vendredi 26 avril 2019

Au vide



Si j'en appelle au vide, Ovide à la rescousse
en ses transmutations et ses métamorphoses,
en ce que l'avatar apporte en ses secousses
en ses mues, c'est pour abolir une overdose.

On sait les opiacées, les bonbons psychotropes
et les boissons alcoolisées qui nous trahissent
à chaque épiphanie de pulsions lycanthropes.

On sait le beau naufrage et les vaisseaux fantômes
hantant en temps voulus cet étroit précipice
où sombre un éclair d'écriture en plusieurs tomes.

Ovide ! Au vide issus de nos catharsis
et de nos éclosions par-delà nos cellules,
il nous faut affronter comme le beau Narcisse,
une image en miroir où les monstres pullulent.

https://soundcloud.com/annaondu/au-vide

mercredi 24 avril 2019

L'indécence absolue



J'ignorai l'indécence absolue des passants
tandis que, te déshabillant de mon regard,
il me fallait couvrir en un mot comme en cent,
l'étendue sémantique où je lus tes égards.

Il me fallait T'écrire, un peu comme un portrait,
passant mon doigt comme un crayon sur ton sourcil,
il me fallait T'apprendre en te lisant traits pour traits.

L'alphabet de ta bouche en voyelle ustensile,
ouvrait le dictionnaire amoureux de l'abstrait
sur la page écornée d'un douteux codicille.

Il me fallait l'ignorer, l'indécence absolue
des passants dépassés par ton pas sans pareil,
et puiser l'épuisée beauté non dissolue
dans l'onde inassouvie de ton simple appareil.

https://soundcloud.com/annaondu/lindecence-absolue

mardi 16 avril 2019

Semis parisiens



Puisque nous sommes partagés
de droite à gauche, en haut, en bas,
j'ai de Paris les émotions,
la passion vraie d'arts même âgés
qui vivants lorsque l'on tomba,
garderont tout d'une impression.

Comme les deux valves d'un cœur
écoulant le sang de la Seine
écartelée par ses deux bras,
l'île Saint-Louis d'un air moqueur
accueille en mélodie malsaine
un vers qu'un chevalet cabra.

L'arrêt cardiaque en souvenir,
on a mordu sur quelques planches !
On aime, on m'aime, on me déteste,
et tous mes papiers à venir
(abusant d'encre noire ou blanche)
ont un théâtre entre mes textes.

On se tient coi du côté cour ;
et par la main côté jardin
— les quais d'Orléans et Bourbon
gravant les voies de nos recours —
on se perçoit presque anodin
sur les genoux de « l'à-quoi-bon ».

La rue Saint-Louis — petite artère —
enobscurcit cette vision
d'un Paris-proie, d'un parti-pris
dont l'âme est la chose à retaire,
au corps en transsubstantiation
dont les loyers n'ont plus de prix.

De guerre on se prélasse enfin,
Là où naguère on fit la paix ;
les tangos longs n'ont plus l'accord
au suave et capiteux parfum
de ces gouttières qu'on lapait
timide, et qu'on regrette encore...

Or, ton sourire est le fer blanc
de l'alchimie de mon désir :
il faut je crois me le tatouer
sans jamais plus de faux-semblant,
sans jamais plus de faux plaisirs,
sans plus jamais vivre à moitié.

https://soundcloud.com/annaondu/semis-parisiens

mardi 9 avril 2019

À table !



À table ! On dînera de la Démocratie.
Ta serviette aura la couleur intensément
tâchée d'un bon gros rouge enivrant sans sursis,
d'une Commune au vain divin dérèglement.

Quand on a fait de la politique un climat,
qu'en ces bureaucraties l'on maltraite mon œuvre,
en m'éditant d'avance en différents formats,
je t'inviterai pour mon repas de couleuvres

Et vomissant des pluies remplies de phylactères,
on brandira le point à la ligne infinie
de l'averse écrivaine et de ses caractères
accumulés par les rancœurs de leurs dénis.

Toussant de travers, on avale un nu festin.
Tout ce qu'on peut faire est essayer d'y pourvoir.
Tout ce qui nous effleure est le doigt du destin.
Tout ce qui nous effeuille est la main du pouvoir.

https://soundcloud.com/annaondu/a-table

lundi 8 avril 2019

Les harmonies métamorphiques



Les harmonies métamorphiques
ont de vrais effets maléfiques,
et pourtant d'un accord triton,
quelle ombre d'harmonie trie-t-on ?
Chélatant de mes palimpsestes
un élément de faire en sieste
un songe étrange et pénétrant,
ces sons m'ont fait leur impétrant.

J'en avais pondu des si belles
pour le décès des décibels
et des si noirs et des si beaux
pour remplacer les placebo,
les harmonies leçons des sons,
les sons laissant des vers tessons,
ses sont mêlés comme des sangs
dans mes poèmes indécents.

Mais sur les cordes de ta voix,
sur tes yeux mieux de ce qu'ils voient,
sur ma faiblesse à ton contact
(mon fabuleux manque de tact),
arrivent les oiseaux des rimes
et les sentiments qu'ils arriment ;
alors enfin leur harmonie

dimanche 7 avril 2019

Auteur



Parfois il se dit saoul dans son effervescence,
harcelé par un lourd hoquet d'idées tenaces ;
il veut contrer par l'alchimie de la menace,
un peu du mal où fleurit son adolescence.

Il veut dans le recul, inventer nos décors,
et dans sa perspective inaugurer des feux
qu'à la Saint-Jean mimée de nos tissus nerveux,
nous reléguons d'un coup dans l'ombre de nos corps.

À sa lecture, un grand frisson se fait défunt,
trouvant des vies la solution dans le mot FIN,
mais pour autant, chacun s'étonne à sa candeur.

Souvent mutant, changeant de peau comme un lézard,
aux pieds d'argile, un colosse erre entre les Arts,
Auteur fragile, il manque un H à sa hauteur.

https://soundcloud.com/annaondu/auteur

vendredi 5 avril 2019

Libellule




J'en livrais bien au feu, des châteaux d'eau céans,
j'enivrais bien aussi de baisers mon amante ;
on écrit comme on peut, comme on crie quoique on mente,
on est vrai par souci de s'aimer doucement.

Mais rien n'y fait ! Ça brûle et quoique ça tourmente,
on y met les dix doigts sur nos peaux de serpents ;
de nos mues libellule est l'insecte ! On répand
de l'essence à l'endroit que l'absence pigmente.

On répond de sa faute en traînant de la patte
en reptile écorché par des chasseurs d'ivoire,
on repaît de festins dénudés qu'on appâte.

À la fois prédateur et proie (mais sans s'y voir),
on défait l'intestin des destins psychopathes
en pêchant sur la rive inouïe du Devoir.

https://soundcloud.com/annaondu/libellule