lundi 30 juin 2025

Tragique



Nous pourrions être un peu meilleurs en aimant mieux

dotant nos sentiments d’un programme amaigri

nous amenant vers un destin plus harmonieux


Nos yeux sont obscurcis par un regard aigri

la couleur d’un iris un peu parcimonieux

dit quand le ciel est clair ou quand le ciel est gris


Les mots que je fabrique ils sont bien là pour toi

pour te décrire et t’enlacer d’une expression

d’un frôlement de plume ignorant du pourquoi

le désir se résume en deux mots de passion


Tes yeux s'ouvrant ont la beauté d'une éclaircie

sans eux dans cette vie rien ne m’est plus magique

et volontairement je reste à ta merci

je suis sans toi je suis tout seul et c'est tragique

dimanche 29 juin 2025

Anna de Kyiv



J'embrasserai demain la foi lue sur ta bouche

et que bien peu m’importe à connaître ta langue

et que si peu m’importe en étant sur ta couche


Un baiser que l’on vole est sorti de sa gangue

il est comme un atout contre toi sous la douche

et l’effet que fournit ta peau lisse anti-gang


Un état de stupeur un étau si puissant

dans tes bras amoureux qu’en vérité recouvre

un tas de boniments sur un homme impuissant

nos sexes sont différents pour qu'on les découvre


Un Génie sort de mon cerveau comme une balle

et de la lampe d’Aladin la belle Ukraine

Anna de Kyiv je te ferai valser au bal

et nous rendrons hommage à notre unique reine

Ordinaire



J’étais sans le savoir un colporteur de maux

l’être humain qui d’un simple regard apeurait

fabriquer du désir est un enjeu de mots


Toi ma si belle amie qui sur mon cou pleurais

tu avais deviné que sur un lit d’émaux

chaque instant d'innocence est un vrai couperet


Tant que l’attrait de mon enclume à ton marteau

— tes larmes en flocons glissant comme des luges —

aura raison des lacs salés comme d’Artaud

nous ne sortirons pas des affres du déluge


Afin d’écrire il faut avoir instamment lu

(mon préféré c’était Guillaume Apollinaire)

et pour peindre il faut avoir aussi beaucoup vu

Chérie ce que j'écris n'est jamais ordinaire

samedi 28 juin 2025

Le roi de la douleur



J'ai saisi dans tes mains l'oiseau de la tendresse

hasardant ma caresse à ce que nous suivons

qu’on a bien trop souvent taxé de maladresse


Oui nous creusons le puits de science où nous vivons

postés parfois sans doute à la mauvaise adresse

et c’est pourquoi d’un rêve hantés nous écrivons


La nuit s'étend comme un grand drap qui m'enveloppe

et qui se gonfle au gré de ce qu’on voit devant

le mirage absolu des mots qu’on développe

un amour est toujours un instrument de vent


Quant à ces harmonies dont je m’étais instruit

je n’ai ni les pigments ni les fruits de couleur

rien jamais ne ressemble aux idéaux construits

je crois être parfois le roi de la douleur

vendredi 27 juin 2025

Sans-abri



Je scrute au firmament lorsque la nuit est fraîche

une étoile et ma vue s’est peuplé de vos cieux

qui dans mon pauvre cœur ont créé cette brèche


On peut bien se penser mystique et dévotieux

les poupées du destin sont percées de nos flèches

et le marteau de torts émis à tes beaux yeux


Bien plus que les mots ce que le regard exprime

est tout entier perçu dans son intensité

qui nous remue qui nous fascine et nous déprime

en nous laissant seul en face à son immensité


Mon actif est figé mon passif éternue

j’apprends tous les besoins que j’avais désappris

chaque endroit de ton corps à conquérir est nu

vivre un instant sans toi c'est être un sans-abri

jeudi 26 juin 2025

Calligraphie



La femme est une liane enserrant son amant

(qu'il est bon de mourir étouffé de désir

et qu’il est bon de vivre à l’aise étonnamment)


Quand chacun se nourrit de bouffées de plaisir

il est bon parfois de rougir innocemment

sans se soucier sans cesse à vouloir s’en saisir


Il est bon de masser des courbes frissonnantes

en écrivant des scenarii pensant pour nous

l'amour est un quatrain de rimes dissonantes

et le nôtre est emprunt d’un fantasme en burnous


J'ai fabriqué l'obscur en mes mots de clarté

de pleins et de déliés dont le sens est commun

de faux et de non-dits trop longtemps écartés

mais rien ne vaut la calligraphie de ta main

Spleen



Son parfum qui persiste imprègne un air ambiant

dégrafe un soutien-gorge où je l’ai déconstruit

des grappes souvenirs en étant son mendiant


Nous rêvions du bonheur en récoltant son bruit

du curieux feu venu d’un pompier m’incendiant

chacun de nous n’est plus qu’un fantasme détruit


Son regard est un puits qu'anticipe ma chute

un abîme enivrant de sa couleur absinthe

et soudain se posant de son doigt me dit « chut !

Il faut pas que tu croies que je suis une sainte »


Aux faux-pas que l’on fait le destin s’aventure

à chaque instant que nous vivons c'est le dernier

c’est le mirage étrange et qui rend la vie dure

et parole au moulin s’il ne peut le mieux nier

samedi 21 juin 2025

Le delta du Maroni



Nous naviguons à la pagaie que l’on dévoile

à ce fleuve insensé qui par là nous défie

de remonter son cours au lieu qu’on le dévale


Un temps que l’on recherche éperdu qu’on dévie

d’un geste impudique et que l’on revêt de voiles

et dont jamais assez quiconque se méfie


L'avenir imprudent marche en tête à couper

qu’on réduira peut-être ensuite en jivaro

— bouche cousue yeux clos mélodie syncopée —

de la révolution qui fit Bolivar haut


Trouver l'inspiration c'est chercher un filon

d’or pur et cet endroit que vif ou mort on nie

cet instant suspendu comme un pont (défilons

sur lui) vivants dans le delta du Maroni

mercredi 18 juin 2025

Lilith 2



Nous sommes des papillons que le soir occupe

et cherchant la lumière où l’on peut se brûler

nous permettant plus qu’au carré la tête au cube


Un calcul infini qui ne peut qu’ébranler

le désir étonnant que m’inspire un succube

avec en main les clefs du Paradis (mais prend les !)


Si l’Éden est perdu dont notre arche est l’alliance

arracher le Poème est bâtir un roman

l'épuisement dépend de notre résilience

et seulement d’un moment quand le héros ment


Dans chaque arbre épanoui se trouve un fruit caché

— celui des entrailles que le destin l’alite —

afin de se servir un bonheur arraché

profiter dans ses bras du parfum de Lilith

dimanche 15 juin 2025

Architectes



La Poésie consiste à semer le lecteur

en le prenant par la main puis en la lâchant

pour qu’il se montre enfin son propre directeur


En pensées le poète est un être alléchant

c’est un guide enivrant c’est un navigateur

et pourtant son bateau s’en va sur-le-champ


D’asphodèle une odeur est ce si frais parfum

qu’on tire au mauvais sort (ça m’est égal vos dés)

le début de la nuit du désir est la fin 

l'attirance est dès lors une idée galvaudée


Ma cabane est cassée je vis sous ses débris

ce qu’il nous reste enfin de vies sans consistance

un destin dispersé dont on se fait abri

nous sommes architectes de notre existence

vendredi 13 juin 2025

Brazil



La pluie tombe ignorant le bruit qu'elle occasionne

en levant ta paupière un ciel bleu se découvre

en une Amazonie vierge et que l’on visionne


On ira — déboire à la santé qu’on recouvre —

argumenter quant à ces plans qu’on provisionne

et que l’on abandonne aussitôt qu’on s’entr’ouvre


Œil absolu d’un bleu dûment céruléen

Brésil imaginaire Amérique instaurée

dans des travaux Patrick un rien herculéens

dont la rousseur est bien d’Irlande restaurée


La pluie tombe en bâtons sur un tambour éteint

l’Amazone s’écoule et l’orage impudent

jette son feu sauvage (un miroir et sans tain)

sous les pas hésitants d’un amour imprudent

jeudi 12 juin 2025

Hiéroglyphes



La nuit s'étend beau voile au-dessus du néant

les charniers de Gaza qui ne sont qu’un bon tien

moins que « deux tu l’auras » sombrent dans l’océan


Mais je conserve en moi la fierté le maintient

la certitude enfin ma foi de fainéant

la paix ne tient qu'au fil infime auquel on tient


La chaleur de tes seins sur mon torse entr'ouvert

a fusillé mes mots de ce plomb qui fait l'or

et mes absurdités à tort et à travers

ont l'opportunité de te plaire dès lors


On ne peut oublier les drames ni les cris

nul n’est élu calife en place du calife

il faut de nouveaux mots pour inventer l’écrit

l'énigme de l'amour est dans les hiéroglyphes

lundi 9 juin 2025

L'encens



Je garde de ta bouche un charmant goût sucré

ce réglisse écœurant que l’on trouve au bazar

et dont on ne peut plus se passer (feu sacré)


Ta silhouette est ce qu’on enseigne aux Beaux-Arts

éreintant les visions que je t’ai consacrées

le choix de notre union n'est qu'un fruit du hasard


Il est probablement tout autant le produit

d’un destin malicieux d’un curieux jeu de go

chaque amour inspiré se reflète en nos nuits

j'ai pris dans ta chaleur un supplément d'ego


Finalement l’encens dont on sait le parfum

sur un bûcher celui qu’on ne sent qu’en grillant

quand on rêve un visage il nous rattrape enfin

le bonheur est l'écho qu'on n'entend qu'en criant

dimanche 8 juin 2025

Le Grand Bé



Ta poussière étoilée s'incarne en ton sourire

éclairant la muraille au-delà des demains

de créneaux hérissés destinés à courir


On aurait pu trouver déroutant des chemins

la courbe de ta bouche héritée d’un fou-rire

et choisir à la fin d’applaudir à deux mains


Saint-Malo ventre mou je n’ai rien suggéré

Chateaubriand rêvait bien souvent d’un destin

dégueulant tous ses mots que j’avais digéré

la tombe est là qui m’attendait en intestin


Fabriquant du danger j'ai créé des issues

déchaussant du sillon la terre après labour

et l’îlot du Grand Bé bouche ouverte a reçu

le respect de ce qui reste après l'amour

vendredi 6 juin 2025

Fin



La Poésie nous raconte en parlant du Monde

épris tout en entier par un flux de pensées

dans un grand tourbillon de passions furibondes


Il y a des courants de marées dépensées

calculant le marnage où le désir abonde

ou bien ces sentiments dont on s’est dispensé


Laisse ma main sur toi t'insuffler mon poème

et sa brise légère effleurer ton échine

oui parce que ce vent léger que ta peau aime

est sur toi tatoué comme à l’encre de Chine


Idéogramme en vain qu’en mots nous traduisons

nous nous retrouverons dévorés par la faim

nous ne sommes enfants que de nos trahisons

tout peut être un début quand ce n'est pas la fin

jeudi 5 juin 2025

Transmission



L'heure harassée paraît toujours avant l'orage

avant la fin du jour renommé par Carole

ou Jean par tous ceux qui dès lors avait leur âge


Et de ces sentiments que vaut donc ma parole

une parabole enivrante a vu la rage

un avion qui descend en lente barcarolle


Un tir en feuille morte ô balistique indue

ta saveur épicée fit l'arrêt de mon cœur

aux comptoirs affolés dont je n’ai pas un dû

j'ai construit dans tes bras des moulins de rancœur


Alors au bout du compte — en bel aérostat

qu’on élève au septième en prenant du plaisir —

une courroie m’entraîne au-delà du constat

ce n'est que par passion qu'on transmet du désir

mercredi 4 juin 2025

Sans fond



La pluie d'été ressemble aux larmes des amants

l’écoulement qui rend les sentiments stupides

et ma plume enrichie calame désarmant


Je puise en ton regard une eau de vie limpide

au paquebot blindé que l’Art meut décemment

ma soif inassouvie n'est sans toi qu'insipide


Au bout du Monde on a la Baie des Trépassés

sa limite est le frein des créativités

l'avenir est au rêve et le rêve au passé

chaque instant que l'on cède est une éternité


Quand le temps s'accélère on oublie tout le reste

on pleurniche on regarde et les soucis s'en vont

chaque choix n'est l'écho que de l'un de nos gestes

on oublie que le temps creuse un grand trou sans fond

mardi 3 juin 2025

Le diable au corps



En posant sur l’épaule une tête indolente

en récitant mon poème es-tu folle de moi

ma fabrique du rêve est ta fête ambulante


Elle est l’usine à gaze où l’on pense à l’émoi

le pansement de guerre et notre agonie lente

où chaque heure en son jour a dépassé des mois


L'amour est la parfaite idiotie comme on l'aime

accouchant de la haine et semant l’ouragan

semblable à la dictature à Jérusalem

on lit mieux dans des mains ne prenant pas de gants


La qualité d'un livre est bien moins dans le fait

de l'avoir lu que de pouvoir le lire encore

et de toute romance on connaît les effets

comme d’un grand roman nous vient le diable au corps