I
Paris
Paris mon amante oubliée
dont les trottoirs suent de
gène une révolution manquée :
la mienne au long de ta
périphérie
de tes deux seins
de tes deux saintes :
Geneviève à gauche et ton
sacré cœur à droite
inversion
interversion latine en mon
quartier d’étudiant
anteversion des hanches au
saxophone
Bird’s land et son entrée
à l’hygiaphone
whisky, slalom, descente
l’Absinthe, l’absente
et l’ombre de celle que je
n’ai jamais rencontrée
Toi
tandis que la Seine comme
une cravate de notaire
s’épanche en nous faisant
nous taire
et que les fenêtres sur
cours
s’ouvrent à l’ombre
chinoise de tes courbes
qu’une vague chemise
absorbe comme une onde
au reflet gris des murs
calcaires des immeubles
et celui brut du zinc des
toits sur Toi
de mon écriture à l’encre
de tes doigts.
Tes hanches pour un sexe
aphone
les boucles de tes mèches
blondes
ta main déposée sur le
meuble
est comme une sculpture
en quête de rupture
l’interrupteur
corrupteur
et la Fée des faubourgs de
la Cité
s’en vient déposer sa
couronne de ronce étoilée
sur la chevelure de la ville
où ton image s’insinue
au goutte-à-goutte d’or ;
est-ce ainsi nue
qu’à son flanc tu
t’endors ?
II
On le sait pourtant que de
part et d’autres
- enfermés dans l’oubli
du fleuve d’Apollinaire en cette ville de ponts -
des corps cèdent aux
corsets de leurs fébriles colonnes
aux décors de départ et
non sur leur points de détail à la ligne
aux baisers langoureux du
gel et de ses lèvres malignes
à sa blessure en gerçure
félonne
où l’araignée de
l’écriture ampoulée pond
les larves des rêves qui
sont nôtres
et que sur les trottoirs en
dévers
où claquent les boules de
cristal
celui qui rend but tôt
celui qui tombe à la rue
bouffe tard
celui qui se voudrait
crapaud n’est que têtard
celui qui voudrait table
n’aura que tréteaux
dont cloquent les fesses qui
s’installent
à même tous ces tessons de
verre
bouteille
à la couleur de mon regard
désabusé sur le Monde
et sur la pauvreté
le misérabilisme
l’hypocrisie de
l’immobilisme des orteils
dans sa lente marche immonde
et sur la pauvreté
le misérabilisme
extrayant la pulpe de ta
beauté
comme un nectar épuisé de
leurs nombrilismes
à la presse expresse
imprimée par mes vers
dans la paume de l’Amen où
survécut Prévert
dans la douceur de ton
sourire aux glaciations d’hiver
et dans le cirque abstrus de
ton regard bleu-vert...
S’il m’est donné le don
de cueillir couleurs et
parfums
d’arpenter le bitume à la
recherche du mot FIN
si je suis l’abandon
le parapet des quais
le faiseur par hoquets
des couleurs de la Ville
oublie l’instant de notre
incontournable entrevue
qui sera forcément la plus
terrible bévue
de nos vies déjà viles.
III
Le miroir de ma Seine m’assène ma
scène incontournable
oubliant ses méandres pourtant
et les détours importants
qui m’ont mis si minable
à moitié connu
à moitié de circonstance
à moi Thiais, Vitry, Charenton jusqu’à
Paname
à moiteurs égalées rien ne vaut le
couloir du souvenir de ton corps
et les heures déversant du fleuve
incontinent l’inconstance
en torrents d’encre qu’éternuent
mes spasmes hérités de l’Indochine
ou du Viet-Nam
dans ce treizième - oh mon décors !
-
Glacière
glace hier
miroir des patins inoubliables
des amourettes suédoises
équatoriennes
et des passions sublimes mais friables
édictées au tempo des premières
prosodies grivoises
afin que tu sois mienne
et des absurdités de la jeunesse
triomphante
abattant la mesure
prise en courant
après les métros gnomes
enfoncés comme une aiguille dans les
artères en céramique de la capitale
penthotal
polynômes
équations délirantes sur la poursuite
de ces objets récurrents
dont on ne perçoit que tardivement la
démesure
et la nécessité existentielle
objets de splendeurs peinant à
l’essentiel
à savoir trouver dans l’inquiétude
de la débâcle dont nous sommes les glaçons
l’âme-sœur, la fille ou le garçon,
cet iceberg isolé sur la Seine
dont on ne voit que la “partie
émergée”
la partie forcément saine
l’aparté qu’on ne fait qu’émarger
en se limitant à signer des prospectus
administratifs
dans nos décisions prises d’un pas
toujours trop hâtif
à lier nos existences
ainsi qu’un boulet d’entrave à nos
chevilles
et dont la grande instance
inspire un verdict à ces filles.
Mais les peines d’amour et de prison
sont rarement définitives
qu’on s’aime à tort ou à raison
c’est de façons impératives
et chaque jour, chaque saison
succède à l’autre itérative
en imprimant sur le pavé de la Ville
Lumière
le reflet qui s’humecte de nos larmes
et fait briller le bel acier de l’arme
en cette vérité première.
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