J'aimerais crever comme un pneu
sur la route du bonheur
et maquiller de bleu
ta paupière hallucinée
de rouge un peu ta bouche aux traits enlumineurs
un peu ton petit nez
tes tâches de rousseur
et tout ton charme apnée que je ne peux
désirer que de tout mon cœur
ouvert
à tes propositions
comme une aorte heurtée
clampée
dont les jets de sang
depuis trop longtemps
sont stoppés.
Tout ce que j'écris n'est qu'au fil de l'eau
le sombre reflet de notre noyade
et pourtant — Titanic à part —
on pourrait se rouler des pelles au fond du lac...
On dirait que tu es ma naïade
et moi ton monstre où les logs naissent
à coups de réseaux sociaux
de sites de rencontre absolument stériles
et de chemins qui ne se croisent jamais
sur ces routes où je m’use
où l’on me dégomme
où j’ai trop cherché mes muses.
Il me fallait néanmoins m’en trouver
la pauvreté s'habille aussi parfois de richesses intellectuelles
et de sentiments à fleur de peau
parfums de femme idéale
à présent ça sent le caoutchouc brûlé
la manif’ à dix balles
un abandon de son rêve initial
un air atrocement vicié
la pneumonie du baiser.
Les seuls gens dignes d'intérêt s'intéressent à vous
si vous vous intéressez à eux
mais le miroir est pauvre
en s’y cherchant si l’on trouve
un diable au garde-à-vous salue
d’un réflexe hitlérien.
J'aime les femmes qui n'ont pas d'avenir
elles ont le talent de chasser mon passé
sans projet tu n’es plus à punir
au présent plus simple à se conjuguer.
Les pneus se remplacent à chaque fois par paire
et je suis seul à rouler ma bosse
à moitié crevé
mais pour un échange
il faut trouver son semblable
et ce n’est pas gagné
c’est l’extension du domaine de la lutte
un capitalisme abstrus du sexe et de l’âme
œuvrant à la production de profils Internet
internés dans l’usine où rechapés
le rebus les menace
où dégonflés plus rien ne leur est plus net
ils sont pris dans la nasse
emportés dépréciés
les sentiments sont trop sérieux pour être laissés aux romanciers
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