vendredi 31 décembre 2021

L'absinthe sylvestre



La solitude est un poison

qu'à sa dose homéopathique

on peut apprécier à foison

comme une drogue analgésique


Absinthe marrie, priez pour nous

la Saint-Sylvestre on vous lapait

la Saint-Glinglin sue le burnous

quand l'amant paie j'ai l'âme en paix


Dans mes bois de serre impavide

où l'eau des mots coule à l'envers

offrez-moi l'infini du vide

et je le remplirai de vers


On peut s'y perdre à trop s'y croire

rêver en vain que l'âme sente

or suivre est un jeu de miroir

où la perspective est absente

jeudi 30 décembre 2021

Tous les matins du monde



J'avais entre les mains tous les matins du monde

et je les ai tordus comme des doigts gâteux

mais j'en revois l'éclat quand tes yeux vagabondent


On y sait des prairies dont le sol est pâteux

de tes larmes versées quand le sort est immonde

un immense arc-en-ciel en nos destins boiteux


Parfois on croit mourir et souvent on revit

faisons fi des mauvais souvenirs qui nous minent

et reprenons le cours éperdu de nos vies

le manque de tendresse est une autre famine


Il n'est rien d'important dans le regard de l'autre

en vérité que le reflet qui nous retrouve

et sans lequel il n'y a jamais que le nôtre

à frôler l'existence et tout ce qui l'éprouve

Dernier amour



Parfois je me sens à ma prime adolescence

où l'espoir d'un baiser relevait des conquêtes

où l'affolement révélait notre innocence


Un instant seulement c'est l'objet de ma quête

un sentiment commence où finit le bon-sens

à l'orée de notre âme à nouveau qui s'inquiète


Et si j'avais les mots pour te plaire en trois vers

un pan de ta beauté semblerait négligé

si s'aimer c'est toujours un accord à l'envers

apprenons l'harmonie de nos corps engagés


Leur musique est en soi comme un vieil instrument

dans lequel on mettrait du rythme et des arpèges

en repoussant l'intrus dès lors que l'intrus ment

nous ne sommes la proie que de nos propres pièges

mercredi 29 décembre 2021

Montparnasse





L'Amour est un pari quand Paris s'énamoure

et quand je pense à toi dans un miroir ancien

ma mémoire a la saveur d'un conte à rebours


Ou d'un théâtre où le rêve est montparnassien

de mes vers ampoulés la lumière alentours

et la rue d'Odessa comme un port étant sien


Sur le pont qui relie l'écriture au désir

on se penche en rêvant que la scène est dressée

mais la gène intervient nous privant du plaisir

où l'on perd un instant l'éloquence empressée


Souvent ce désir est tapi dans un regard

il est bien dans le tien je connais ces langueurs

il te rêve attendant sur un froid quai de gare

un garçon désireux de réchauffer ton cœur

lundi 27 décembre 2021

L'ostracisme



J'ai vidé l'espérance ainsi qu'un seau de pisse

et goûté le silence en te lisant chérie

je n'ai rien avant toi que ce doux précipice


Et l'idée que le froid s'établit sans écrit

que l'ostracisme en morceaux redit ses prémisses

en exil où l'amour est bâti de ses cris


Sur mon arbre à palabres il y a des guirlandes

où les mots s'entremêlent en faisant mélodie

je me pends sans dépendre à ces mâts de cocagne

où l'Art et l'hypokhâgne en refrain me l'ont dit


Tu n'es pas du sérail et tes mots sont maudits

la France a pourchassé les fabricants de vers

et pilé de son pied la tirade ébaudie

dont Rostand fabriquait son unique Univers

dimanche 26 décembre 2021

L'orangerie






Tout ce que je dirai de notre obscurité

se confond dans le noir absolu de l'oubli

se résume à nos nuits profondément ratées


Des cartes rebattues ce qui ne fait plus un pli

c'est le goût du gâchis qui me laisse éreinté

malgré le sentiment du devoir accompli


Le sexe a la vertu de donner du plaisir

on s'en lasse assez vite on s'en moque et j'en ris

Mais quoi qu'on vive ou ravive ou qu'on puisse écrire

on sait sa feuille morte au Parc de l'Oranj'rie


Ne laissez rien passer quand vient le bonheur

on ne peut deviner son retour imminent

quand on ne le prend pas comme un train de bonne heure

on reste à quai longtemps sans raison ruminant

jeudi 23 décembre 2021

Gazouilleur



Un jour on cessera de parler pour écrire

on pèsera nos mots sans les balancer

tout en laissant le tout-venant les décrire


On nous dira sûr'ment qu'on est bien avancé

qu'à reculer le temps tous oublient l'avenir

et pourtant c'est l'oubli des leçons du passé


L'effondrement des sociétés des sentiments

contribue comme au souvenir aux remords

et se nourrit de ce qu'on dit de ce qu'on ment

de tout ce qu'on peut regretter jusqu'à la mort


Il faut du nihilisme afin de nier ces lois

la bosse qui démâte et jusqu'à l'ostracisme

on se pend à l'idée que la corde est en soi

l'obscurité se nomme horreur haine et racisme

mercredi 22 décembre 2021

Greffons



L'air est salé

l'air esseulé

l'air est-ce laid

l'air est-ce léger ?


L'amour embarque

________________à des horaires

____________________________inaccessibles

Et de sa barque

_________________un honoraire

____________________________a pris la cible


Un vent ingrat

humide et gras

soudain nous gra-

tifie de nos bras


Je suis seul

__________tu es belle

___________________il fait froid

____________________________la nuit mord

On est seul

___________et rebelle

____________________en l'effroi

_____________________________de la mort


Et la survie

survient dévie

tend un devis

devant nos deux vies


De ce bonheur

____________à deux-trois pas

_________________________que peut-on faire ?

À la bonne heure

______________un bon repas

__________________________la bonne chair


Et le bon rêve

en bonne trêve

aura la grève

où prend notre greffe

samedi 18 décembre 2021

Le vieux chemin des astres



L'amour offert à l'autre est une devanture

aux sentiments les plus profonds qui nous régissent

et qui nous font mener cette étrange aventure


Elle existe à Paris se prépare à Rungis

et se sert des réseaux en carnet d'écriture

un fruit mûr en ressort et mes vers en rugissent


Indiquez-moi la voie de l'analyse exacte

et je saurai fausser son contour abusif

il n'y a dans l'écrit que l'écho de nos actes

en chaque poésie ce désir allusif


Enfin si j'ai choisi le vieux chemin des astres

écrivant je le sème en bon petit poucet

la colère est toujours le fruit de nos désastres

et le tempérament le fruit des avancées

vendredi 17 décembre 2021

La ligne méridienne






Il y a dans le méridien qui nous sépare

un peu de la nuit bleue qu'on trouve à Paris

ses reflets sont toujours un art à mettre à part


On le suit à la ligne et parfois on écrit

ces moments soudains qui brutaux nous désemparent

éteignant tout d'un coup la fureur et les cris


Ce que nous poursuivons nous l'ignorons souvent

parfois nous rencontrons quelqu'un qui lui ressemble

et néanmoins le vide en fait le survivant

d'un rêve inabouti que les idées rassemblent


Aussi bien rechercher la ligne méridienne

en laiton scarifiée dans le cœur de Paname

un palais souterrain de la cuisine indienne

un fil est là pourtant qui m'attache à ton âme


https://soundcloud.com/annaondu/la-ligne-meridienne?si=8c88f85af8e74da4bf2bee519f70ba59&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

mercredi 15 décembre 2021

Entre les boucles du fleuve



L'histoire de l'amour est un long chemin de croix

qui serpente en chacun circulant sans gésir

et pourtant chaque fois je sais bien qu'on y croit


Rien ne saurait décrire à quel point mon désir

étendu comme un drap s'est replié vers toi

sans rien attendre en plus se justifiant de plaisir


Il y a des endroits sur les quais de la Seine

un peu comme appendice au fleuve intestinal

ayant su digérer mes relations malsaines

et me rendant à toi pur jeune et virginal


Entre les boucles du fleuve on se régénère

au centre de Paris mon histoire est figée

qui pourtant continue jusqu'à tendre les nerfs

écorchés d'un amant dont l'image est jugée

dimanche 12 décembre 2021

Ma planète



Ma planète un beau jour a changé de prénom

tout ce qui tourne autour est dans son attraction

mes mots font farandole ou s'empressent sinon


Si je les additionne ils se font soustraction

mais si je les retire un être me dit non

dans son cœur il me faut rentrer par effraction


En comptant jusqu'à douze on récite en beauté

le monde et tout ce qui le peuple en l'égayant

l'alexandrin par terre a fleuri sans compter

pour un bouquet s'il se dit même en bégayant


Je compose alors un poème inespéré

j'ai tout bouquiné de ma vieille étagère

où sont tous ceux que j'aime et qui m'ont inspiré

ma vie n'est qu'un brin d'inspiration passagère

samedi 11 décembre 2021

Catacombes



J'ai perdu la beauté qui faisait mes vingt ans

je perds du temps parfois à me le rappeler

mais lutter contre l'âge est bien plus qu'éreintant


je me sens moins que rien quoi qu'un brin bien plus laid

plus personne n'écoute un refrain que j'entends

que chantait dans mon dos mon amour un instant


De ma fragilité j'ai bâti l'écriture

en cherchant à l'offrir à l'unique personne

en capacité de comprendre en tessiture

un peu comment dans leur seul écho mes mots sonnent


Un jour en visitant le trou des catacombes

où chacun trouvera dans un crâne un bon masque

avec un charme obscur inhérent à sa tombe

on pensera soudain : "que mon corps est bien flasque"

vendredi 10 décembre 2021

Intimités



Tout commence éperdument toujours à Paris

tout commence avec celle et perdue qui sourit

rien n'est plus beau qu'un sourire à la dérobée


La dernière apparue je restais bouche bée

ce qu'on aime est souvent dans ce qu'on répudie

mais c'était déjà promis c'était déjà dit


Ce qui s'écrit dans les méandres de la Seine

a la beauté de ces beautés qu'on met en scène

et leur tenir la main l'espace d'un instant

suspend la pièce et le rideau suspend le temps


Je ne parlerai plus de ces intimités

de baisers déposés ma mémoire est mitée

mon secret s'est caché dans les coffres des banques

en mon silence est l'écho des mots qui me manquent

lundi 6 décembre 2021

Au Colibri



À défaut de Concorde à Paris quand ça caille

assez loin du village où l'on parle en latin

qu'on pleur' comme une Mad'leine en attente d'amour

en attente d'un train faut marcher vers demain


Sale hasard Saint-Lazare est la gare du mien

de l'affreux tortillard où le pâle horizon

qui m'attend n'a de toi que la couleur des yeux

de la mer étendue jusqu'à perte de vue


Ce Paris des touristes où les dieux sont à l'Ouest

amortit la rupture avec un vieux quartier

ralentit de son fleuve un sanglot de blessure


Au café Colibri la soirée bat son plein

Pierre Rabhi c'est sa mort et je suis mort dans l'âme

il n'y a donc jamais que des coïncidences 

Sur les pas de Villon



Ce matin de Cluny j'ai longé la Sorbonne

et rejoint le « Luco » ce jardin merveilleux

que Marius et Cosette ont dans l'œuvre d'Hugo

fréquenté comme aussi dans « Roman » de Rimbaud


Puis l'ayant traversé direction Saint-Sulpice

et Saint-Germain-des-prés puis la rue Bonaparte

ayant franchi la Seine avec le pont des Arts

aux arcades du Louvre un abri s'est trouvé


Sur les pas de Villon je marche dans Paris

Les Tuil'ries s'ensoleillent et le quartier Latin

de l'autre côté du vieux fleuve est déjà loin


Tout s'éloigne en chemin le cœur du centre-ville

et l'avis du centre du cœur où tout se joue

la vie l'amour et l'avenir un peu de tout

Rue Saint-Honoré



La pluie claque à nouveau comme une déception

sur Paris que l'on quitte un peu comme une amante

et l'esprit de Noël a beau faire illusion

le vent froid cingle autant qu'on le fait en fouettant


Mais rien n'est négatif absolument non rien

ne peut gâcher l'éclat sur le pavé mouillé

de la ville-lumière aux feux multi-collés

de la fille aux yeux verts dont on a l'amitié


L'éclaircie tarde un peu mais je sais qu'elle viendra

je l'attends pour traîner au jardin des Tuil'ries

je l'attends pour marcher dans un rai de soleil


La rue Saint-Honoré là s'en est honorée

près du temple témoin pour l'instant que l'Histoire

oublie si près du Louvre un sonnet que j'écris

Rue des écoles



Je divague et des vagues de vagues véhicules

enveloppant mes pensées sur la rue des Écoles

image après image un vieux film apparaît

que je croyais dissout dans son celluloïd


En cette comédie dramatique éternelle

où le regard s'égare en croisement de l'autre

on joue souvent les didascalies dans les gestes

et le dialogue absent quand il est inutile


Un théâtre parisien vient d'ouvrir ses portes

à des yeux grand fermés sur un rêve avorté

qui cachait le réel à ses deux comédiens


Mais qu'importe après tout l'attribution des rôles

on se saoule en parole et les vers ont rongé

la partition sinistre où le temps s'arrêtait

Paris sous la pluie



Paris sous la pluie la cité s'imbibe en nous

Par le dos par les pieds parlons franc par l'alcool

Et le sourire enfin comme un arc-en-ciel

Esquisse une éclaircie sur les temps à venir


Les manteaux alourdis des souvenirs qu'on porte

Et de l'eau de ce soir aux bruines citadines

Ont lavé dans l'ondée ce qu'un passé comporte

Et Paris ce matin sera rempli d'espoirs


Le manque aura changé comme un mal assoupi

L'aube aura les couleurs d'une belle aquarelle

Aux reflets délavés des amours oubliées


Le passé nous importe afin de nous construire

Et non d'y rechercher le demain ni l'ailleurs

Où l'on trouve un beau jour un vrai goût pour la vie