mercredi 16 octobre 2019

Végétale



T'embrassant, j'ai puisé dans ta langue amoureuse
une humeur éperdue dont la bouche est le puits,
dont la veine où la sève insensée mais heureuse
inonde un innocent de l'encre de tes nuits.

Sa sentence est sensible et son parfum tenace :
on y perçoit cent-six sentiments savoureux,
sans savoir à vrai dire en passant si menace
un orage au détour infini désireux.

Germinal à genou, tu priais ainsi Dieu.
Pour t'accueillir enfin j'attendais Floréal
et chaque enlacement me semblait insidieux.

Si l'on coupe on abat quand la femme est fatale
et dans l'arborescence en boutons les adieux
puisque le féminin d'essence est végétal.

https://soundcloud.com/annaondu/vegetale

samedi 12 octobre 2019

Incise



Je sais : ta bouche en cœur est de couleur fuchsia.
Je saigne à chaque fois qu'hémophile humilié,
grâce à ton grain d'emblée la plage a son plagiat
— son sablier ne permet pas de s'oublier.

Ta beauté se conjugue avec les éphélides,
autant que l'écriture avec les tâches d'encre,
et soulignant tes yeux de ma plume invalide,
un sang bleu-roi s'écoule entre mes doigts de cancre.

Il faudra des prairies repeuplant mes abysses,
inondées d'algues floues comme des confidences
et de posidonies comblant nos précipices,
afin de replonger dans nos deux subsidences.

Il faut bien se résoudre à ce fait qu'on s'aimait :
tant qu'un seul sentiment transpire hors de nos peaux
c'est que la mue s'opère et nous change à jamais ;
nous ne sommes vêtus qu'un instant d'oripeaux.

https://soundcloud.com/annaondu/incise