dimanche 31 décembre 2023

Vivre en paix

 



Je m’offre à la peinture afin de vivre en paix

(vos créations amies sont de vrais mécanos)

m’abreuvant comme un chat du bon lait qu’il lapait


La vie commence et l'eau circule en des canaux

que l’amertume honore et que le dédain paie

que la beauté perdue transporte en vieux canots


Ne me réveillez pas je rêve un nouveau texte

aimer c'est résister à l'échec annoncé

tout dépend du danger tout dépend du contexte

en tout effondrement fragilité cassée


De travaux souterrains parfois la nuit m'emploie

je purifie mes mots en renouant des tresses

aux cheveux de la vie sans en faire un exploit

la nuit se tâche d'huile et dilue nos détresses

Rêver (3)

 



Rêver sert à survivre et dormir sert à vivre

afin de voir il faut monter dans la mâture

en se couchant il faut regarder dans les livres


Un accident pâlit mais salit tes ratures

un petit bout de crayon mais ce reste m’enivre

Il faut répondre à ça par la littérature


En goûtant un baiser chacun trouve un empire

il est bâti de nos projections malhonnêtes

à chaque fois ce monstre est notre clone en pire

à chaque humiliation son profil est plus net


Ta bouche est la fontaine où ma soif est penchée

si ma mémoire oublie la saison des labours

assaisonnée d’un geste et de ton déhanché

l'illusion de l'amour est déjà de l'amour

Rêver (2)




Rêver c'est vivre un peu plus loin que la limite

écrire en prédateur affamé d’infinis

penser sa vie sans que jamais rien ne l’imite


À l’entrée du sommeil est posté l’impuni

du manteau d’un récit dépecé par les mythes

et dévêtu de force à force de déni


La voix de mon amour est un essaim d'idées

mêlant luxure orgueil attirance et plaisir

et mes alexandrins je te les sais dédiés

chaque phrase est un pont franchissant nos désirs


Rien ne dira plus rien de l'espoir avorté

qui comme un fruit grossit mais se refuse en bouche

au contraire un beau songe inventif à porter

bourdonne sagement comme les bateaux-mouches 

samedi 30 décembre 2023

Célibataire

 



Lorsque la solitude est une garantie

l'amour est un désir absolu mais freiné

c’est l’extinction programmée du moindre appétit


L’envie s’éteint sans feu qui n’est plus bien frais né

mais pépie ma pépite un soleil irradie

quand survient sous ma plume un sens irréfréné


Bon j'aime écrire en alexandrins mes pensées

je pourrais les écrire autrement mais ça vient

comme un torrent sauvage et qui s'est dépensé

dans les pas de Racine où mon verbe revient


Ce que j'écris ici se rapporte sans cesse

et l'ondulation vague à laquelle on s'accroche

est comme issue d'un célibat sans confesse

où l'on attrape en vrac et la note et sa croche

La Belle au bois dormant

 



Ta bouche a le dessin d'une hirondelle en vol

et ton sourire ainsi se pose en mon esprit

mais ton corps est couché comme un chien qu’on immole


Et dans ce sacrifice à l’odieux que l’on prie

ton sommeil est un poison lent qui nous isole

la Belle au bois dormant n’est qu’à son juste prix


J'ai tout perdu depuis que je t'ai rencontrée

j'ai tout hypothéqué pensant me racheter

mais chez toi je suis seul à manquer mes entrées

rigole au caniveau la hyène est achetée


Ton sommeil est un poisson-volant de bohème

un futur amoureux se conjugue au présent

pour écrire il faut un horizon de poèmes

et le soleil occis dans sa mare de sang

vendredi 29 décembre 2023

Comme on sait

 



Finir est la jolie façon de commencer

j’ai pris plaisir à vivre en évitant demain

sans projet trop factice en vivant comme on sait


Des mots calligraphiés sur un vieux parchemin

comme on sait comme on sait car évidemment c’est

l’aboutissement révolu d’un grand chemin


L'effort est à bien peu de frais quand il fait froid

mais il s'avère affreux si l'on effraie son fruit

d’un fantasme oublié qui survit dans l’effroi

d’un espoir obsolète au lointain qui s’enfuit


Le désir est l'espace où s'épanouit l'idée

que l'on est immortel en vain nous mourrons

pourtant reste de nous la faim de liberté

qu’on nourrit savamment comme un nègre marron

mercredi 27 décembre 2023

L'intention

 



L'attirance est une anicroche entre deux notes

échanger ses regards est déjà s’embrasser

c’est un début d’accord un sourire en dénote


En poursuivant le pas des ombres empressées

le passé dépassé nous passe les menottes

il faut s’en libérer pour ne pas s’oppresser


L'idée de vie commune est-elle une hérésie ?

le couple est une option que le désir évite

on tombe avec envie dans la grande amnésie

qui nous commande enfin d’aller toujours plus vite


En tout nous sommes héritiers de nos aînés

de leurs comportements mais quoi que l’on s’enivre

aux couleurs de nos yeux au poids de nos années

l'amour se mesure à l'intention de le vivre

lundi 25 décembre 2023

Desseins

 



J’ai tant pesté sur moi tant humilié mon cœur

et me suis négligé détournant l’eau des larmes

afin d’arroser mieux cette improbable fleur


Afin de croire enfin que les lots de ces charmes

avaient des raisons d’être à ces peaux qu’on effleure

et des raisins de colère agrippés aux vacarmes


Assez de ce boucan qui pourrit mon esprit

qui peuple en peu de mots mon vide existentiel

en laissant de côté le périple entrepris

pour rejoindre à tout prix du signe un meilleur ciel


La solitude en fait c’est une garantie

de n’être pas victime en se sentant moqueur

un instant de soi-même en fait anéanti

les desseins du désir ont les traits de nos cœurs

samedi 23 décembre 2023

Adorée


Ma parabole à tes courbes hyperboliques
au creusets de tes reins d’un sourire et tes seins
me rend ivre de toi fou d’amour alcoolique

Aussi belle en photo que tu l’es en dessin
mes versets sont pour toi ma peinture acrylique
et t’écrire en portrait le plus beau des desseins

Te caresser le dos tout en tenant tes hanches
une amoureuse est belle et se livre à toute heure
et ton corps est l’essence absolue des nuits blanches
il y a trop de vies pour en garder l'odeur

Il y a ce désir incessant sans ennui
j’imagine aussi bien tes cheveux mordorés
je n'ai plus qu'un fantasme à présent qui me nuit
rien n'atteint la beauté d'une femme adorée

vendredi 22 décembre 2023

Croisée des chemins

 



L'Amour est un chemin de croisée des chemins

quand on s’y croise — hasard heureux — l’été s’éclaire

et généralement on se prend par la main


Ce n’est pas le contrat d’un notaire et ses clercs

on vit au jour le jour et c’est déjà demain

chaque automne arrive un peu trop vite et c’est clair


On oublie les serments des enfants de la chance

en reprenant chacun sa route à l’opposé

la rencontre est stupide est la mémoire est rance

on divague à l’envi de s’être un temps posé


Le désir est un tout petit bout de nos peaux

qu'on voudrait arracher — une sale étiquette

et qui nous colle aux doigts quand revient le drapeau

du souvenir important qui résume une quête

mercredi 20 décembre 2023

55 ans

 


Nous nous armons souvent de faibles ustensiles

en s'en servant comme un rempart à la Vauban

(je n'aurais jamais du t'agiter tant les cils


Les clignements des yeux quand ils publient les bans

sont des baisers fiévreux des serments imbéciles

et la mise à genou fait du mal en tombant)


J'oblitère en marchant nos battements de cœur

rare impression vêtu de mes 55 ans

l’horloge en tictaquant ne nous rend pas vainqueurs

au contraire elle ignore un peu le quoi du quand


L'attirance est question de temporalité

j'écris j'écris j'écris mais ces mots sont des cris

l’horloge est arrêtée quand c’est le temps du thé

Joyce en bon irlandais savait ce qu’on décrit

samedi 16 décembre 2023

L'esquif

 


L'Amour et le Poème en étant aussi liés

n'ont pas su raconter nos vies papillonnant

n'ont pas vu le problème et l'espace oublié


Qui se trouve à l’orée d’un regard étonnant

d’un lever de paupière en tes beaux yeux ciliés

tel un ciel éclairé de feux tourbillonnants


L’esquive est attendue mais est irrémédiable

il faut se débattre afin d'inventer toujours

en t'embrassant je signe un pacte avec le diable

en t’embarrassant non je m’ouvre un nouveau jour


En découvrant soudain le satin d’un corps nu

nous roucoulons à pic unique condition

quand s'endormir est un grand saut dans l'inconnu

notre attirance est un esquif en perdition

vendredi 15 décembre 2023

L’instant d’hésitation




Puisque l'Amour est un instant d'hésitation

le fruit de nos pensées se courbe vers la terre

arrosant d’un regard un plan de citations


Dans ce grand plat de danse et de vers grabataires

on patauge on s’y perd au gré de ses stations

la dépêche à la ligne à ce point délétère


On entend le clairon dans d’insensées batailles

au paradis de Bosch en son enfer aussi

tous les bruits de la nuit sont des épouvantails

et ceux de ses parents sont une prophétie


L’instant d’hésitation nous vient de ce lointain

chaque amour est un choix chaque abandon sa suite

il est si transparent (comme un miroir sans tain)

qu’on peut s’y lire en l’autre et tout le reste ensuite

mardi 12 décembre 2023

Cache-amarres




Je zieute une écrivaine ou deux observe-les

de loin battant des « L » et des « M » et du « Q »

de cette impression qui nous colle au cervelet


De ce spectacle inouï qui vaut d’avoir vécu

du beau tableau de nous pourtant que je veux laid

mais qui finalement nous trouve enfin vaincus


Le coup de foudre en Art est pareil à l’Amour

il est dans le désastre annoncé l’art de vivre

et crûment la façon dépecée du labour

écrire est aujourd'hui ma façon de survivre


Un rêve irréalisé n'est qu'un cauchemar

en créant nous songeons notre esprit déchaîné

chaque aussière ainsi larguée cache amarre

oubliée qui retient notre cœur enchaîné

samedi 9 décembre 2023

Clair-obscur

 


Le désir intense est un passage à tabac

quand on s’y confie trop ce sont des coups de points

des phrases arrêtées dans des eaux et débats


Ce sont ma couleuvre et ma vipère au poing

les serpents de ma vie ratée que je combats

ce clair-obscur étrange et dont je fais l’appoint


J'ai vécu trop de temps pour en garder l'odeur

et ma chair a pourri loin de la sainteté

la vieillesse est honnie qui porte la laideur

à plus de cinquante ans c’est mon honnêteté


Notre attirance est une passion passagère

ayant l’aspect bourru d’un livre envahissant

pourtant quand on y pense en forme d’étagère

aimer c'est produire un soleil éblouissant

vendredi 8 décembre 2023

Entre chats chiens et loups




« Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » — (La Bible, « Évangile selon Matthieu »)


I -

En quelque pas de danse et quelques entrechats
j’ai vu la décadence où sombre un état
de GUERRE
oublieux de ses populations parfois
de sa jeunesse et de sa vitalité
de ses pauvres animaux de compagnie
de ces victimes innocentes de la GUERRE
et son signe premier
des cadavres de vaches
au beau milieu des champs
les loups sont lâchés.


II -

J’ai vu cette indécence où sombrent les éclats
d’OBUS
les corps violés des femmes
les corps déchiquetés des hommes
et des chevaux
des animaux
des animaux de compagnie perdus sans leurs maîtres
aux corps violés et déchiquetés
des animaux estropiés comme autant de « gueules cassées »
mais passant au second plan
comme ces millions d’équidés
— je les ai quittés —
sacrifiés par la « grande » GUERRE
et par la folie des hommes.


III -

Dans les ruines
errent les petits chiens les petits chats
sans boussole et sans logis
que ce soit en Ukraine
en Syrie
sur la Bande de Gaza
quoique ils urinent
ils n’ont plus de territoire
et leur errance est le signe évident
de notre déshérence
et du mépris de l’humain pour ces espèces amies
du mépris de nous singes absolument sanguinaires
œuvrant à notre destruction mutuelle
œuvrant à l’extermination
parachevant les génocides
espèce abominable et géniale à la fois
(je songe à De Vinci).


IV -

Ce petit chat borgne me regarde
d’un œil interrogateur
et ce chien sur ses trois pattes
essaie désespérément de me suivre
en claudiquant courageusement
des canaris sont morts
au zoo
Madame rhinocéros est éventrée
Monsieur l’éléphant gémit
les gazelles affolées ont franchi le parapet
le Roi lion n’est plus qu’une bouillie de chairs
le tigre a peur et se terre
une girafe a le coup brisé
son girafon la lèche
un hippopotame est en train de flotter le ventre à l’air
et l’air est chargé de soufre
et de souffrances aussi.


V -

Nous nous entourons de nos petits amis
mais nous les abandonnons quand il en va de notre vie
c’est normal
et pourtant
ceux-là n’ont rien demandé
rien provoqué
parfois même on les dresse afin de déposer des mines
(en mer un dauphin, le chien sur terre)
et des pigeons voyageurs
ont même des décorations d’honneur
alors si loin de ces scènes d’horreur
on mêle à nos chaos ces enfants de la Nature
ainsi que nos propres enfants
cette innocence est la victime inouïe
de tant de barbarie.


VI -

Nous égorgeons le cochon
nous tondons nos moutons en bouffant leurs petits agneaux
(délicieux quand ils sont élevés sur les prés-salés de Normandie
près du Mont-Saint-Michel)
on élève en batterie les poulets
les bœufs sont électrocutés
le monde est devenu le produit de nos folies
qui résultent du profit
la GUERRE enfin
détruit l’ultime lien que nous avons scellé
dans le monde animal
en dispersant nos pauvres compagnons
dans la ville ou la campagne.


Épilogue -

Humain qui que tu sois
Repense à la détresse
à l’ami que tu laisses
à lui que tu déçois

jeudi 7 décembre 2023

Les enfants des combats

 


Les enfants des combats n'ont décidé de rien

ce sont des pantins qui n'ont dit ni oui ni non

dont le sort est au cul de ce raid aérien


Les enfants des combats sont la chair à canons

ce sont les numéros de chaque galérien

d’un matricule affreux qui ne sait plus son nom


Les enfants des combats ce sont les sacrifiés

l'envahisseur est fourbe utilisant les corps

et chaque enfant ne sachant plus à qui se fier

tue son vilain prochain qui lui ressemble encore


À chaque mère un enfant mort et la douleur

à chaque monument sa liste de prénoms

qu’importe la nation qu’importe la couleur

un enfant du combat s’est éteint avant l’heure


mardi 5 décembre 2023

Rêver

 


Dormir est la façon de quitter le présent

rêver c'est s'échapper à notre pesanteur

et songer aux années passées en se taisant


C’est aussi s’émouvoir écrire avec lenteur

imaginer de se mouvoir en malfaisant

serpenter de bonheur en outre en bon menteur


Il y a dans ce cas la grande altercation

du réel et de l’imaginaire en nos nuits

le sommeil est une longue interrogation

nous nous entendons bien dans nos cacophonies


Le temps est élastique et la mémoire aussi

le besoin de dormir est l'envie de rêver

le présent dépassé n’est plus qu’un pain rassis

mais mon désir entier n’est pas prêt de crever

samedi 2 décembre 2023

Tranchées

 Pardonnez-moi d'écrire au milieu de la nuit

je vous dis ta beauté qui te fit mon ressort

et le double langage éloigné de l’ennui


Ton regard a creusé la tranchée de mon sort

englué dans ma boue jusque autour de minuit

l'infini c'est l'idée que l'on a de la mort


En voulant t’imiter je n’étais plus qu’un cancre

un nullard engoncé dans de très beaux apprêts

chaque bouée relâchée s'écoule comme une encre

et l'Amour un doux leurre et nous courrons après


L'espace entre nous deux c'est l'oubli d'un baiser

j’ai tranché ces tranchées de ce qui nous déçoit

ce temps perdu qui nous a tant amusé

créer c'est se détruire en petits bouts de soi