jeudi 16 janvier 2025

Tunnels



Les constructions de nos présents

sont les ruines que regardent déjà

nos enfants enveloppés de mensonges

et l’ange exterminateur

expiant mes songes

a la tâche ardue

dont l’auréole est maculée

d’arc-en-ciel

où le soleil est diffus

le propos confus

la parole essentielle

où le pouvoir d’achat

se matérialise en mots malaisants

de ce qui reste un dû

d’un verbe indûment reculé.

Les êtres se bercent dans l'illusion d'être

alors qu'il faudrait pour ça

dépasser les illusions du paraître

et du vouloir exister

sans rien bouger autour.

Il faut entrer dans la bouche ouverte

où le monde avale

ingère

à moindres pertes

un morceau du genre humain

« Le dormeur du val »

un peu de chair

et de vieux parchemins.

Ce que j'aime dans la notion de « Voyage

au bout de la nuit »

c'est qu'elle n'a pas de rationalité délibérée

qu'on peut lui chercher un sens trivial

— elle lui échappe perpétuellement —

parce qu'elle n'est pas le produit d'une pensée philosophique

elle est l'expression spontanée

d'une vision poétique

inouïe

même inespérée

juste incoercible

innée

conviviale.

Au fond des égouts de Paris

depuis le camp de Mauthausen

pour une grande évasion

beaucoup les ont pris pour cibles

enfonçant dedans

la pelle à l’appel

en fonçant dedans

rats de laboratoire

en fronçant les sourcils

en forçant le respect

souterrain oratoire

où l’on prie le Dieu du justice

agneaux consentants

d’un sacrifice.

On se débat dans les idées

tel un Homme à la mer

on les saisit

comme autant de bouées de secours

et dans les trous

tel un Homme à la terre

on figure à la proue

d’une franche hérésie

sévère et sans recours

aux abris anti-aériens.

La perspective de rien

c'est déjà des brins de bonheur

et tout ce que l’on doit

dont l’on mérite aussi l’honneur

aux ténébreuses fantaisies

tout effleurées du doigt.

Depuis des années

je visite des tunnels

à la recherche d'une issue

vers je ne sais quelle existence

alors que chercher suffit à exister.

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