dimanche 30 décembre 2018

Les preuves




Tu m'as dessiné des soleils dans l'occiput,
et les pigments de ton iris ont peint des fresques
hallucinées d'azur et s'offrant en dispute
à mon Verbe éclaté sur des mots pittoresques.

Escaladant leur gorge entr'ouverte au scalpel,
au sourire algérien dit kabyle en grimpant,
j'ai rédigé ces vers ramassés à la pelle
et feuilleté nos vies que l'on tient en suspend.

Parle-moi par les yeux comme une âme muette,
on sacrifie l'agneau de nos passions rêvées
dans l'isthme hyper-étroit qui nous sert de luette.

Et dardant de lumière en voulant arriver
sur les quais de ton cœur où se jouent nos bluettes,
il me faut rédiger ce poème éprouvé.

https://soundcloud.com/annaondu/les-preuves

samedi 29 décembre 2018

Du temps du Capital



Souvent, nous bâtissions des mausolées d'argent,
de puissants coffres-forts éblouissants d'ordures
où le système était le maître et nous l'esclave,
où sous les traits obscurs d'un soleil astringent
brillait l'éclat d'obus cinglant des lingots durs
et la fragmentation sociale où tout s'enclave.

À cette époque, un monde immonde et dialysé
par les pétro-dollars, avait pour fin fatale
une surchauffe épidémique et démunie
d'alternative, hormis des maux stigmatisés :
Marx écrivant en toutes lettres « Kapital »
était un diable en rouge aux Nations Désunies.

Mais rien ne dure impunément qui fait le Mal !
En décroissant bien sagement, l'Économie
fit sa métamorphose en papillon de soie,
car en l'Intelligent qui sait l'Homme animal,
est un réflexe inné, celui de sa survie,
celui du choix permis qui jamais ne déçoit.

https://soundcloud.com/annaondu/du-temps-du-capital

jeudi 27 décembre 2018

Étretat



J'implorai le pluriel à des pluies déplorées,
la singulière apnée d'un sanglier tondu,
quand un pantin né du Cotentin coloré,
me guida sur la Manche au fil de l'eau tendu.

Le destin s'entortille, et l'intestin sorti
se répand sur la carte, et ses pans qu'on écarte
ont l'éclat d'un diamant d'un endroit desserti :
la beauté barbotée d'une humeur incarnate.

Au long de ta côte a sailli mon désir de ravin ;
j'éprouvai des régions qui pouvaient m'être état,
de mes cris vent sortit pour me rendre écrivain.

Mais trions les mots traits dont on nous maltraita :
si l'on se faufilait sur la falaise en vain,
l'être étreint te traite en traître au train d'Étretat...

https://soundcloud.com/annaondu/etretat

mercredi 26 décembre 2018

Chiens



Je ne parlerai plus de la couleur des yeux
ni de la rouille en tâche aux creux de vos pommettes ;
il me faudra bien trouver l'argument fallacieux,
pour m'abattre assez fin méprisant les Baumettes.

Et de ce château d'If inhalant le sapin,
de l'apnée salvatrice inhérente à vos fuites,
il faudra conserver le bon suaire de lin
comme gueule de bois juste après sale cuite.

En effet, l'on est fait dès que l'on romantise,
alors que les dits faits défaits sont diffamants,
que la haine est un feu diffus que l'on attise.

À l'Amour on échange au besoin les amants,
le sexe est une excuse à de pâles bêtises ;
et l'astre émasculé se perd au firmament...

https://soundcloud.com/annaondu/chiens

dimanche 16 décembre 2018

Quinqua-génère



Dans le verger, petites pommes,
on leur ressemble en faux-amis,
j'en ferai tout d'abord la somme,
épellerai leurs faux habits.

J'appellerai du nom du cœur
un fruit confit par le désir,
et de sa mère offrant sa fleur
un épithète à mieux choisir.

Un épi tête au gré du vent,
le flux mêlant tous les pollens,
et fécondé d'un adjuvant
corrigera sa triste haleine.

Corps y géra sa gestation ;
si c'est sorti de nos entrailles
et de la procrastination,
nous en ferons de vraies batailles.

Interférant sur tous les points,
nous brouillerons toutes les pistes,
et brandissant dégoût de poings,
nous resterons cruciverbistes.

En restaurant l'évolution,
nous croiserons nos génétiques,
évaluant nos émotions,
l'équation sera pathétique.

Et quoi ? Scions là la branche assise
en l'arbre généalogique
où les filiations imprécises
obstruent les voies ontologiques.

Au trou la mémoire éternelle
et le chromosome innocent !
chaque nouvelle ritournelle
est un enfant d'un nouveau sang.

Éteint n'importe quelle étoile,
il en renaîtra des milliers ;
si tu tissais sur moi ta toile,
il faudrait aussi m'humilier.

S'effondrer comme un astre ancien,
puis rejaillir en sa nova,
c'est le destin nécromancien
qu'un artiste un jour innova.

Qu'on attriste en pleurant de pluies,
de moussons drues, volumineuses,
un peu des vers rongeant depuis
longtemps, l'encre en est lumineuse.

On tend à vieillir et pourtant,
loin d'Einstein et loin de l'espace,
infiniment de Carentan,
mes 50 ont le goût qui passe.

https://soundcloud.com/annaondu/quinqua-genere