Les discours lénifiants de L214 ou de
cette pneumologue psychorigide qui porte plainte contre l'Education
Nationale m'insupportent.
Qui sont ces intégristes moraux, ces
Tartuffe d'un nouveau genre — pire encore parce qu'aussi bien
convaincu de leur intolérance qu'un djihadiste patenté — qui
viennent nous culpabiliser de consommer de la bonne bidoche et nous
accuser d'être les responsables d'exactions menées par des malades
mentaux dans des abattoirs, qui préfèrent voir des minots exposés
aux attentats sur la voie publique à fumer, plutôt que de subir le
risque d'une tabagie passive dans une cour d'école ?
Malraux écrivit que "le vingtième
siècle serait religieux ou ne le serait pas". Concernant le
vingt-et-unième, il n'y a aucun doute : c'est le siècle des dévots
et des ayatollahs de tous ordres, le siècle de l'interdit, du
jugement de valeur, de l'incrimination fascisante, des prosélytes
d'un pseudo-bien-être qui ne ne recouvre que les névroses dont ils
cherchent à se défier, à défaut de parvenir à les déféquer.
La culture, les arts et l'histoire de
l'Homme sont étroitement liées à son mode nutritif et à
l'invention de ses drogues, de ses gentils poisons. La liberté si
chère à notre engeance est précisément liée au droit de
l'individu de fixer son niveau de consommation de toutes ces choses
dont il hérite avec l'éducation que lui confèrent ses aînés.
Je ne jugerai jamais un végétarien de
faire ce choix de vie, que ce fût tant pour sa santé que par choix
moral ; je ne jugerai jamais un fumeur — bien qu'ayant cessé de
m'adonner à cette passion depuis cinq ans — quand bien même
j'apprécierais de discuter avec lui de la dimension comportementale
de cette addiction ; mais je refuse absolument que quiconque cherche
à me dicter "ce qui est bien", cherche à m'imposer de
façon totalitaire un mode de vie qu'on déciderait pour moi et à ma
place.
Je trouve absolument normal de réagir
aux atrocités commises envers des animaux d'élevage, et je suis le
premier moi-même à réagir, mais je refuse obstinément que des
guignols — auxquels il me scandalise que les média tendent un
microphone écholalique — utilisent ce prétexte et pernicieusement
diffusent leur dogme infiniment contestable.
D'ailleurs, je suis biologiste de
formation, et je trouve à ce titre que l'on oublie bien trop vite
qu'une plante, qu'un arbre, qu'un végétal auquel je m'attache aussi
facilement en tant que botaniste convaincu, soit lui par contre
considéré comme une source de vie négligeable. Qu'on oublie que le
tabac est issu de la feuille d'une plante qu'on laisse vivre, à
l'instar du haschich, de l'opium, du kat, et que les psilocybes
poussent dans les sillons humides et frais de nos belles campagnes.
Je pleure sur la bêtise en train
d'envahir le cerveau des rejetons de notre société grasse et bien
nourrie, que ce soit de steacks aux hormones ou de graines certifiées
"bonne conscience", car à l'heure des attentats qui nous
frappent, elle a d'abord perdu de vue la faim. Il est vrai que ceux
qui prennent la parole ici, ne sont pas ceux d'une nouvelle misère
qui en a retrouvé le sens.
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