jeudi 27 décembre 2012

Voyage au bout de l'envers

Somewhere Only We Know by Keane on Grooveshark


– A l'envers du miroir, Alice ! Es-tu leste, hein ?
Es-tu ma Pénélope ensevelie dans l'onde
magnétique, ou sinon son ombre à tout destin ?
Lewis Caroll en jeu logique eut cette blonde. –

Quant à moi – quitte à compter tant de « quant-à-soi » –
diagonalisant pneumatiquement la France,
héritant d'irritants déraillements de voies
à très grande vitesse, ah ! j'osai mes vers rances...

Et puisque sont d'écorce autant de faux décors,
je n'ai plus à bleuir de mes rimes moisies
ni plus à retenir ce qu'on corsa des corps.

Je n'ai plus à savoir qui dégrise – cardiaque –
pour réclamer encore un sens à mes « Moi si ! »,
l'envers comme l'enfer sont si paradisiaques.

mardi 25 décembre 2012

Aphorisme confessionnel

En poésie, je me suis élancé comme un flambeau lancé dans le lac profond qui doit l'éteindre.

vendredi 21 décembre 2012

Aphorisme existentiel

"le romantisme est la version toute échevelée d'une sexualité à fleur de peau, reconstruite dans l'angoisse immanente du sens de l'existence."

Michel P

mardi 4 décembre 2012

Aphorisme existentiel

"Sans doute revêt-on des écorces virtuelles pour apprendre à exister d'une autre manière, et laisser briller tel un millier de soleils l'éclatante singularité que cache notre écorce physique."

Michel P

dimanche 2 décembre 2012

Aphorisme amical

"La mémoire est sélective : elle ne retient des temps passés et de ceux qui les peuplent, que leur ombre édifiante et fondatrice."

Michel P

vendredi 23 novembre 2012

Espace

Under Ice by Kate Bush on Grooveshark



J'ai longtemps réfléchi les courbes de l'Espace,
je m'étais fait miroir pour quelque catharsis...
Mon image infléchie, j'étais palais des glaces !
Et sans jamais me voir, j'étais pourtant Narcisse.

J'exposais aux vertus de mes limbes opaques
quelques œufs fécondés par l'angoisse et la gène,
comme un grain que l'ondée fait germer d'un impact,
confetti qu'en fait tuent les grêlons de la Haine.

A défaut d'être un Homme – humble fœtus de paille –
j'aggravai cette eau-forte où nos pertes sont mues
par la roue – mélanome solaire – en ripaille
insensée : que ça sorte, assourdisse un SAMU !

Des pin-pons des pompons et des ponts illusoires,
j'ai vidé la réserve et les outrecuidances,
les humeurs en conserve et les pleurs d'arrosoir,
les petits patapons dépités en cadence.

J'ai distordu l'Espace en fonction de leur Temps,
chwingommé toute trace aux talons d'escarpins
qu'escaladés, je crus libérés un instant,
des bas de laine écrue décrochés d'un sapin...

Noël, Noël, gelées, que d'effrois enguirlandent
les passions surgelées que les ondes réchauffent,
les vastes étendues de mes plaines d'Irlande,
les yeux verts éperdus qui me sont sains et saufs.

Je suis Nomade et fier, vagabond richissime,
mon cœur est un chamois à l'âme adamantine ;
la misère est altière et l'Ego m'est la cime,
mon trésor est en moi qui confine à l'intime.

jeudi 1 novembre 2012

Le Mahatma (republication d'un texte de novembre 2005)

GANDHI by R. Chankar -G. Fenton on Grooveshark



Gandhi !
De ton seul nom l'on sort grandi !
Et la grande âme s'épanouit,
A leur grand dam, à ces bandits...
Gandhi !
Faut-il que l'on saigne pour son pays ?
Faut-il que l'enseigne de paix ici,
Soit celle des passions et des cris ?

Petit avocaillon de New Delhi,
Tu t'en fus goûter le sel amer,
Dans ta jeunesse sans souci,
De l'apartheid Afrikaner.
Pour ton cœur ce fut l'ordalie,
Si loin de tes indiennes terres,
Avant que l'empire ne rapatrie,
Celui qui déjà le faisait taire !
Tu prêchais comme Jésus Christ,
La joue tendue mais l'âme fière,
Pour opposer à leur folie,
La valeur d'un corps volontaire !
Aux charges des cavaleries,
Ils se couchaient le ventre à terre,
Comme autant de rochers unis
Et d'infranchissables barrières...

Gandhi !
De ton seul nom l'on sort grandi !
Et la grande âme s'épanouit,
A leur grand dam, à ces bandits...
Gandhi !
Faut-il que l'on saigne pour son pays ?
Faut-il que l'enseigne de paix ici,
Soit celle des passions et des cris ?

Tu t'en fus courir les prairies,
Et de ton peuple la misère,
Sans te soucier de faire tri,
Des confessions de tous ces frères.
Tu combattais la vilenie,
De l'intouchable étais le père,
Dans ton costume démuni,
Loin de ces castes délétères.
Tu fis fruit de philosophie,
La non-violence et son mystère,
Et ta sagesse à l'infini,
Et ces masses comme la mer !
Nous marcherons au sel aussi !
Nous marcherons aux ciels enfers !
Puisque avant l'aube il y a la nuit,
Gandhi nous montre la lumière !

Gandhi !
De ton seul nom l'on sort grandi !
Et la grande âme s'épanouit,
A leur grand dam, à ces bandits...
Gandhi !
Faut-il que l'on saigne pour son pays ?
Faut-il que l'enseigne de paix ici,
Soit celle des passions et des cris ?

Car Amritsar nous a puni !
Mille six cent cinquante vipères !
Balles crachées par les fusils !
Sur mille cinq dix neuf terres !
Sur mille cinq cent dix neuf vies !
Sur des enfants, pères et mères,
Au peuple sikh qui a péri,
Des ombres de notre Angleterre !
Alors tes jeûnes m'ont repris !
Tes sacrifices salutaires !
Tes heures-prisons m'ont appris,
Ce qu'il faut garder des colères.
Et malgré toutes perfidies,
Jusqu'à ce brahmane incendiaire,
Celui que j'étrangle en mes nuits,
Ta mort n'est jamais qu'éphémère !

Gandhi !
De ton seul nom l'on sort grandi !
Et la grande âme s'épanouit,
A leur grand dam, à ces bandits...
Gandhi !
Héros des peuples insoumis !
Et des orphelins qui errent dans la pluie !
Et Madras ! Et Calcutta ! Et New Delhi...

vendredi 19 octobre 2012

Le drame de Pygmalion

Only You by Portishead on Grooveshark



I

Puisque l'art est au leurre et la manière à la main,
nul n'est jamais sculpteur que de ses illusions,
alors sache – Ô lecteur – qu'il n'est de lendemain
chantant sans le malheur de quelque Pygmalion...

II

Jamais beauté terrestre à ses yeux n'eut l'hommage
où l'âme amphotère extraordinaire exulte :
quand l'anneau de la dextre a tout sinistre mage,
dit l'héréditaire estran d'un corps nu pour insulte.

Jamais sinon d'un songe – aveu d'ultime ego –
il ne sut ce qui ronge en la passion d'amour :
elle était fausse-oronge, annamite en mégot,
pipe, opium et mensonge, où tout art s'énamoure.

Elle était en volute, en rayons de fumets,
en parfums-parachute – odeurs de sainteté –
en concierge osant « Chut ! » à son étage humé,
elle était à sa lutte un laiteux sein tété...

III

Sculptant cet Idéal, il conçut Galatée.
Dieu restait son féal et le Génie son esclave ;
d'une femme une fée alarmée mal hâtée,
naquit d'une idée alambiquée, d'une enclave.

Ô démiurge, il fondit de larmes de tungstène,
les beaux yeux des non-dits et les cils de l'ampoule,
la courbure inondée par tant de chair humaine
de la gloire infondée croisant l’œuf à la poule.

Il se fit un miroir inversé dans la terre,
succombant à l'en croire, aux mystères divins,
mais de ses bras en croix ramenés, délétères,
Galatée son mouroir m'en ferait l'écrivain.

IV

Car sitôt née, fut tue la question de l'espèce,
et l'enfant qui fut mue par cet étrange inceste
– papillon de sa mue sortie de gangue épaisse –
ignorât ce qui tue d'un simple palimpseste...

Elle aimât, elle aimât, et les mâts de Cocagne
furent dressés d'ébats dont les sens échappèrent
à ces amples débats que certains parfois gagnent,
aux échecs et aux mats dont se pendent nos pères.

Elle vécut une vie de statue métamorphe,
elle aimât, elle amie de tout homme amoureux,
lui ne sut rien hormis que tailler est amorphe,
et qu'il n'est nulle envie rendant un homme heureux.

V

Il s'était cru meilleur et plus fin que le sel,
tant les sanglots d'ailleurs vous rappellent qu'un lion
n'est qu'un faux-monnayeur, un voleur de vaisselle,
un petit pinailleur du nom de Pygmalion.  

samedi 13 octobre 2012

D'arc en ciel

Strangers by Portishead on Grooveshark


Petite fleur d'azur au chant délice,
vagabonde hirondelle au vol plénier,
j ai goûté les pigments de ton iris
sur le pinceau des amours dépeignées.

Et ta langue s'est alors assortie
du baiser vipérin que je vénère,
du dieu désir, de la déesse ortie,
spasme utérin dont j'ai fourbi mes nerfs.

J'ai posé mes phalanges sur tes cils
et cherché les saveurs de l'arc-en-ciel,
mais je ne suis jamais qu'un imbécile
dans l'océan de tout ton essentiel.

mercredi 3 octobre 2012

La théorie des cordes

Train by Cibelle on Grooveshark





Il pleut des cordes sur Coutances
et ma mémoire est en dessous,
mes versets soudain sont sous stance
à n'en plus valoir que deux sous...
Le gris des nuages ruisselle
comme un khôl or il dégouline,
effaçant maquillage à celle
au cul posé sur sa colline.

Il pleut des cordes sur Coutances
et ses pendus sont hideux saouls,
leur mise en bière est inconstance
aux pardessus mis par-dessous !
Je songe aux années qui s'envolent,
aux amours, murs de tant d'amis,
où n'est de liberté sans viols
ni d'ossements qui soient démis...

Il pleut des cordes sur Coutances
comme des gestes imprécis
ou des chansons de circonstance
que le contexte déprécie ;
il pleut des cordes sur nos feux
pour éteindre nos mélodies
et des pompiers paragrapheux
s'essaient à noyer nos non-dits.

Il pleut des cordes sur Coutances.
Des religions, l'athée, oh, rit
des cordes mal en subsistance,
s'adonne aux signes maoris.  





vendredi 28 septembre 2012

Catacombe

Hungarian Rhapsody No.2 by Liszt on Grooveshark

 De nombreux jours on m'a quitté,
maigre rumeur : c'était tant pis !
Moi con damné moins qu'acquitté,
j'avais l'humeur sous l'eau tapie.
Quand on secoue les acariens
de notre idylle un jour vécue,
on oublie tout, ça sert à rien
les sentiments trop court vêtus.

Alors, enfin si j'ose acter quelque autre scène,
de pétales de prose et de bouquets de pleurs,
c'est pour orner la tombe où mes versets obscènes
bâtissent catacombe éclose en leur ampleur.

J'ai su l'écrire, oh douce erreur,
l'affligeante agonie des couples,
mais d'odieux chants en mal d'horreur
je garde symphonies peu souples.
J'alerte – agile – un lapin sourd
du collet que son mot sous-tend,
car chaque ardoise où l'on pince houre
est l'échafaud que l'on suspend.

Ma mélodie morose aux chœurs évanescents,
aux pétales de prose et aux bouquets de pleurs,
dilue dans la liqueur aux cieux opalescents
des larmes de mon cœur en son effet Doppler.

De crânes aux mongols gothas,
odieux, piécettes empilons !
Puisque les pierres vont au tas,
que les os aillent au pilon !
J'ai vu des poissons dessinés
sur les parois de ma mémoire,
de religion n'est destinée
que catacombe de grimoires.

samedi 15 septembre 2012

L'Abyssin



Arabesque No. 1 by Claude Debussy on Grooveshark



Du Poète on ne crut que ses dégrisements,
Tant ardent Ardennais que fantôme Abyssin,
Les vagues et les crues de ses déguisements
Car il ne sut jamais quel était l'habit ceint.

Quoique l'Amour y mène, il ignorait l'amant,
Il ignorait les voies – cherchant quelque ami sain –
qui d'Afrique au Yémen, lorsqu'à sa guise on ment,
font de mots pâle envoi de courriers abyssins...

Nous écrivons souvent trop orgueilleusement !
Nous prenons pour prêtrise un simple habit saint ;
la plume n'est au vent qu'un aveu pesamment.

Au cœur de la traîtrise où tout homme a dix seins
pour nourrir de l'avant ses rasés louvoiements,
Rimbaud reste – Ô Maîtrise – un fantasme abyssin.

samedi 8 septembre 2012

Les siérines (texte de 2006 - republication)

Eliz Iza by Alan Stivell on Grooveshark



Leurs plaintes sortent du gouffre de l'enfer
De Plogoff,
                                       Faut-il en faire
Des saints Christophe,
                                  Traversant la mer,
Avec des petits Jésus en croix par leur travers ?
Et de mes petits "j'ai su", en Groix, pour quel trouvère,
Restent les chants des sirènes en Sein,
Dont le mamelon pointe au Raz de belle manière,
Et de nous trépassés garde la baie des fins.
Pour revoir l'unique reflet de leurs écailles vives,
Dans l'onde lascive qui les berce souvent,
Je veux qu'on la sauve, ma vision sélective,
De cette réalité qui ressemble au néant.

Quel océan ne nous a encore englouti ?
Celui vers lequel nous voguons à présent !
Ainsi va-t-il de notre vie...
De naufrages en renflouements !
Nous sommes vestiges à nos envies,
Et future proie de nos aimants !
Nous sommes boussole au midi,
Tournant en rond sur son cadran,
Jusqu'à ce qu'une étoile amie,
Nous guide à ses rivages blancs...
Le blanc de sa chair de fruit,
Le banc de ses sables mouvants,
Où peu à peu l'on s'évanouit,
Avec bonheur et inconscient.

D'autres fées, d'autres siérines et d'autres vies !
Et des beautés au firmament,
Des araignées brillant la nuit,
Quand dans leurs toiles l'on se prend,
Et qu'à ces filles l'on se pend.

Gwendrez (texte de 2006 - republication)

02 - Clannad - Theme from Harry's Game by Clannad - Theme from Harry's Game on Grooveshark



Esquisse de Guy Gargadennec



Regarde !
                 C'est l'Amérique là-bas,
                                                          Là-bas où le soleil s'égorge...
                                                     La nuit, là, lui fait rendre gorge...
                                                             Guillotine que le ciel forge...

Prend garde !
                   A courir vers le Suroît,
                                                            On y perd notre astre d'or...
                                                        Nostradamus, son latin mort...
                                                                Ici la loi du nombre dort...

Gwendrez, plage des promesses,
                                                        La plage blanche et virginale,
Gwendrez, tu es la traîtresse,
                                                               De part tes baïnes létales.

On passe à voir, des soirs d'hiver,
Au loin, d'Audierne les lumières,
A repenser aux nuits d'été,
A nos jeunesses délavées,
Aux promenades boréales
D’une rencontre accidentale,
A nos ego occis dans telle
Ou telle errance accidentelle,
Qui s'y mêlaient dans le grand feu,
Dans le couchant d'un lit pour deux.
Et les goémons sont toujours là,
Cheveux d'un ange entre mes doigts,
La dame blanche est immortelle,
Pour moi Gwendrez est toujours belle,
Pour moi Gwendrez est toujours pâle,
Pour moi Gwendrez est toujours pal,
Elle reste la petite Irlande,
Entre ses murs, entre ses landes,
Comme des roues s'est ensablé,
Au sein des dunes, mon passé.

Gwendrez, ô plage des tendresses,
                                                              Avec ton sable conjugal,
Gwendrez est encor ma maîtresse,
                                                         La plage blanche et virginale.

Regarde !
                  C'est l'Amérique là-bas,
                                                   Notre nouveau monde s'invente...
                                                Un peu comme à l'hôtel des ventes...
                                                        Adjugé ! Deviens mon amante...

En garde !
             Une option sur notre joie !
                                                        Et le sable blanc de cette anse...
                                                     Et des milliers d'autres romances...
                                                       Avec Gwendrez pour résidence...

vendredi 24 août 2012

Remembrance

Opening Titles by Wojciech Kilar on Grooveshark



Les torpeurs du mois d'Août sous le saule éternisent
mon sens écrit, tel un hindou
qu'un feu lent galvanise au soleil en redoux :
partout l'écriture est Venise,
dressant ponts d'exquis mots sur les bras séparés
d'amants qui se firent jumeaux ;
C'est tirant sans arrêt qu'un haleur esquimau
s'est ri d'indiens désemparés.

Les bateaux dé-salés sont au port d'échouage,
la marée lassée laisse aller
à vau-l'eau le volage air marin des saoulés :
la fin de l'été les soulage,
les jours se font moins longs quoique aussitôt languides,
les digues perdent leurs moellons,
chaque aussière a son guide et de nos mots hélons
comme des rumeurs seljoukides.

Si le cor en priant cède à piller sagesse,
la corne de brume en brillant
s'écrie : « mais quel age est-ce à ce son m'écriant ? »
C'est celui des grandes largesses !
C'est le siècle hauturier de l'amarre en rupture,
l'élévation d'un roturier
en façon de capture – ô scrupule ordurier ! –
embarqué sur des sépultures...

Et pourtant je les aime ainsi mes souvenirs,
abstraits des esprits de Carême
en luciole à venir, sous les dais d'un harem
auquel nul ne peut subvenir ;
ce sont de courts vaisseaux irriguant nos chemins
– saigneurs sans besoin de vassaux,
châteaux sans parchemin dont on monte à l'assaut –,
ils sont les lignes de ma main.

dimanche 19 août 2012

Karénine




J'ai suçoté des décibels
aspirés à la courte paille,
quand la promise était si belle
– petit chou gras, j'en fis ripaille –
et qu'une parure encorbelle
autant qu'une maison forclose,
aux fondements d'un corps qu'épellent
mes pétales de lettre éclose.

En l'autre siècle où quelque oncle eut
ces crûs mots dont je fus divin
– tel est du moins ce qu'on conclue
d'un court-jus dont je fis du vin –,
je passais outre les frontières
et j'écrivais tel un devin
les courbes de ma vie entière
sous leur caresse à l'écrivain.

Je m'embuais pour des toquades
(givre et chaleur font long ménage),
avant de porter l'estocade
j'étais par trop souvent en nage...
Mais dans l'infinie cavalcade
de mon pâle écheveau de traits,
restaient tapis en embuscade
les points finauds de mes attraits.

Et les versets – sanglots d'automne –
se déversaient en giboulées,
en cataracte, en pluies gloutonnes,
en trois-quatre actes déboulés,
sur d'héroïques palimpsestes
au parchemin peu chamboulé
par l'encre, en n'usant pas l'inceste
de l'ode et des mots, gris boulets.

A ces souvenirs d'outre-tombe
je viens bâtir un mausolée,
afin que dans mes catacombes
je puisse enfin m'en isoler,
comme un abri contre les bombes
et les regards marmoréens,
le charbon des blanches colombes
enflammé sur leur trente-et-un.

De rire Anna Arkadievna
fit tinter les canons du verbe,
le souvenir est un Etna
qui s'éteint sans besoin d'adverbe ;
pourtant sa lave est invasive
comme en bouche une lange acerbe
à la salive corrosive :
Belle étendue sur la lasse herbe.

lundi 6 août 2012

Gnomon nous ?






Crèvera-t-on mes yeux aussi
quand, d'un ressort astronomique
j'aurai de bonds aux cieux dociles
arraisonné l'arithmétique
où s'enracinent les fossiles
de nos mues généalogiques,
tant le cadran saouleur grossit
tel un tango cyclothymique ?

Rêvera-t-on labeur obscur
face à des oraisons solaires ?
Les vrais travaux sont les plus purs
lorsqu'on ne gage aucun salaire
sur ce que demande une épure,
sur ce temps qu'il faut pour l'affaire
et qui m'obsède – Ô Sinécure –
avant de finir en Enfer...

Rouvrira-t-on la porte aux cils
battants dans leur Himmel d'Alsace
comme le clocher rétréci
que contrebalance en Atlas
celui qui dressé l'a rassis
au sein du mécanisme où lasse,
tu comptes les âmes graciles,
Ô toi Cathédrale essuie-glaces ?

vendredi 13 juillet 2012

Les fourbes rejetons de l'escobarderie

Don't Give Up by Kate Bush on Grooveshark



Inamusés grévins sont leurs airs pathétiques !
Qu'un dépendant greffe un visage en triste cire
sur sa mine emplumée de cautèle à rancir,
ses propos enfumés sont de casuistique.

Les fourbes rejetons de l'escobarderie
sont ce que nous jetons dans nos plus preux ménages ;
si leur hypocrisie nous met toujours en nage,
leur foie plein d'hérésies, n'est pas si rose, INRI !

Il sécrète la bile où leur sang s'empoisonne,
où leur esprit débile égare nos pensées,
l'endroit qu'Apollinaire eut appelé sa « ZONE ».

S'il faut garder ses nerfs face à quelque amazone,
ou feinter le combat contre êtres compassés,
sachons qu'il n'est débat qu'entre autres qui raisonnent.

dimanche 1 juillet 2012

Mon dialysé

Scatterlings of Africa by Johnny Clegg and Savuka on Grooveshark



Si je suis africain lorsque la Seine égale
mes Nils ne faisant qu'un – bleu/blanc comme une orange,
c'est que mon sillon meut ce que mes rides rangent :
Qui m'avachit, m'émeut comme une martingale !

Si je suis allemand aux bord de mes frontières,
c'est que la dalle ment – mue est comme une tombe ! –
et que le Monde est Un tuméfiant cimetière,
que Loreleï éteint les feux des catacombes.

Si je suis irlandais à force de me battre
comme les pins landais sur des vagues de sable,
c'est que ma foi j'effeuille en la cire hauts des râbles,
les peaux dont on fait deuil d'un rouge à lièvre albâtre.

Si je suis espagnol en ce soir de triomphe,
que mon âme est chignole en transperçant la tienne,
que ce soit donc en Porsche, en Jaguar ou Triumph,
je porterai la torche au vert de Saint-Etienne !

Si je suis parisien pour l'Amour de ma vie,
jugeant en pharisien le Christ géographique,
c'est pour qu'à la citer nous soit métamorphique
L'île de la Cité dans toutes nos envies.

jeudi 28 juin 2012

Lady Manche

Hello Earth by Kate Bush on Grooveshark



Lady Manche
                à la mer murmura là, mammaire :
                                                             « en semaine
ou les dimanches,
               à la marée dont j'ai la grammaire
                                                                 et l'hymen,
j'enfle mon flot
                      du ventre rond
                                            des nourricières,
puis à donf' l'eau
                       du jusant fond
                                               ma souricière ! »
C'est son chant
que j'entends
                        du zodiac
                                       où je cherche son signe,
assis : Reine,
ou sirène,
                    en cardiaque
                                        j'ois, l'oreillette en ligne.

Lady Manche étale son clapot sur l'estran
et repasse sans couture un plis de ma plume.

L'encre est lourde
                           et l'ancre engoncée comme en l'enclume
l'épée sourde
                     et pourtant promise à l'impétrant.
L'alarme à la rame
                            - à l’œil -
                                           les loups rodent là
réclamant calame,
                             écueils
                                        d'un lourd au-delà ;
mais percés d'une flèche
                                     sagittaire,
                                                    bars étranges
que la langue d'eau lèche
                                    - adultère,
                                                    Lady mange...

dimanche 3 juin 2012

Salomé



Est-ce ainsi que les hommes vivent by Léo Ferré on Grooveshark


J'ai reconnu du Rainer Maria Rilke
dans les ondulations de ma plume hésitante,
l'action de la durée dans ce que désirs tentent,
les belles convulsions d'Andréas Salomé !

Lou

J'ai reconnu du Rainer Maria Rilke
dans tes bleus-verts d'ancre affective au bout des yeux,
dans ces courbes qu'auraient nerfs affleurant l'essieu
de la roue du chancre assujetti par hoquets.

Coco

J'ai franchi le Chanel
                               Dans ton décolleté,
                                                            Puisé l'intensité
Dans ton parfum charnel,
                             Coupé mon cou l'été
                                                     Puis dans sa densité
– pour peu que s'acharne Elle –,
                             Goûté ton goût Léthé !
                                                   Fait de ton corps cité !

Nana

J'ai aimé ta beauté d'Intelligence Addict',
posé ton corps sur moi tel indicible toit,
mes doigts ont pianoté sur les touches de Toi
pour qu'à pareil émoi ce soit tes mots qui dictent.

Salomé

Je t'ai offert ma tête en présent compassé,
Mais en réalité ce n'est qu'un bilboquet !
De Rainer – un quartet – Maria Rilke
J'ai la vocalité d'un Jean-Baptiste, assez..

samedi 2 juin 2012

Le petit bois de Trohonan (republication)


Au petit bois de Trohonan,
J'ai vu l'horreur dans son linceul,
C'était au temps des résistants,
Je m'opposai, mais j'étais seul...

C'était au temps des résistants,
C'était au temps de la victoire,
Quand toujours aux derniers moments,
D'autres se joignent à la gloire.

Quand toujours aux derniers moments,
Pour des lauriers imaginaires,
Des diables s'habillaient de blanc,
Dans la vindicte populaire.

Des diables s'habillaient de blanc,
Après des années de silence,
Ils amplifiaient les cris stridents,
De ceux qu'on entendait en France.

Ils amplifiaient les cris stridents,
J'ai entendu tomber l'insulte,
Le crachat, le geste violent,
Sur cette enfant à peine adulte.

Le crachat, le geste violent,
Ombrageant ces jolis yeux clairs,
Plaisant aux officiers all'mands,
Comme aux garçons du Finistère.

Plaisant aux officiers all'mands,
C'était son crime inexpugnable,
Ell' devait payer au comptant,
Comme une putain véritable.

Ell' devait payer au comptant,
De cette humiliation publique,
Etre d'eux tous un défoul'ment,
Une excuse à l'autocritique.

Etre d'eux tous un défoul'ment,
Tondue comme un enfant pouilleux,
De ses jolis cheveux tombant,
Comme les larmes de mes yeux.

De ses jolis cheveux tombant,
Remplacés par la croix gammée,
Objet de pseudo-résistants,
Devant la ville et ses huées.

Objet de pseudo-résistants,
J'avais dit non, non, s'il vous plaît !
Mais la foule d'un seul tenant,
De sa haine me repoussait.

Mais la foule d'un seul tenant,
Riait, riait, riait, riait !
Quand les trois suppôts de Satan,
La bousculaient, la malmenaient.

Quand les trois suppôts de Satan,
Décidèrent de l'emmener,
Mon oeil, de pleur encor brillant,
Mon coeur, de peur crut tressauter.

Mon oeil, de pleur encor brillant,
Les vit la mettre en camionnette,
Et d'angoisse, mon coeur battant,
Prendre la route de Plouhinec.

Et d'angoisse, mon coeur battant,
Comme un tambour, sut disparaître,
Sur l'autre rive, à Trohonan,
Cette esclave en proie à ses maîtres.

Sur l'autre rive, à Trohonan,
Mes jambes trop vieilles, trop lentes,
J'accourus tel un pénitent,
De tant de faiblesse et d'attente.

J'accourus tel un pénitent,
Sur l'autre rive et dans le bois,
Je vis retourné fraîchement,
L'humus d'un drame en cet endroit.

Je vis retourné fraîchement,
L'humus que mes ongles grattèrent,
Et le joli corps pantelant,
Que mes rivières nettoyèrent.

Et le joli corps pantelant,
Victime des derniers outrages,
Se reposait solidement,
Dans mes bras solides et larges.

Il reposait solidement,
Recouvert du caban marin,
Qui avait vu l'extrême Orient,
Pour finir sur ce joli sein.

Il avait vu l'extrême Orient,
Mais c'était sans extrême-onction,
Que je portais à ses parents,
La chair de cette enfant sans nom.

Je la portais à ses parents,
Statues de honte et d'émotion,
Dont la douleur en cet instant,
Faisait écho à sa passion.

De leur douleur en cet instant,
Point question n'était de justice,
Car dans l'ivresse du moment,
Elle était punie par son vice.

Car dans l'ivresse du moment,
Trois monstres se frappaient le ventre,
Protégés par les faux-semblants,
Des lieux dont ils étaient le centre.

Protégés par les faux-semblants,
D'une France enfin libérée,
Où ces petits débordements,
Devaient être dissimulés.

Dans ces petits débordements,
En peine de preuve à fournir,
Je fis prière et fis serment,
Et de par trois fois les maudire !

Je fis prière et fis serment,
Sachant leur avenir morbide,
Que mon arrièr' petit enfant,
Raconte un jour leur fin sordide.

Que mon arrièr' petit enfant,
Porteur de mémoire héritée,
Montre le bois de Trohonan,
A l'enfant qu'il va protéger.


Michel P © 2005

dimanche 27 mai 2012

Cancale

Mna Na H'Éireann (Women Of Ireland) by Kate Bush on Grooveshark



Partir après s'être enlisé,
fuir vers le noroît tant qu'en cale
sont nos réserves d'alizés
– pour peu qu'on ait le temps, Cancale,
nichée telle un baiser perlé
dans une côte d'émeraude –
et la magie des pourparlers
lorsqu'alentours l'être aimé rode.

Sous son rocher le petit port
ferme la baie du Mont-Saint-moi,
de ses marées d’appétit, pores
suintent de sel durant cinq mois ;
on fut fermé comme ses huîtres,
bien trop de ces années lunaires
qui font qu'un jour, sur un grand huit,
nos infinis sont élus nerfs.

Que nous importe le beffroi,
les pleins-pouvoirs sur cette ville ?
Si j'ai pondu l'écrit des froids,
celui d'été sera moins vil :
il décrira par quelques mots
comment, pour éviter qu'on cale,
il faut, lorsqu'on se lit jumeaux,
se garder ce qu'était Cancale.

samedi 26 mai 2012

Toi, le tentacule

En route pour la joie by Noir Désir on Grooveshark


Le peuple s'ennuie-t-il qu'en un confort bourgeois,
il se dupe en croyant bousculer l'établi
des fondements sociaux – triste route pour joie –
et des économies mondialisées d'oubli ?

Les gribouilleurs virtuels se croient-ils les Saint-Just
d'une assemblée factice à l'aune agglutinée
des coups – loi décousue – matraque – et moues injustes,
à l'abri d'un écran – Christ au liquide inné ?

Puisque le cal amarre une plume dopant l'encre
à nos doigts de faiseurs de prière et de messe,
cessons révolutions et chants de guerre et chancres
encadrant la question : « de quelle seiche heure est-ce ? »

Puisons plutôt l'essence au plus profond de nous :
nous sommes les rejets, jetons d'un temps échu,
nous avons notre histoire en Cène à Cotonou,
Dakar ou drakkar, patte à nos grappins déchus.

mardi 8 mai 2012

Republication d'un vieux petit texte prémonitoire "London's rain"

Keep me ( London Rain) by Heather Nova on Grooveshark



L'écran total
L'astre infini
Du penthotal
Pour nos envies
Le glas se cale
Aux pas de vie
L'air est glacial
Picadilly
London est mal
Comme Paris
L'on donne en bal
Belle de nuit
Comme à Pigalle
Ou Carnaby
Près du canal
Comme un grand puits
Larmes ovales
Et confettis
Et ces rafales
Et notre pluie...


Michel P © 2005

vendredi 4 mai 2012

"Les réveilleurs de la nuit" ou "Les veilleurs" (Version intégrale)

Variation sur un vers de Rimbaud retranscrit par Mirbeau, et l'hypothèse de deux textes ne faisant - à mon avis - qu'un et rapportés par Verlaine après leur audition.
L'objectif est ici de retranscrire, conformément à la structure suggérée par Verlaine (52 vers), l'ambiance qu'un seul vers - "L'éternel craquement des sabots dans les cours" - m'a insufflée.




Ils ont teinté la nuit d'un carillon d'éclairs,
Arraisonné l'ennui dans sa barque platine
Et de pâleurs d'aurore ont serti – sabre au clair –
Des chancres à dorure aux glottes palatines.

Dans l'abstruse noirceur ils ont taillé la brèche,
Tranché la gorge aux sœurs des radeaux de Méduse,
Traîné l'âne et le bœuf en dehors de la crèche,
Ils ont crevé dans l’œuf ce qui ronge et nous use.

Ces veilleurs t'ont sortie de ton obscurantisme,
Courtisane Paris, Toi la Ville aux lumières,
Comme du cauchemar d'un honteux despotisme
Où le pouvoir infâme eut cousu tes paupières.

Fallait-il que l'on coupe la tête à ton roi
Pour que renaisse un hydre aux multiples facettes ?
– Ô Commune sordide, oh ! Si sainte est ta Croix,
Que l'on mène à la soupe un bon peuple obsolète ! –

Or, on a ressorti les préfets innommables,
Revanchards assortis d'une haine ampoulée
Pour ce peuple empressé par les jus innombrables
Des raisins du progrès dont les roues sont ourlées.

On a fait de valets des horribles saigneurs,
D'un poème avalé le filet d'un rétiaire,
D'une dit hérésie le maillot d'un baigneur,
De cette anesthésie le ferment d'un bestiaire.

Tour à tour sont sorties les sept plaies de l’Égypte,
Sur la peau sous l'ortie de la belle obélisque,
Impériale Paris, à Saint-Denis tes cryptes
Font des rois dépéris des stigmates à risque.

Au final est venu l'Ange Exterminateur
– minuscule remugle – assénant de sa hargne,
les scarifications dont on sait puanteur,
Et dont les punitions de survivre t'épargnent !

Si les rois n'ont pas chu dans ce jour de tempête,
Si le sang séché su ce que contint l'espoir,
Le jour du Jugement fut la journée de fête
Où le peuple qui ment fut le jus de la Poire.

Et dessus ces pantins amputés de segments,
des soldats enfantins ont dansé menuet :
On défit de leurs peaux et de leurs téguments,
Ces symboles d'esclave ô parchemins muets.

L'intelligence urbaine est entrée dans l'ennui,
La bourgeoisie malsaine a sombré dans l'horreur,
Tâtant de ces pluies réveilleurs de la nuit,
Les vivants éblouis ont perdu leur honneur.

Alors, vous, vendangeurs d'une guerre intestine,
Vous entendrez odeurs et débords et débours,
Les cris du châtiment juste et de la guillotine,
L'éternel craquement des sabots dans les cours.

On viendra vous punir de l'orgueil ineffable,
Ventriloques soupirs de paix trop contenues,
Vos boulets constipés sont des rimes de fables,
Les pavés extirpés de Paris vont aux nues.