samedi 2 décembre 2023

Tranchées

 Pardonnez-moi d'écrire au milieu de la nuit

je vous dis ta beauté qui te fit mon ressort

et le double langage éloigné de l’ennui


Ton regard a creusé la tranchée de mon sort

englué dans ma boue jusque autour de minuit

l'infini c'est l'idée que l'on a de la mort


En voulant t’imiter je n’étais plus qu’un cancre

un nullard engoncé dans de très beaux apprêts

chaque bouée relâchée s'écoule comme une encre

et l'Amour un doux leurre et nous courrons après


L'espace entre nous deux c'est l'oubli d'un baiser

j’ai tranché ces tranchées de ce qui nous déçoit

ce temps perdu qui nous a tant amusé

créer c'est se détruire en petits bouts de soi

mardi 28 novembre 2023

Dérive

 



Chaque instant de l'errance est un pas vers soi-même

et chaque amour est comme un bateau qui dérive

allant tant de l’avant que personne ne l’aime


Il fallait s’orienter rejoindre une autre rive

il fallait la porter comme on porte un emblème

et s’emporter pour elle afin que rien n’arrive


Il pleut dans ma carcasse et l'encre se dilue

la clarté d'un regard est l'éclaircie d'une âme

on la dit si fugace elle enfin se dit lue

dans ses nombreux reflets lus sur le macadam


En parlant du silence on le gâche un instant

je suis amoureux d'un idéal inconnu

je suis amoureux d’un grand amour inconstant

d’un silence absolu lorsque je la vois nue

mardi 21 novembre 2023

Château de cartes

 



Les yeux bleus sont pour moi comme un jour qui se lève

et chaque aurore éblouissante est un orgasme

un cri de joie retentissant qui se soulève


Alors en y cherchant parfois quelques sarcasmes

à coups de cauchemars ou bien à coups de rêves

on est bien seuls les prisonniers de nos fantasmes


Exister c'est penser sa vie sans dépendances

habiter sans frayeur un grand château de cartes

errer parfois sans cesse et rentrer dans la danse

enfin s’aventurer quand le rideau s’écarte


Il y a ta paupière ouverte et son présent

l’infini d’un azur inaccessible et beau

tous ces mots que j’écris ton regard écrasant

qui me ronge et qui me réduit comme un rabot

vendredi 17 novembre 2023

Au bout de tes doigts

 



Nous sommes des pays inconnus l'autre à l'un

dans notre exploration nous trouvons notre emphase

et la base à bâtir un désir alcalin


Fabriquer de l'amour avec un bout de phrase

est mon art habituel en bon petit malin

du poème en dix vers et divers en deux phases


Il faut aimer sans cesse et jamais se lasser

sur ton œil endormi j'ai touché la paupière

happé la liberté d’un corset délacé

l'amour est un tissu de sentiments contraires


Il intime à nous deux cette langue à saucer

j'ai décidé d'écrire et de marcher vers toi

chaque paragraphe est ma prière exaucée

j'ai dans un baiser l'empreinte au bout de tes doigts

dimanche 12 novembre 2023

Aux vents

 


J'ai pêché sur ta bouche un poison magnifique

et j’en ai délivré l’ultime solution

par un baiser sacré d’un suc honorifique


On s’est tant prosternés dans notre dévotion

l’un à l’autre en s’aimant qu’une épaule horrifique

a servi de leurre à mithridatisation


J'écris pour inventer l'oubli de nos pensées

l’oubli de notre amour et de sa marée basse

une vive a surgi sous nos pieds dépecés

pour enfoncer son aiguillon là dans la masse


Et nous gardons sa cicatrice inscrite en vrai

dans la chair et dans l’eau dans la vase où l’étang

paisiblement s’étend sans survivre à nos frais

nous sommes des objets livrés aux vents des temps

dimanche 5 novembre 2023

Planeur

 


J'aime assez l'altitude autant que l'attitude

et je plane albatros empêché de marcher

sur rhum ou brûle-gueule — on en a l’habitude


À deux nous sommes des tentations partagées

tandis qu’en restant seul et sans exactitudes

on n’est plus qu’un gros cœur échappé de l’archer


Ma nuisance amoureuse a des reflets d'opium

aimer c'est se lancer dans sa chute élastique

être en fait un légume adoptant Rhizobium

et tout ce qui nous pousse est un doigt qu’on mastique


Écrire en Poésie c'est s'arracher le cœur

écorcher le papier comme un vieux parchemin

palimpseste adoré si bien qu’on en meure

à force de planer jusqu’au bout du chemin


samedi 4 novembre 2023

Meilleurs

 


Le baiser ce moment d'extase auquel on rêve

(enfant déjà) quand les jeunes filles en fleur

ont le parfum si capiteux que l’on en crève


on se prend à frémir et les yeux parfois pleurent

— en effet c’est le vent qui nous pousse sans trêve

à chasser ce fantasme — il n’est rien qu’on n’effleure


Aimer c'est rêver en grand nos vies si petites

à ce point qu’on éteint ce qu’on nomme intuition

pour aboutir un soir en risquant l’hépatite

ô nuit ne t'étend pas en objet de passion


Je sais tu n’aimes pas ces mots de poète ivre

ils sont pourtant présents dans ton regard anxieux

dépérir en souffrant c'est oublier de vivre

inventons-nous ailleurs et sous de meilleurs cieux

vendredi 3 novembre 2023

Guerre et Paix

 


Se rendre aimable et beau dans la littérature

— et je sais que Tolstoï en avait abusé —

ne se fait pas sans bégaiements ni sans ratures


On voit en ce moment l’Union désabusée

se perdre en méandre et cette Europe immature

enfler les maux d’un dictateur russe amusé


Nous n’avons pas le droit d’abandonner l’Ukraine

en se battant pour Elle on a l’honnêteté

qu’a le juste à l’idée dont le fruit par ses graines

ira rendre aux champs martiaux la Liberté


La pluie tombe en un sens illusoire aux grands nés

l'Amour est d'un fracas dont le bruit nous poursuit

la guerre immonde aussi durera des années

la tempête est entrée dans nos cœurs noirs de suie

dimanche 29 octobre 2023

Infinie

 


D'infinis univers ont hanté nos mémoires

on écrit pour les dire en quelques mots succincts

sur les feuillets ridés de nos plus vieux grimoires


il y a du désir — on n’était pas des saints —

quelque peu de plaisirs et ce grand entonnoir

évacuant nos dessins sans le moindre dessein


L'inspiration n'est plus qu'un fantôme invoqué

le Poème n’est plus qu’un reflet douloureux

de tout ce temps perdu qu’on voudrait convoquer

dans l’espace étroit du souvenir amoureux


Posons-nous la question du pourquoi nous vivons

précisément lorsque la relation finie

nous dicte en tremblotant le peu que nous savons

quoi qu’il en soit mon écriture est infinie

vendredi 27 octobre 2023

Transfuge

 


Toute attirance en fait n'est qu'un élan sans fin

ce feu qu’on étouffe et qu’un désir ignifuge

a fait son âtre au cœur âpre inné de nos faims


Dans ce jeu de dupés je ne suis qu’un transfuge

un vivant qui parfois n’est plus rien qu’un défunt

l'Amour est un transfert il n'est pas un refuge


À la psychologie qui se trouve en échec

on répond par un poème éveillant l’intérêt

mais quoique l’on angoisse ou que l’on signe un chèque

en blanc-seing de sa peur on en reste atterré


C’est en pompier bon œil enfin qu’à l’exhumer

le souvenir ultime à nouveau dans nous rentre

en fragilité d'être est l'hésitation d'aimer

la passion se résume à des mots qu'on éventre

mercredi 25 octobre 2023

L'automne au bout du Monde

 


L’automne est arrivé muni d’un parapluie

la saison de la boue tendre et des feuilles mortes

aussi de la mélancolie collant à lui


J’imperméabilise et de tout ce qu’il porte

inondant mes pensées l’étincelle a lui

comme un feu rougeoyant d’un brasier qu’il apporte


Il faudra bien deviner un jour à quel point

l'acte amoureux suffit dans notre perception

de l'existence et dans l'oubli de l'embonpoint

qui nous guette aux croisées de notre déception


Mon âge et ma laideur en feront fuir encore

et pourtant je devine une issue moins cruelle

en lisant mon délire à propos de ton corps

en octobre à mes mots mon poème est truelle

dimanche 22 octobre 2023

Les poètes maudits

 


Toute attirance est comme une irruption d'acné

comme un besoin physique irrépressible et fort

où toute la pulsion se transforme en acmé


Je te désire enfin mais sans le moindre effort

et face à ta beauté je ne suis qu’un pygmée

j’écris tout ton portrait que je crie haut et fort


Enfin je me dissous pour dix sous éperdus

le désert — quel qu'il soit — est émancipateur

et l'avenir est fait des illusions perdues

mais je t’adore encore écrivant à cette heure


Un regard à ton corps est l’écho qu’on en dit

quand la Poésie peint les belles amoureuses

on se régale au son des poètes maudits

de leurs chansons traitant de ces heures heureuses


samedi 21 octobre 2023

Transnations

 


Dicte-moi tes désirs et j'en ferai des vers

ondulant dans nos corps en nous décomposant

la musique abrutie dont l’essor est sévère


Et dont le sort abstrus qu’on croyait supposant

menait à l’écriture et la tête à l’envers

à l’amour infini sur nous se déposant


Ta chair est attendue ton corps est Poésie

je n'ai que le toucher pour te faire sentir

à quel point je te veux pour te l'écrire ainsi

quelle est la partition juste à se ressentir


En effleurant de mots la douceur de ta peau

comme ma plume avide écorche le papier

j’égratigne amoureux la couleur des drapeaux

dans l’étang de la vie sans Toi je n’ai pas pied

Thérèse

 


La nuit comme un fantôme a recouvert mes yeux

ce n’est pas un miracle et néanmoins je suis

en Normandie mais je ne suis pas à Lisieux


Thérèse en diérèse est l’esprit que je suis

petite sainte enceinte en l’Esprit facétieux

ton image envolée commande à qui je suis


Tout est flou j’imagine un peu de repentance

un air de rien saisi par le froid de l’image

une jolie femme amoureuse en résidence

et de la Poésie sortant de mon plumage


Et si l’écriture est à ce point volatile

un seuil en chaque nuit se franchit dans nos rêves

on sait profondément ce qui nous est utile

les yeux bleus sont pour moi comme un jour qui se lève

lundi 16 octobre 2023

Toi l'inconnue

 


Mon esprit transpercé de pancartes fléchées

cherche un chemin pour te trouver Toi l’inconnue

mais il reste terré comme un ours mal léché


Je te rêve en parlant Toi ma belle ingénue

tu devrais m’interdire et pourtant m’allécher

puisque ce qu’on se dit c’est une mise à nu


La solitude est une compagne exclusive

écrire est la façon de s'y mettre à la place

en pensant de mon âme à ton âme adhésives

un espoir impossible un fantasme de glace


Et dans le « j’en ai marre » où je n’avais plus pied

tu mûrissais bien avant que je ne te touche

aimer charmer mourir en laissant des papiers

le fruit de nos passions pourrira sur nos bouches

samedi 14 octobre 2023

Pont Alexandre III

 




Je me souviens de toi Pont Alexandre III

l’eau de la Seine avait le vert de ton regard

et ton galbe sublime affirmait mon détroit


Que pouvais-je franchir en ayant l’air hagard ?

Ayant l’air apeuré d’être trop à l’étroit

d’oublier ta beauté comme un train mis en gare


En te voyant marcher ma princesse en ces ombres

ignorant les fossés de Saint Germain ma place

on eut dit que tu fus au plus clair au plus sombre

une idée du parfait né que rien ne remplace


On eut dit que tes pas laissant de l’or en trace

éblouissaient ma vue mais c’était vagabond

car je n’ai plus l’adresse et je n’ai plus l’audace

afin de te séduire et de t’aimer pour de bon

vendredi 13 octobre 2023

L'été 2019





Nous étions à la charnière

entre le mois de Juillet

le mois doute

et mon père étant grabataire

avait donné les clefs de sa maison

non sans quelque éclats de voix

mes enfants restant chez moi

— dans la précarité de ses gestes —

à son fils.


Alors, en laissant mes gamins adolescents libres

en m’envolant seul en direction de Paris

j’entrais dans le train normand

qui m’emmènerait Gare Saint Lazare

et par le Météor (un métro sans conducteur et nommé « la 14 »)

à la Gare de Lyon

Sous une indicible effroyable et folle canicule

(en sortant du train climatisé

je croyais mettre au four un corps entier !)

Paris crépitant comme un barbecue

Paris fait de braises et de souvenirs

une chaleur écrasante

un météore en combustion

puis le RER en direction de Maisons-Alfort

de France

un gentil monsieur noir offrant un mouchoir à mon front dégoulinant

la sueur réunie d’un peuple entier laborieux

dans une rame à 40°C

Paris température extrême

et sa plage à la crème

en forme de tarte aux opinions

Je revenais dans les lieux de ma jeunesse amoureuse

un peu comme on revient poète à Moscou.


Je ne me suis pas endormi ce soir-là

puis l’orage éclata

le matin c’était vêtu de vingt degrés de moins

raccourcissant l’escalier des émotions

dans la maison de mon enfance

au fond du jardin l’annexe avait tenté d’être forcée

mais ma résidence adolescente avait résisté

trente ans passés

j’étais de nouveau maître des lieux

je retrouvais toutes les traces de ma mère

un parfum de sa présence évaporée

trente ans passés

l’orage a toujours effacé la température et le temps

parenthèse enfin fermée

le jardin de mon enfance

où je m’imaginais champion de foot ou de rugby

recordman du monde au saut à la perche

— avec le squelette du sapin de Noël —

il me fallait néanmoins revenir au cœur de Paris.


Nôtre-Dame avait brûlé lors de ma venue précédente

et l’odeur était persistante

il faut que vous sachiez que mon cœur hybride

est autant de celui de Paris

que de celui du bout du Monde en Finistère

un cœur écartelé depuis le début de mon existence

entre un pôle existentiel

et l’autre un peu plus fantasmagorique

on est dans notre étendualité

J’étais dans le chez-moi du quartier Latin

des îles de Paris

de ces endroits que j’aime à partager

la Place Saint-Michel

et ses amoureux qui s’y rencontrent en mon nom

la Place Maubert

et son marché dont persiste le squelette en semaine

la Place Dauphine

et le bon vin blanc qu’on y consomme

et le jardin du Luxembourg où je me dorais la pilule en séchant mes cours

à côté

Place de la Sorbonne

où ma mère enceinte allait me promener durant les évènements de 1968

où ma mère arrivée du bout du Monde

apprivoisait Paris

faisant de son fœtus un enfant naturel issu de l’endroit

viscéralement

me partageant de fait entre un Finistère inéluctable

et la capitale en lettres ainsi nommées.


J’ai beaucoup écrit durant cette semaine à Paris

j’allais dans les bars

assis au comptoir

et de bar en bar

en buvant un verre à chaque endroit

j’écrivais un nouveau poème

évitant les pluies d’été

(bon prétexte à se réfugier)

j’écrivais ma vision du Monde en kaléidoscope

en prisme en arc-en-ciel

il fallait beaucoup d’inspiration

mais ainsi que Maïakovski

je ne crois pas en l’inspiration

je ne crois qu’au travail

à l’observation

je fais mon boulot dans mon coin

résistant aux influences

il est protéiforme et tant mieux

c’est le reflet du fonctionnement de mon cerveau

qui se refermait en rentrant le long des quai de Seine

en passant par le square Tino Rossi

par les fêtes dansantes de l’été battant son plein

croisant le sourire éblouissant d’une beauté

qui s’était rasé le crane

affrontant l’avenir au soleil égorgé dans le fleuve

et la Saint-Barthélémy de l’existence.


Il est bien temps que que je réécrive en escalier

pour les marches de Paris.


Mais je suis retourné rejoindre mes enfants.


Je ne suis revenu qu’en octobre

après la vente de la maison proposée

pour la vider

les enfants m’accompagnaient

Nous avons honoré le lieu par le boulot

c’est commun pour nous tous

et mon père est mort un peu plus tard.


En février 2020

juste avant le Grand Confinement

je suis venu rendre les dernières clefs

logeant à l’hôtel

rue de Sommerard (où l’on dort peu)

près du musée de Cluny.


Je repense à l’été 2019 où tout s’est décidé.

lundi 9 octobre 2023

Le voyage



Chaque amour est un grand voyage inabouti

rien ne tient dans nos vies quand on est submergé

par cette heure en passant qui demeure engloutie


C’est notre vague-à-l’âme et sa source immergée

qui nous pousse en avant vers bien d’autres outils

et nous chavire enfin mais nous laisse allongés


Je voulais t'aimer sur le rebord de ton ongle

et peindre ta beauté du vernis de ton âme

en usant de mes mots avec lesquels je jongle

en baisant sous tes doigts l’éclat doux de la femme


À chaque hésitation nous aimons mois qu'avant

à chaque instant ta main m’échappe et me rend seul

il me faudrait ton corps abreuvé par les vents

ta beauté dégoûtée me servant de linceul

samedi 30 septembre 2023

Miroir

 



Tout désir est un leurre et tout leurre un appât

je l’apprends si souvent que rien ne me remplace

en le sachant pourtant je le sais pas à pas


Chacun de mes alexandrins pense à ma place

où rien ne me retrouve avant chaque repas

le dessert est divin quand on voit dans la glace


Accroche au fil à linge un amour éperdu

son sourire anonyme est un enfant sauvage

il se sauve à la course en se croyant perdu

pourtant chaque abandon n’est jamais qu’un naufrage


Une nuit cannibale à nous deux bientôt s'ouvre

une bouche agrandie que le jour ignorait

qui nous avale — une pyramide du Louvre

à mon âme entrouverte — et toi que j’espérais

mardi 26 septembre 2023

Vieillir

 



L'âge en amour est difficile à convertir

on le dirait reflet d’impressions vaporeuses

un miroir est la porte ouverte aux désirs


Elle y plonge en se regardant double amoureuse

"on est bien tous les deux" lui répond son plaisir

on est bien seule aussi quand on est malheureuse


Être un peu fou j'assume autrement m’abaisser

sa bouche est comme un cœur rouge et chaud palpitant

j'ai gardé des années le goût de ses baisers

j’ai gardé ce signe indélébile éclatant


Je suis à toi je suis tatoué comme un vieux cuir

un vieux ballon déformé par les coups du sort

un vieux con maltraité je suis un dur à cuire

et vieillir est l'art de s’approcher de la mort

mardi 19 septembre 2023

Les routes de l'à soi

 



Je me mets à écrire ainsi qu'une machine

et dans la bakélite et dans ce cœur d’airain

je trouve un de ces chemins de la soie de la Chine


Il est sur la dune infinie courbe en tes reins

qui remonte étonnamment jusqu’à ton échine

et laisse ainsi trembler les gestes de ma main


L'AZERTY de mes doigts sur ton corps digital

est le double-poison d'une fleur à clochettes

on dirait l’abandon de coupe sagittale

où le dessin dans l’herbier par là se rachète


Un amour est en sorte un accident de vie

le désir est parfois bien trop envahissant

mais brusquement lorsque notre destin dévie

nous sommes sourds à tout et tout est dans le sang

samedi 16 septembre 2023

La mare au diable

 



Quand le soir à moi s'accapare il faut écrire

un rêve irréalisé n'est qu'un cauchemar

et sans bien le comprendre on ne peut que s’aigrir


Il faudrait surpleurer quand tant d’autres se marrent

il faut changer de régime afin de maigrir

et repeindre en bleu-nuit les reflets de l’ammare


Une femme amoureuse est un havre de vie

le fruit de nos pensées se courbe vers la terre

à chacun des instants notre ligne dévie

sans penser son appui nous sommes grabataires


On est un artefact à l'idée de l'union

la nuit n'est que ce drap qu'on tend sur la mémoire

et dans la mare au diable en plongeant son moignon

chacun voit son destin comme on ferme une armoire

vendredi 15 septembre 2023

Rubber

 



J'aimerais crever comme un pneu

sur la route du bonheur

et maquiller de bleu

ta paupière hallucinée

de rouge un peu ta bouche aux traits enlumineurs

un peu ton petit nez

tes tâches de rousseur

et tout ton charme apnée que je ne peux

désirer que de tout mon cœur

ouvert

à tes propositions

comme une aorte heurtée

clampée

dont les jets de sang

depuis trop longtemps

sont stoppés.

Tout ce que j'écris n'est qu'au fil de l'eau

le sombre reflet de notre noyade

et pourtant — Titanic à part —

on pourrait se rouler des pelles au fond du lac...

On dirait que tu es ma naïade

et moi ton monstre où les logs naissent

à coups de réseaux sociaux

de sites de rencontre absolument stériles

et de chemins qui ne se croisent jamais

sur ces routes où je m’use

où l’on me dégomme

où j’ai trop cherché mes muses.

Il me fallait néanmoins m’en trouver

la pauvreté s'habille aussi parfois de richesses intellectuelles

et de sentiments à fleur de peau

parfums de femme idéale

à présent ça sent le caoutchouc brûlé

la manif’ à dix balles

un abandon de son rêve initial

un air atrocement vicié

la pneumonie du baiser.

Les seuls gens dignes d'intérêt s'intéressent à vous

si vous vous intéressez à eux

mais le miroir est pauvre

en s’y cherchant si l’on trouve

un diable au garde-à-vous salue

d’un réflexe hitlérien.

J'aime les femmes qui n'ont pas d'avenir

elles ont le talent de chasser mon passé

sans projet tu n’es plus à punir

au présent plus simple à se conjuguer.

Les pneus se remplacent à chaque fois par paire

et je suis seul à rouler ma bosse

à moitié crevé

mais pour un échange

il faut trouver son semblable

et ce n’est pas gagné

c’est l’extension du domaine de la lutte

un capitalisme abstrus du sexe et de l’âme

œuvrant à la production de profils Internet

internés dans l’usine où rechapés

le rebus les menace

où dégonflés plus rien ne leur est plus net

ils sont pris dans la nasse

emportés dépréciés

les sentiments sont trop sérieux pour être laissés aux romanciers

mardi 12 septembre 2023

Paris sous la pluie

 



La grisaille à Paris s’est posée sur les toits

— le zinc a l'art abstrait des reflets amoureux —

s’est posée dans tes yeux je me souviens de toi


Le zinc et ses bistrots qui nous rendaient heureux

ces bistrots parisiens dont le charme au patois

parigaud résonnait des éclats vaporeux


De ton rire ébloui par le bris de mes verres

et de mes vers pilés par ta jolie beauté

de mon poème idiot quoi que je persévère

il me faudrait d’un saut rendre un sourire ôté


D’un saut de paragraphe et d’un enjambement

te parler de Paris sous la pluie dans le vent

provoquer tes frissons lorsque ta jambe ment

d’une nuit de désir et d’un soleil levant

samedi 9 septembre 2023

Chaos

 



Je suis le chevalier adoubé du Chaos

dont l’écriture infâme est l’objet du désordre

et plus loin j’écrirai plus j’irai au K-O


Je voudrais vous choquer désobéir aux ordres

heurter la Chine et l’Occident de Macao

jusqu’à Paris la poudre est bien sans en démordre


Amoureux sans issue j’ai cultivé le vide

en mon esprit floué les mots se précipitent

et se culbutant je les gère au CoViD

aggloméré sans cesse au sein d’un incipit


À l’anticorps abstrus qui l’a déterminé

il m’a fallu faucher chacun de tes sarcasmes

et de mes champs sémantiques déminés

J’ai gardé la violence un peu de ton orgasme