mercredi 30 avril 2025

La légende



L'amour est une échappatoire à la passion

j'ai pensé ta beauté sous le drap du bonheur

et déploré le reste à l’ombre d’émotions


Je restais néanmoins d’un mauvais sang donneur

en nos romans l'absence est une évacuation

distillant d’insidieux remords au champs d’honneur


Aimons notre faiblesse un peu comme une force

et l'amère idiotie de notre humanité

ces ouragans soudains qu’affrontent les divorces

et la peine infinie de notre inanité


J’ai tripoté l’ordi’ tapoté le clavier

la petite souris qu’un cri de chouette effraie

comme un rapace en vol l’écriture a dévié

j'ai créé la légende en fabriquant du vrai

dimanche 27 avril 2025

Rubicon



L'attirance est une affligeante incertitude

et méfions-nous sans cesse aussi des émotions

lourde est la punition de la sollicitude


Envie tu fais de nous silencieuse potion

notre histoire aujourd'hui s'emplit de solitudes

apparues dans l’ombre de notre dévotion


La marmite aux passions bouillonne en chuchotant

« sois moins féroce en vain sois moins brouillonne en vrai »

l’Écriture en écho « je t’y suis mijotant

dans le bain de mon encre et dans les traits d’un livret » 


La beauté ne réside en fait que dans l'espace

où nous cessons d'instruire un jugement con

car à cette frontière un destin de l’espèce

est finalement de franchir un Rubicon

vendredi 25 avril 2025

Confusion



La vie me quitte au goutte-à-goutte un mauvais sang

jaillit comme un jet d’eau de mon cœur entr’ouvert

un liquide écarlate aux flux intéressants


Puis d’un coup tout l’esprit voulant se mettre au vert

on compose en musique une natte en stressant

pour finir un instant troubadour ou trouvère


Un amour essentiel est parfois anodin

mais son récit souvent fascinant qui s’en plaint

j'écris sans m'expliquer pourquoi j'écris soudain

créer c'est rembourrer du vide avec du plein


Nous habitons des H.L.M. en fin de vie

tout s'écroule et se fend se lézarde et s'effondre

on ne sait plus à qui demander le devis

le Bien se fout du Mal on pourrait les confondre

lundi 21 avril 2025

Parfum d'encens



Notre façon d'aimer s'emprunte aux digitales

aux doigts de gants dont les replis portent la mort

en ces poisons poudreux blancs de leur récital


La nuit j'écris comme un être en peine démord

au danger des relations extra-maritales

et de la tentation qui nous mène au remord


Elle est bien malchanceuse en m’ayant clairsemé

le teint de son visage est devenu livide

on ne saura jamais ce qu’on put essaimer

cet espace entre nous c'est l'écho de nos vides


Échoit dès lors un choix — les gens en ont deux —

la fuite ou le chevet d’un malade indécent

ma fatigue est le fruit d'un archaïsme honteux

les solutés de l'âme ont un parfum d'encens

samedi 19 avril 2025

Orpailleur



Si tu ne m'aimes pas j'irai me pendre ailleurs

agissant comme un schizophrène et sa psychose

il y a déraison d’y cogiter d’ailleurs


Un néant nu pour moi c'est déjà quelque chose

et ma logique abrupte est celle d’un orpailleur

au fil de cet aplomb dont on connaît la cause


Idée d'un monde illusionné que je connais

l'amour est un instant qu'un espoir emprisonne

à remonter le temps son engin déconnait

maintenant l’agenda que ses vœux empoisonnent


Objet de mon désir un fantôme est absent

celui que cherche encore un timide orpailleur

inhumant l’inhumain sentiment sans accent

laissez mourir en paix l’imprudent fossoyeur

vendredi 18 avril 2025

Châteaux de cartes



De notre vie la mémoire est le capital
la poésie c'est la dégradation du soi
dont le trésor est donc un immense hôpital

On s’y rencontre on s’y découvre on s’y déçoit
dans des vers à l’envers à la beauté létale
égale à ce nœud gordien découlant de soie

Nous nous vivons tous à des degrés relatifs
intensément puis beaucoup moins presque empêchés
parfois en adoptant l’état végétatif
aimer c'est d'abord apprendre à se détacher

Dans la pièce au discours que l’avenir écarte
on se répand liquide ému quoique on le nie
puis bâtissant sans fin de beaux châteaux de cartes
on se rebat la coulpe au son des symphonies

mercredi 16 avril 2025

Propriété



Nous sommes les enfants disséminés du vent

rassemblés par hasard au gré d’un jet de dé

d’osselets de parents sortis les pieds devant


Dans ces cas douloureux la vertu c’est d’aider

quand on rencontre en vain le psy’ sur un divan

tout est à réviser rien ne reste à plaider


Nous nous évanouissons en cherchant l'idéal

l’envie s'effeuille et se disperse en morceaux lents

pourtant le résultat rarement littéral

libère à l’unisson trop de gestes violents


L'amour éternel est l'idée que l'on se fait

de la propriété posée de l'un sur l'autre

et sa réalité n’est pas l’accord parfait

mais sa dissonance et ce marasme est le nôtre

lundi 14 avril 2025

L'enfance



Le Poème aide à percer notre intimité

nous sommes les ombres de nos pantins livides

au point de nous vêtir aussi d’habits mités


Sani-broyant les mots comme une bouche avide

en avalant la langue ainsi délimitée

nous fabriquons du plein dans un paquet de vide


Or en Poésie c'est penser en s'oubliant

la nuit n'est l'habit que de nos peurs ancestrales

on s’y dérobe à la va-vite en tout pliant

de nos velléités de notre corps astral


La mémoire est la bouée qui rattache au réel

le lien qui nous retient quand on se catapulte

en arrière et que la vérité s’y révèle

l'enfance est un instant dont on hérite adulte

dimanche 13 avril 2025

Des grives au merle



Nous marchons dans la neige et nos pas nous écrivent

en laissant dans sa trace un paquet d’émotions

les chants d’un joli merle au lieu de ceux des grives


Il en reste le fruit d’une étrange émulsion

d’un mélange inconnu mais quoi que l’on décrive

un imaginaire est le fruit de nos pulsions


La fin c'est un début qui s'arrête asservi

par un rythme assez vite usé d’y barboter

l'espace d'un instant c'est celui d'une vie

chaque jour est un gage à décrire en beauté


Le miroir aux reflets de nos brûlants désirs

est l'amplificateur absolu de nos chutes

où l’on noie dans l’alcool une image à saisir

et qui s’enfuit pourtant comme on nous dirait « chut »

mardi 8 avril 2025

La confiance



Je suis accompagné d’un rire un brin nerveux

d’une obsession sans fin qui demande une trêve

en Poésie c'est la torture à petit feu


Chaque mot calme un peu mais la relâche est brève

on voudrait bien mourir (il s’en faut d’un cheveu)

la nuit passe en rampant sous les feux de nos rêves


Ô mon amie ne me laisse pas seul et triste

aie pitié du niveau de mon ébriété

ne prends pas l’air navré si j’ai l’air d’un grand Christ

ta parcelle amoureuse est ma propriété


J’y repose et la croix qui m’écrase où je gis

ressemble à cet oiseau qui se bat dans la brise

à cette barque échouée dont l’étrave a rougi

la confiance est un objet délicat qui se brise

lundi 7 avril 2025

Nos cités perdues



L'amour incandescent fait partage indécent

des vœux et de l'espoir où nous poussons la table

aux multiplications d’un calcul incessant


À son école ainsi j’ai posé mon cartable

et j’ai pris des leçons de cours intéressants

qui me rendaient enfin la morale acceptable


En n’ayant pas l’idée de ce que j’en ferais

j’ai pensé tout de suite aux feux de nos cités

mayas perdues là-bas dans les forêts

chacun de nos regards est nos complexités


J'ai creusé des fossés pour aimer à ma perte

et découvert en elle et sa terre inconnue

le vestige inhérent aux lieux que l’on déserte

un reflet bien vivant d’un rêve à moitié nu

dimanche 6 avril 2025

Lettres d'or



J'ai rêvé d'idéaux sans fin touchant le fond

de bouteille à l’amer ancrage indélébile

où la main sale écrit ce qu’on croit plus profond


Ça convoque au détail anodin les débiles

et punaise en dits mots l’arthropode au plafond

de vert pilé — le soir on s’y fait de la bile


On se fait néanmoins au parfum des pétales

habillant ton corps nu comme le diable en porte

et décodant dans tes empreintes digitales

un peu de ce poison flou que ta fleur emporte


Il est bien agréable et me saoule à l’envi

se réveille incertain quand on sent qu’il s’endort

alors je le saisis quand je me sens en vie

le désir a sa signature en lettres d'or

vendredi 4 avril 2025

Le trait



Nous n’avons de l’attrait que d’un pinceau le trait

nous n’avançons de pas que ceux à ne pas faire

en rêvant des fées dont nous tirons le portrait


Nous buvons de leur eau qui a le goût du fer

et la couleur des yeux qu’un songe idolâtrait

se transforme en prière (un mystérieux transfert)


Un sourire est souvent plus précieux qu'un baiser

sa courbe est destinée comme un fil aux grands cieux

tendus de nos regards ainsi désabusés

quoique le sien brûlant fut aussi délicieux


Dans cet instant qui passe on peut tout sinon rien

tout détruire ou créer rien ne nous est donné

la lumière est venue d’un soupir aérien

la nuit dura le temps d’un jour abandonné

mardi 1 avril 2025

Dissonances



J'ai puisé tout au loin mon espoir affamé

dans quelque dissonance ou la disharmonie

l’Amour est bien plus beau quand il est malfamé


Quand il amène un vœu doré que mes mots nient

dans le double-jeu d’un poème amalgamé

qui n’est finalement qu’une cérémonie


La nuit ressemble aux papillons de notre errance

épuisante à l’envi dans les feux sidérants

de mon aveuglement dans la désespérance

en puisant ta salive et m'en désaltérant


Tout s'oublie malheureusement tout s'engloutit

cet accord innocent dont on sent la fêlure

est rompu dans les faits qu’on n’a pas déglutis

tous les mots qu'on emploie sont des clefs sans serrure