mercredi 31 août 2022

Baisers volés



Que ne peut-on écrire en causant d'indécence

ou de ce pieux mensonge appelé Sentiment

l'Amour est une orientation privée de sens


Il arrive en chantant — surtout quand on se ment —

se parfume assez bien de bouquets plein d'essences

au prix d'un carburant qui fait mal au paiement


Parfois l'on pleure à ce premier signe alarmant

souvent on parle trop pour régler ce qu'on doit

qui n'est que de sarments dont on fait des serments

l'attirance est un jeu de paume avec les doigts


Nos imaginations sont comme un océan

détruisant l'avenir à partir du passé

se déjouant du rêve et de son subconscient

faisant laisse de mer à nos baisers volés

vendredi 26 août 2022

Jadis et la Guerre



Ce que l'Amour a construit résiste à la Guerre

à ces bombardements qui font le Monde affreux

sans tuer pour autant ce que nous étions naguère


Et dans ce fol enfer où le démon peureux

menace à coup d'atome un Occident précaire

il n'est plus que le rêve où se sentir heureux


Je repense au passé lorsque j'étais amant

la conjugaison du plaisir est imparfaite

on y perd le désir assez facilement

la tête aussi parfois se croyant à la fête


Aucun des souvenirs n'est l’époux du présent

tout brûle et nos amours aussi sont en papier

mais je me dis des mots que je sers en fraisant

si vivre est s'employer survivre est s'oublier

lundi 22 août 2022

L'attirance

Quand une femme est trop jolie

Tout se dilue dans sa beauté

Mais jamais rien ne nous relie

Sinon parfois que robe ôtée


Dans le désert de l’espérance

Où nul ne vit jamais le jour

On cherche assidûment le sens

Où jamais rime avec toujours


Un jeu de conquête amoureuse

Est l'illusion d'un labyrinthe

Et quand la fin n’est pas heureuse

Un taureau vient que l’on éreinte


On se mesure en des gradients

De densité pris n’importe où

L'attirance est un ingrédient

Dont on ignore à peu près tout

jeudi 18 août 2022

Mise en scène

Des vies rêvées j’en voulais deux j’en ai eu trois

victime appesantie d’un instinct qui nous guide

en plein cœur de la nuit plus qu’un isthme un détroit


Je me dilapide en pensées bien trop liquides

il pleut des souvenirs en mon sommeil étroit

passé décomposé que le présent liquide


Aimer c'est apprendre à ne plus se rappeler

de ce jardin d’éden dont on parfumait l’herbe

un Adam grabataire une pomme à peler

je conjugue un genre à l'étendue de mon verbe


Un désir est toujours en solde débiteur

et sa fabrique amère est une usine obscène

où l’on donne un bouquin dont nous sommes l’acteur

au cours de notre vie qui n’est que mise en scène

dimanche 14 août 2022

L'empreinte

La beauté ne se peint que sur un tableau vierge

une toile - où se pose une image ou un mot -

d’un blanc laiteux crémeux dont on faisait les cierges


Une étoile éclatant jetant de vieux émaux

sur le papier mâché des sentiments concierges

en noircissant la page blanche où va le Beau


J'aimerais vivre intensément le temps qui reste

en profitant vraiment des impressions qui naissent

à chaque souvenir et chaque espoir en reste

on paie longtemps le prix des erreurs de jeunesse


Écrire ou disparaître est un  choix décisif

à présent que le théâtre de Marivaux

rejoint sans hésiter le mythe de Sisyphe

on écrit pour laisser l'empreinte d'un cerveau

mercredi 10 août 2022

Le Tango rageur



Mon cerveau tourne en boucle et les idées me viennent
à la façon d'un flot débordant d'intentions
comme un tango rageur une valse de Vienne

Et chacun de ces pas que tu mets en action
sont un furieux métronome et quoiqu'il advienne
un rythme absolument propre à ma rédaction

J'ai bu l'eau de ta bouche en rêvant d’océans
l’étendue de ton corps a dicté Poésie
chaque amour est défi qu'on  lance aveuglement
l’horizon n’est jamais qu’une immense hérésie

La fossette au creux de ton rein guide ma main
mais ton sourire éblouissant guide mes mots
si je t'aimais hier aujourd'hui c'est demain
mais en désir au moins nous sommes deux jumeaux

vendredi 5 août 2022

Le bon sens



À Golshifteh Farahani


J'ai décroisé mes mots métissé mes non-dits

pour m'adresser à vous j'ai tissé la map sourde

où chaque direction n'est qu'un doigt tout raidi


Que vous dire à présent qui ne soit moins absurde ?

Il pleut des chats-huants sur une âme étourdie

qui se sent Iranienne ou parfois aussi Kurde


À chacun de mes vers s'attachera la note

ou cette mélodie lancinante est tenue

maintenue prisonnière avec en ces menottes

un sentiment puissant que c'est le Festin nu


Tout converge et tout file à la façon d'un bas

le prix de la beauté suit le prix de l'essence

et la guerre en gros plan fait cesser les débats

je suis à la recherche éperdue du bon sens

jeudi 4 août 2022

Normal Sup'



Il y a dans "Nature" une contradiction

quant à la perversion de la nature humaine

et peut-être est-ce une question de diction


N'erre en vraie vérité que l'amour ou l'hymen

un petit brin d'espoir une infime intuition

qui fait de nos deux vies la facture et l'Amen


On s'aime on se poursuit mais c'est un jeu de dupes

on rêve on fantasme et quand on s'émancipe

on oublie le morceau de ce qu'on sait d'Œdipe

appris dans les cours trop foireux de Normal Sup'


À Paris tout est permis comme en un parfum

ta peau si douce à deviner dans mon poème

en te touchant du doigt je n'en vois pas la fin

car la plume est l'outil afin qu'un jour on s'aime

mercredi 3 août 2022

Antidote



Écrire est en substance une expression du « Nous »

bien plus que de ce « Je » que je trouve indécent

mais qui en vérité nous fait suer le burnous


Je n'ai plus rien pondu sans aimer de récent

que ta beauté flagrante et pourtant sans remous

c'est vivre absolument dans une fleur de sang


La ligne horizontale indiquant la femelle

Est toute en l'immense illusion capitaliste

Où le grand désir et la passion s'entremêlent

Où le pouvoir et l'argent rallongent la liste


Et moi je t'aime encore un peu comme un poison

comme une enfant lotie d'une bien nantie dot

on baise en oubliant l'essentiel à raison

dans le fruit de l'oubli se trouve un antidote 

lundi 1 août 2022

Vénus



J'ai gardé le feu de tes tâches de rousseur

aussi précieusement que dans la préhistoire

on aurait gardé ton âme aux mains d'un guérisseur


Et célébré ton galbe en courbe ostentatoire

ô ma Vénus offerte ô ma femme ô ma sœur

à la façon d'un prêtre avec un ostensoir


En chaque pas de danse il y a ta beauté

chaque harmonie me trouble où tu es en entier

de ton sourire éblouissant ne rien ôter

t'espérer mon amie te rêver ma moitié


L'histoire est un entremêlement de promesses

abandonnées dans l'ouragan des sentiments

dans leur foisonnement comme en une kermesse

il y a néanmoins les aveux d'un amant