Peindre une toile
ou réaliser un portrait
c'est extraire l'essence intime à l’être
afin d'en asperger le support
et Süskind n'est pas loin de la vérité dans son allégorie
du "Parfum" :
quelque chose est amoureusement criminel
en l'acte créateur au reflet pictural ou littéraire.
Il arrive heureusement que certains auteurs
(à la fois poètes et réalisateurs)
arrivent à ce point à décrire
une époque étant leur
qu’ensemble on suive enfin leurs géniaux leurres.
Ainsi
je serai le poète de la nouvelle effroyable
aliénante et démunie misère
à laquelle il me faudra parvenir
à pendre des mots
par la corde vocale au besoin.
J'ai rêvé de ces pendaisons
de crémaillères
où des funiculaires conduisent à la mort (organisée)
pour les simagrées d'une société
momifiée dans le dégoût d'elle-même
offerte en bouche aux miasmes
immondes et purulents de sa propre pourriture
éduquée par le verbe à la soumission carrée
du racialisme le plus sordide et le plus vain.
J'ai rêvé l'effondrement des cheminées de nos angoisses
un peu des pluies savonneuses dont on se lave à satiété
dans toutes les questions qui comptent.
Dis
dessine-moi un mouton !
C'est l'Aïd et je l'égorgerai.
Chaque homme est un labyrinthe
et plus il est intelligent
plus le labyrinthe est complexe
et peu d'entre ceux qui l'ont parcouru
sont parvenus à s'en issir.
Au bout de la Nuit
lorsque l'on écoute une belle musique
— à la façon de Satie —
tombe ainsi que la fin d'un second jour
une délicieuse sensation
celle de ne plus rien attendre de personne
et de résider dans un labyrinthe
une coquille de noix
prête à se faire broyer.
Soirée durant laquelle on s'escrime à ne rien faire
à trancher dans l'art au fil du rasoir
à raconter sa vie
pleine de trous à des passants-mémoire
extirpés d'un présent dépassé.
La nuit recouvre
assez souvent
les errements de chacun
c'est la raison pour laquelle on y trouve
un tas des musiciens les plus doués
les vendeurs de rêves les plus fous.
La nuit
c'est le temps des oiseaux aux pupilles énormes
et le moment des petits rats qui grouillent au Sol
ils en avaient perdu la clef.
Nous naviguons sur le radeau des villes
un peu comme des réfugiés d'un Eldorado
qui n'existe plus
que dans les prospectus
d'un libéralisme écervelé.
Les constructions de nos présents
sont les ruines que regardent déjà nos enfants
tout enveloppés de mensonges.
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