samedi 28 novembre 2020

La ballade infidèle au sens

 

Dans les sous-bois bellifontains
le vert est bleu comme en breton
les ors et la belle y font teint
les deux trésors y font bon ton

Je vous trouvais incroyableue
mais vous étiez insensibleue
votre ligne des Vosges bleue
pareille à celle de vos yeux

Dressait des regards barbelés
face aux assauts que vers dégrisent
en uniforme Alma bleuet
d'un Mirabeau dans l'aube grise

Ainsi, restaient front dégarni
nécessité mes cécités
Mais sans citer de ce vernis
L'apprêt fait de mendicité

Ne vous en voulez pas d'aimer
tant va l'amour aux trahisons
qu'une âme amoureuse à damner
n'est qu'un trait mou sur la raison

Si sans emploi je suis en pluie
sans appui je ploie j'ai déplu
sans aplomb mon fil est rompu
je suis l'ouvrier sans son puits

Je ne suis qu'une pluie de feu
dans ton giron tout aquatique
et moi sans toi rien ne le veut
je ne suis qu'un anti-sceptique

Et je te veux sans vouvoiement
sans même une masturbation
l'essai n'est à l'écriture (on ment)
qu'un prétexte à sa transformation

Je te veux nue dans mon poème
offerte à tous mes paravents
la liberté n'est qu'un phonème
on la brade un peu trop souvent

La nuit de moi s'est désaisie
dans la blancheur de l'innocence
où l'on conduit à l'hérésie
le rêveur infidèle au sens

samedi 21 novembre 2020

Algérienne

 

Je revenais en pluie dans ta mémoire acqueuse
et mouillais mes pinceaux d'un clignement de cils
attendu de tes yeux comme on marque un essai

L'encre est un sang qui coule irriguant laiteuse
une presse avide et sa justice imbécile
es-tu le papillon de la mue que j'essaie ?

La lumière éperdue sur le grain de ta peau
révèle en pellicule un fantasme ébloui
par un bleu qui rougit quand on berne un drapeau
par un regard en bouche et sa trace évanouie

Nous étions bien planqués là de l'autre côté
De l'autre côté las de Méditerranée
Dix ans durant de cet aveuglement bourgeois
La décennie noire est à notre œil un non-choix

lundi 16 novembre 2020

Hermine

 

 

Ta beauté coule en moi viscosité d'un miel
et se fond au palais tout aussi lentement
dont la pièce a la face enrobée d'arc-en-ciel

Est-ce un premier hymen à la robe de sang
crois-moi mon bel amour est un long puits sans fond
dans lequel abonde une musique sans fin

Ce monde m'a meurtri d'éclats de Poésie
tant il s'était poudré sans fard abandonné
sans phare à surveiller dont la sourde amnésie
m'amène à faire un tri dans l'ombre des données

J'ai la plume bretonne et l'hermine irritée
j'ai l'histoire en otage et j'ai le sang bouillant
je suis un celte impur au cerveau résistant
pleurant ce que les pluies ont omis de mouiller

 

https://soundcloud.com/annaondu/hermine

dimanche 8 novembre 2020

Elle était de celles

 

Le soleil arrosait le balcon de mes vœux
(ramper en paix par un parapet rend peureux)
tandis qu'en se laissant aller à la paresse

— Était-ce la peau tendue de la poétesse ? —
elle étalait le parchemin de mes non-dits
du verbe en gestation d'un poème assourdi

J'aimerais dire un jour à l'écho de ma vie :
"me voici ton reflet je suis rien tu es belle"
et dans les clapotis de mon amour pour Elle
entendre un pépiement ludique inassouvi

Le soleil arrosait son visage en laissant
des éclats mordorés dont la rouille et le sel
éclairaient d'un grand feu les yeux opalescents
qui cherchaient à dénouer mes intimes ficelles