lundi 30 décembre 2024

L'homme labyrinthe



Peindre une toile

ou réaliser un portrait

c'est extraire l'essence intime à l’être

afin d'en asperger le support

et Süskind n'est pas loin de la vérité dans son allégorie

du "Parfum" :

quelque chose est amoureusement criminel

en l'acte créateur au reflet pictural ou littéraire.

Il arrive heureusement que certains auteurs

(à la fois poètes et réalisateurs)

arrivent à ce point à décrire

une époque étant leur

qu’ensemble on suive enfin leurs géniaux leurres.

Ainsi

je serai le poète de la nouvelle effroyable

aliénante et démunie misère

à laquelle il me faudra parvenir

à pendre des mots

par la corde vocale au besoin.

J'ai rêvé de ces pendaisons

de crémaillères

où des funiculaires conduisent à la mort (organisée)

pour les simagrées d'une société

momifiée dans le dégoût d'elle-même

offerte en bouche aux miasmes

immondes et purulents de sa propre pourriture

éduquée par le verbe à la soumission carrée

du racialisme le plus sordide et le plus vain.

J'ai rêvé l'effondrement des cheminées de nos angoisses

un peu des pluies savonneuses dont on se lave à satiété

dans toutes les questions qui comptent.

Dis

dessine-moi un mouton !

C'est l'Aïd et je l'égorgerai.

Chaque homme est un labyrinthe

et plus il est intelligent

plus le labyrinthe est complexe

et peu d'entre ceux qui l'ont parcouru

sont parvenus à s'en issir.

Au bout de la Nuit

lorsque l'on écoute une belle musique

— à la façon de Satie —

tombe ainsi que la fin d'un second jour

une délicieuse sensation

celle de ne plus rien attendre de personne

et de résider dans un labyrinthe

une coquille de noix

prête à se faire broyer.

Soirée durant laquelle on s'escrime à ne rien faire

à trancher dans l'art au fil du rasoir

à raconter sa vie

pleine de trous à des passants-mémoire

extirpés d'un présent dépassé.

La nuit recouvre

assez souvent

les errements de chacun

c'est la raison pour laquelle on y trouve

un tas des musiciens les plus doués

les vendeurs de rêves les plus fous.

La nuit

c'est le temps des oiseaux aux pupilles énormes

et le moment des petits rats qui grouillent au Sol

ils en avaient perdu la clef.

Nous naviguons sur le radeau des villes

un peu comme des réfugiés d'un Eldorado

qui n'existe plus

que dans les prospectus

d'un libéralisme écervelé.

Les constructions de nos présents

sont les ruines que regardent déjà nos enfants

tout enveloppés de mensonges.

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