lundi 30 juillet 2018

Sur le Zéro et l'Infini



Comment penser sur le Zéro et l'Infini ?
Pourquoi, comment survivre à nos effondrements
tout en brillant comme une étoile au firmament
dont la nova rejette aujourd'hui le déni ?

Nous oscillons entre la mort et la naissance,
entre deux bornes d'un néant commensurable,
et parfois même entre deux états misérables,
entre métamorphose et pâle évanescence.

Au moins conscients des vacuités de nos destins,
des pauvretés que nous laissons en héritage,
il faut s'enorgueillir de nos plus beaux ratages !

Ainsi, l'infini qui nous tord les intestins
— né du zéro signant, je crois, sa bouche ouverte —
avale en l'Univers un peu des vies offertes.

https://soundcloud.com/annaondu/sur-le-zero-et-linfini

vendredi 27 juillet 2018

Orage



J'ai su des clameurs de l'orage,
aspirer le venin gazeux
qu'un éclair arrosait du feu
des eaux libérées d'un barrage.

Et cascadaient en fruits de lumière
(abreuvant) les prismes des gouttes,
au vent que les soucis d'écoute
orientait d'étrange manière.

En éventrant la canicule
ainsi qu'un poisson qu'on torture,
un orage aux températures
administre un coup sans recul.

Une vie dévie de son cours,
un long fleuve en torrent de boue,
serpente en joignant les deux bouts
de son ex-absurde discours.

Où te trouves-tu Désespoir ?
Et ce que je baille à Corneille
est-il un vernis de vermeil
ou les vers nés d'eaux sous la poire ?

Orage ! Il était écrit là
qu'un craquement de l'univers
en ressuscitant l'Art du vers,
aurait l'effet d'un Attila.

https://soundcloud.com/annaondu/orage

mardi 24 juillet 2018

Descendance



Descendre d'un ancêtre ou descendre un ancêtre ?
Il suffit d'un seul mot fait d'une seule lettre
et bascule le sens à cheval sur un trait,
d'unions nous l'attachons : la phrase a son attrait.

Tout est détail ici, tout est battements d'ailes ;
un nœud de papillons vient à tâcher le ciel
— auréole où l'essaim pigeonne à l'horizon —
quand le chant des grillons frissonne en oraison.

Sur un trait d'arbalète on voyage plus vite !
Et les petits carreaux qu'à la nappe on invite,
ont le damier déçu des drapeaux d'arrivée.

Je ne sais de ces liens que l'on fixe aux rivets,
qu'une silhouette floue que mes rimes cadencent,
et descendre est un Art inspiré d'ascendances.

dimanche 22 juillet 2018

Veau doux



Je déjouerai le Verbe et son début mythique
en composant pour toi, tel un théâtre No,
nos ombres découpés de « si » si concentriques
en un veau doux, veau d'or aux cinq points cardinaux,
que l'on s'enivrera d’idéal esthétique.

« Enjoue les mots, com' sur des touches de piano !
Joue sur mon corps, pour effacer toute romance !
Et que les sanglots lents de nos violons porno'
rameute un peuple entier d'envies et de semences,
afin de danser sur les reliques de nos os ! »

J'invoquerai des dieux antérieurs aux croyances
et des esprits sortis du ventre de la Terre,
afin de retrouver dans tes yeux de faïence
un peu de ce qui fit ma vertu grabataire
et de ma chasteté l'absolue défaillance.

Après, je te lirai dans ton seul caractère,
apposerai mes mains sur tes rêves blessés,
qui s'y déposeront comme on pose un cautère,
et tes cils incurvés comme une lune en C,
décroîtront lentement sur tes soleils austères.

Enfin libre en mes vers lents de chanter bien assez,
j'étirerai mes mots dont la phrase élastique
animera le pouls de ton cœur élancé
dans une course folle aux accents pathétiques,
à l'accent grave épique et l'angle aigu dressé.

https://soundcloud.com/annaondu/veau-doux

samedi 21 juillet 2018

L'illusionniste




Bien qu'on le croyait seul, il vivait comme à deux ;
son image était floue mais son âme était belle.
Il écumait des mers en périple hasardeux
qu'il imitait grâce à d'étonnants décibels :

Enroulements de tambours, jolies pétarades,
on l'écoutait nourrir en ses feux d'artifices
un espoir incongru mais qui laissait en rade
un peu du Saint-Esprit, tout du Père et du Fils...

En sa cathédrale où, sous d'écrues verreries,
le kaléidoscope agissait sur chacun,
faisant du temps passé de jolies vieilleries,
Lui, bâtissait des mains nos présents baldaquins.

« Le lit de l'avenir est écrit dans vos paumes »,
annonçait-il au vent véhiculant ses airs,
« en pondant le premier, j'attends vos seconds tomes
et leur suite infinie qui surgit en geyser. »

Ainsi, nous l'écoutions, tout emplis d'optimisme ;
un magicien du Verbe animait nos esprits.
Qu'on le lut en musique ou qu'on l'eut au mutisme,
à son église encré l'art avait le bon prix.

C'est aux temps du Poète et de ses mélodies
que l'on règle un tempo des battements du cœur,
et je regrette aussi la saveur des non-dits
de cet illusionniste aux savantes liqueurs.

https://soundcloud.com/annaondu/lillusionniste

vendredi 20 juillet 2018

Métamorphique



Comment dire aussi crue, votre beauté flagrante
et mon ivresse émue par vos traits délicats,
sinon par l'éclat de splendeur émigrante
en vos yeux rutilants d'innombrables micas.

Nous sommes composés de multiples trésors,
et les couleurs des yeux ne sont qu'un verre amorphe
où le reflet de l'âme est un vieux dinosaure
assujetti souvent aux pressions métamorphes.

Alors on change en pierre un vain cœur d'artichaut
que l'amour effrayait tandis que l'on frayait,
que l'effroi des passions se peignait à la chaux.

Redessinant ta bouche au hasard des rencontres,
il m'arrive aujourd'hui d'y payer mon loyer,
de me loger en toi, contre toi, oui, tout contre !

https://soundcloud.com/annaondu/metamorphique

vendredi 13 juillet 2018

Filles & Garçons



Je décomposais sur les cordes de tes côtes
un mouvement musical auquel on tenait
comme au week-end autopsié d'hôtel à Zuydcotte,
où nous bavions de ce que l'Amour contenait.

Qu'on l'y masse ou qu'au lit macère entre deux ombres
un de ces embryons, qui sait de ce fœtus
un brin de vérité dont la part d'encre sombre ?
Un brin des entrelacs dont on est un fétu ?

Foin de bombe hirsute et de canons de beauté !
Je décodais ta clavicule en la longeant ;
la paille était dans l'œil ainsi désorbitée.

Je déconnais parfois, tandis qu'en t'allongeant,
j'offrais en sacrifice un agneau dépité
par une maladresse en mon être indigent.

mardi 3 juillet 2018

Aphorisme sino-cantonesque

Quand on est cantonné cantonnais qu'entonnait canto né, l'on rit jaune au nom de Cantonna.