Je n'écrirai pas ce soir.
Il ne faut pas écrire à chaque soir
ce serait publi-citer.
Ce soir
on écoutera le son des poètes qui m'hypnotisent
ils m'ont emporté dans le tourbillon de leur génie
dans l'épaisseur visqueuse assujettie
des poisseuses amours inspirantes
au bouche à bouche
ignifugées
réfugiées
des passions lentes
un peu comme un cancer
ou comme un capricorne
et qui trop pique
avec l'étiquette au col de l'utérus
afin d’éprouver la marque de Lilith
au fer rouge inscrit par les inquisiteurs de Salem.
Moi ?
Je n'écrirai pas ce soir.
Ou je ne ferai que répéter des choses entendues
publiquement correctes
en saluant les infirmes
abreuvant de ma salive un peu des pires atrophiés du bulbe
et refleurirai de mon langage
une déjà sainte entreprise
à la fleur du fusil
à l'ombre espérée d'une éclipse de lune adorée.
Je n'écrirai pas ce soir.
En laissant mes parfaits acolytes
à leurs diversions alcooliques
on sèmera des graines d'écrivains
dispersées au fil de l'intelligence
et poussant de tous les côtés littéraires
en bâtissant de leurs envies anticipées
ma guirlande lumineuse
au catalogue des fantasmes.
Enfin sur un sapin
se détacheront les boules de feu des fiancées
flambant neuves au détour d'un acte notarié
condamné
prêt à nourrir un petit bois de déceptions anéanties.
Je n'écrirai pas ce soir
il est celui des sombres clercs de notaires
il est celui des clercs obscurs
ils sombrent dans leurs écritures
et leurs publications
— puisque publiques —
offrent aux pauvres gens quelques "Oyez, oyez !"
dont se torchent les flammes amoureuses.
Aucune amoureuse ne me l'a demandé.
Sans amoureuse à quoi bon écrire ?
Être une étoile
à certaines est la fabuleuse combustion
dont le talent crée l'irrésistible éclat.
Lou la planète
Apollinaire était l'étoile
l'Iseult du temps triste et des averses
à Tristan les prévisions météo’
mais théologiques
et la cataracte affective
à laquelle nous rêvons secrètement.
Je n'écrirai pas ce soir
et d'autres pourront le faire à ma place.
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