait à d'autres

en faisant faux semblant d'en devenir un maître

on oublierait qu'on ment quand on est bon apôtre


On oublierait qu'en rugissant la voix s'entend

se penser sans écho c'est dépenser son cri

mais c'est se dispenser de ce vers quoi l'on tend

que de rester neutre et désarmé sans écrits


La guerre est apparue dans le coin de nos vies

dans le coin de l'Europe à droite et tout en bas

jamais crois-moi nous ne céderons nos envies

face à l'ignominie qui ne fait pas débat

mercredi 27 juillet 2022

L'essaim de mes amours



J'ai renvoyé l'image en courrier sine die

de mon insensée vie bardée de cicatrices

et du tableau flou de mes amours incendiées


J'aimerais retrouver mon ange inspiratrice

et tresser les cheveux de mes mots dédiés

comme à vingt ans je le faisais de Béatrice


En parlant d'elle à la façon d'Apollinaire

en faisant le prétexte à Poésie d'un sein

des endroits de son corps un vaste dictionnaire

et d'une âme inflammable un si brûlant dessin


J'ai modifié l'écho d'un verbe linéaire

et statufié d'un geste ou d'un regard enceint

mon intention d'aimer comme on compose un air

un peu de ma mémoire et des pensées l'essaim

lundi 25 juillet 2022

Empêchement



Je n'ai jamais voulu tenir un pied de grue

malgré mon pedigree dessiné sur la grève

et les traces de pieds destinées à des crues


La nuit tombant sur scène est un rideau de rêves

emplissant mon esprit d'un espoir incongru

dont je survis dont je me nourris dont je crève


En regardant vaquer les marées insensibles

effaçant sans relâche une ébauche inconnue

je pense au brin de toi que j'avais pris pour cible

aux embruns se posant sur ta jolie peau nue


L'eau de mer en séchant laisse une marque étrange

une larme éperdue glissant le long des reins

dans la fossette où le désir est ce qu'on range

au nom des fossoyeurs et de leur loi d'airain

dimanche 17 juillet 2022

Translittération



Je ne suis que moi-même et pourtant j'en reviens

nous apportons trop d'importance à nos personnes

et le temps se décharge et notre fin survient


Toute horloge déraille et l'heure finie sonne

en amour on est pauvre on est souvent vaurien

je me berce d'envies qui me caparaçonnent


Au quotidien ce qui se noue n'est jamais vous

rien n'est jamais plus beau qu'un sourire éclatant

comme un soleil mais il n'est pas ce qu'on s'avoue

ce n'est qu'un acte étrange et quelque peu latent


Tout début d'aventure est la fin de la paix

tout don d'imaginaire est un texte accompli

j'ai passé des années dans le doute à ramper

sans qu'aucun d'un écrit ne fasse plus un pli

samedi 16 juillet 2022

Versant féminin



Camille est un prénom dont le sexe incertain

satisfait à mon goût des amours ambiguës

dont la force historique insère un sombre teint


Ma passion des désirs aux rebords exigus

l'écholalie d'un fameux versant féminin

contribuent à nourrir un atavisme aigu


L'amour est un enfer et l'enfer une amarre

et de mon bout du Monde où flottent des fantômes

en écrivant je tue les choses dont j'ai marre

en écrivant je dis tout ce qui me hante at home


À l'ancêtre adoré dont j'ai la permission

je veux faire aujourd'hui ce cadeau compassé

la fin d'un idéal est dans sa négation

nous n'obéissons qu'aux illusions du passé 

mercredi 6 juillet 2022

Prétexte littéraire



Penser à l'amour est souvent panser ses plaies

j'écris pour oublier les souvenirs pesants

puisque de mon passé je fais ce qu'il me plaît


Je vis parfois si loin de mon odieux présent

qu'un futur impossible en servant de remblais

frappe en rythme et martèle un refrain malfaisant


Que la nuit me dévore et qu'un couchant m'avale

oblitère à jamais les billets vers le ciel

en comptant le septième endormi dans son val

avec au côté gauche un gouffre existentiel


On se perd on se vit comme un fleuve en furie

dans ton regard anxieux j'ai relu la terreur

à l'idée de la perte absolue d'un mari

car le désir n'est qu'un prétexte littéraire