samedi 27 avril 2024

Rue de l'envie

 


J'ai semé des baisers dans la rue de l'envie

toute intention d'aimer place un feu dans nos cœurs

et décide incidemment du cours de nos vies


Mes stylos sont toujours de la marque Parker

une façon de prendre un chemin qui dévie

de cette ligne d’O l’homme est connu par cœur


Un feu beau mais violent qu’on ne peut qu’attiser

que l’ondée seule éteint au pouvoir enivrant

quand la pluie tombe ici c'est pour te baptiser

c'est un naufrage où ne sont que deux survivants


Créer c'est communiquer avec vos beautés

composer l'adagio de vos intelligences

appeler vos cortex et vous écouter

dans la courbe d'un sein je trouve un certain sens


mardi 23 avril 2024

Fabriquer le Présent

 


L'humanité n'est rien que la conjugaison

de notre âme à l'esprit qui l'aiguillonne et l'anime

en faisant parfois même une propre maison


Nous logeons dans nos mots très souvent synonymes

et nous nous abritons des nouvelles saisons

comment devenir un peu moins pusillanimes


À force de mots j'essaie de mener ma guerre

elle est sans missile et s'adresse aux tout-puissants

que ferons-nous des vies de jadis à naguère

en oubliant de survivre et nous épuisant


Ce qui s'oublie c'est ce qui n'est pas important

le reste est infini l’étendue démentielle

où l’espace est présent peu m’importe le temps

fabriquer le Présent c'est un cadeau du Ciel

dimanche 21 avril 2024

Séduction

 


Quand nous nous inventons c'est toujours pour séduire

— invisible tension reliant le corps au cœur —

et sous-tendant d’un coup l’infarctus à réduire


En chacun des baisers l’écho de nos rancœurs

ou l’addition de maux la facture à déduire

on s’en rend compte en écoutant Charlie Parker


À chaque fois qu’on égratigne notre écorce

à chaque instant de fragilité qui s'installe

est en réalité notre indicible force

et l’oublier n’est qu’une décision létale


L'enfer est un endroit dont on sort au hasard

Orphée le savait bien mais ce n’est pas Noël

Eurydice en douzaine arrangeait le bazar

à chaque fin de rêve est un début réel

vendredi 19 avril 2024

Les mots

 


Aimez mon écriture et j’en serais heureux

les mots sont confiture et sucrent l’existence

un tantinet salée quand on est amoureux


Quand bordé d’océan le rêve est en instance

en cristaux se dépose un signe vaporeux

dont je garde le sel incrusté dans mes stances


Un cœur est défaillant face au bleu d'un regard

enfant de mer et pluie dans nos contrées celtiques

un baiser vénéneux m'offre un échappatoire

il est l’union d’un vers et de la pomme antique


Alors j’écris sans fin la ballade erratique

oscillant sous mes doigts dans ce qui nous alarme

une plainte insensée que le vent veut pratique

en pluie c'est ce qui tombe à la place des larmes

mardi 16 avril 2024

Rien ne passe



L'amour est à cheval entre un regard ou deux

c’est un centaure — il est sans tort et sans reproche

apparemment — sorti d’un tel hasard hideux


Sa lame à l’âme est douce et nue mais elle embroche

au barbecue du sexe oublie les demi-dieux

tant ils nous semblent loin mais pourtant toi si proche


Oyez qu'écrire est une passion dévorante

un feu qui s'éprend bien du papier consumé

d’une relation chaude à ce point perforante

et performante alors qu’à peine consommée


Je me suis perdu dans les plis de l’écriture

(une vraie chair épaisse et sensuelle inhalée)

Roth disait « rien ne passe et pourtant rien ne dure »

un désir de partir est déjà s'en aller

dimanche 14 avril 2024

Solitude

 


Le naufrage est l'achèvement complet d'une œuvre

on découvre un amour en s'attardant sur lui

— s’échouer tout en tentant d’avaler ses couleuvres


En me robinsonnant me servant pour appui

de toi perdue mon île et malgré mes manœuvres

étant ma terre on s'aime ainsi (je suis ta pluie)


Vivre est ma tentative écrire est son moyen

dans chaque mot ce qui n’est plus à faire est fait

de ce si long voyage on est bien les doyens

pour conjuguer deux êtres il faut de l'imparfait


Le désir amoureux trop souvent a varié

nous laissant céder à nos bêtes habitudes

à la viande épuisée qu’on pensait à marier

le solde du désir est dans la solitude

samedi 13 avril 2024

La terre promise

 


Héritant d’un passage entre deux lignes d’eau

de colonnes d’Hercule ouvrant à l’océan

notre vie se résume à bien courber le dos


Comme un esclave assis soufrant et macérant

peau noire et lacérée récitant son credo

qu’un brin de cuir ignoble étouffe en le serrant


Nous cherchons dans l’Exode un port universel

l'amour est une Désirade écervelée

dont les bateaux s’en vont en oubliant le sel

et le butin d’une princesse échevelée


Dalila disparue sans les filles de Loth

Abel aussi dont la parole fleurie ment

Si Jésus disparaît sans Judas le zélote

une rencontre en fait n'est qu'un affleurement

lundi 8 avril 2024

Jazz

 


Le Jazz me correspond si bel et chaotique

à musique est son kiosque en boite et son papier

dépeint dont j’aime les tacs et j’aime l’éthique


Or mon oreille entend à peu près douze pieds

quand je pense au tempo du rythme initiatique

à ce tempo perdu que l’on a tant épié


Chaque chagrin d'amour est bras d'une balance

on ne vieillit jamais c'est sûr en allant mieux

les souvenirs ont la vie dure et la valence

enneige un air de Jazz offert en allant vieux


J'ai rêvé des amours et le jour s'est levé

le piano résonnait son génie s’est assis

dans son petit matin l’harmonie prélevée

les pensées sont des fleurs et les soucis aussi

dimanche 7 avril 2024

Obstacles

 


Nous sommes de petits esprits dans de grands corps

emportés par le vent de ce qui nous inspire

et quand l’amour inassouvi réclame encore


On croit pouvoir aller du bien meilleur au pire

on croit s’évaporer des vidéos hard-core

en croix décéder à cheval pour un empire


En courant d’air on s’évacue sans sourciller

quand l'envie de bien faire est un obstacle au mieux

recalculons nos positions la source y est

pour enfin désirer toucher le doigt de Dieu


Souvent notre attirance est sa macération

la nuit porte conseil et maintenant de guerre

intestinale aidant notre incarcération

dans la cellule unique où tout est en équerre

mercredi 3 avril 2024

Le lac

 


Le lac était comme une flaque de mercure

où venaient se mirer des nuages de lait

l’impassibilité n’est pas sa signature


il fut aménagé si longtemps sans délai

ses canaux menaient l’eau telle une sinécure

à la mine de plomb qu’enfin j’entremêlais


Ma vie fut éclairée par la beauté des femmes

ô mon lac oh « dis-moi que je suis la plus belle »

ô mon miroir éveille en moi ce qui m’affame

un reflet n’est jamais garni de décibels


La relation se fonde en un creuset confiant

rien n'est moins sûr que ce qu'on éprouve envers vous

l’aplomb de mine argentifère est édifiant

l’orpailleur en vain sait rater ses rendez-vous