lundi 18 novembre 2024

Bride abattue



Je sais bien que ta main c’est l’affaire à saisir

aux mouvements portés par l'onde des marées

quand le soir est tombé j’ai senti ton plaisir


En coupant la séquence on vit l’indemne arrêt

chaque illusion d'envie trompe le vrai désir

(un cheval amarine à peine démarré)


J'ai distillé l'amour en de vagues liqueurs

en sentiments confus dont on pose la chape

en vapeurs éthérées qui m’ont brisé le cœur

(un état de nos décisions qui nous échappe)


On s’y perd assez vite et quoique l’on nettoie

dans cette dépression c’est qu’il faut surveiller

toute la pluie que j'éponge en m'allongeant vers toi

la nuit vient à bride abattue nous réveiller

dimanche 17 novembre 2024

Le silence



Nous n'inventons en vrai que des paroles fausses

écrire est pianoter des mots sur un trottoir

et finir au bout du décompte au fond des fosses


Aux lions nous accordons la victime expiatoire

un agneau sacrifié que nos passions défaussent

au roman le récit dont on fait répertoire


À l’adresse indiquée n’était aucun secours

et sur un corps de rude on aime en raide corde

être seul est être en vérité sans recours

aux bouts d'humanité dont nos mains se raccordent


Au départ on ne voit que l'amour en Poème

on se perce à veau l’eau le bidon de six lances

et de flèches d’éclisse aperçues en Bohème

en véritable intimité qu'est le silence

samedi 16 novembre 2024

Le grain de raison



Le grain de raison que l'on cueille au bon moment

s’il est le fruit de nous n’est pas mon seul atout

les grandes amours sont les lignes d'un roman


Nous cherchons à séduire en discutant de tout

nous oublions souvent le pourquoi du comment

nous croyons à l’exploit d’un plus grand Manitou


Notre attirance est-elle une fantaisie pure

un désir est un clignotant qui fait de l'œil

observant maladroit ta fantastique épure

et son carnet perdu dans un lit portefeuille


Il faut aimer sans cesse et sans fesse à céder

je suis à l'apogée de mon attrait pour toi

ce symbole absolu d’une lune obsédée

que le soleil attire en vain comme en Artois

vendredi 15 novembre 2024

Fragments



Ta fleur éclose et dans la rosée de son pré

ma foi tout arrosée de ton génie rampant

sous un ardent soleil lui permit de s’ombrer


Je n’ai pu la cueillir en cuillère et soupant

(s'inventer autrement s'évitant de sombrer)

la promesse est comme un cadeau que l'on suspend


J'ai laissé sur tes yeux le voile du mensonge

et ma tête est tombée d'accord avec le reste

ici quand on est mal on s'imagine en songe

on guillotine ainsi se vantant d’un beau geste


Énoncer des pensées en fabriquant des mots

tous les fragments de toi que je rassemble ont faim

de s’emboîter dans l’autre infinitésimaux

l'illusion de l'amour est un roman sans fin

mardi 12 novembre 2024

À corps et âme



J'ai dépêché dans le bassin de ton regard

un poison merveilleux dont l'encre est de ce bleu

qui fait l’âme amoureuse et le clin d’œil hagard


Un cyanure emprunté sur des bas-fonds sableux

peut-être aussi volé sur le quai d’une gare

on ne sait jamais ce qui déteint quand il pleut


La nuit fournit au lâche un pauvre abri précaire

autour étrangement de nos littératures

et de tous les tracés d’un compas d’une équerre

et d’un itinéraire en sa température


Enfiévré je t’écris sur cette mélodie

la parole est donnée si l’on s’en donne accord

respirer l’air ambiant puis tout ce que l’eau dit

tous deux sont imprégnés du parfum de ton corps

dimanche 10 novembre 2024

Guéridons



J'ai péché sur ta lèvre un oiseau de plaisir

envolé si soudain que ton sourire éteint

n'a gardé que sa flamme allumant mon désir


Et parfumée d’encens ta peau douce en est un

l’attraction d’un corps est née du verbe gésir

où ma vision de nous d’un miroir en est tain


J'avance à coups d'épaule à coups de cœur innés

quand je démets des mots les uns devant les deux

— désarticulant mon pantin mou suriné —

je me ressens parfois très beau (naguère hideux)


Pour nous ensorceler je fais tourner des guéridons

dans des oscillations contre toi démarrées

des vibrations disant ce que la guerre est donc

tandis qu’on se balance au rythme des marrées

samedi 9 novembre 2024

Mercosur



La frontière établie j’ai mis mon tablier

j’étais amoureux d’une amazone à jamais

pendant tout ce temps-là gémit mon sablier


Puis j'ai creusé ma tombe en pensant à l'Art mais

c'est justement pour elle en voulant m'oublier

que perdu dans mon trou je m’étais mal armé


Je chasse en pleine nuit comme un oiseau de proie

le mot qui cherche à m'échapper dans un talus

le vers ayant les dents aiguës d'une lamproie

le verre et l'eau qui coule et tout ce que t'as lu


Liquide argent vif et corrompu parrain

le Mercosur est loin d’être un Eldorado

mexicanisation des désirs un par un

tu deviens déjà ma Méduse et mon radeau

vendredi 8 novembre 2024

Tricotage



La pelote emmêlée j’en défaisais des nœuds

le fil d’Ariane était fragile était en prise

et l'amour un espace infime entre nous deux


Le fils au saint esprit la fille enceinte éprise

en tricotant du verbe on devenait laineux

ces tondus sur le dos cédant à cette emprise


On conçoit l'attirance en n'ayant qu'impression

de beauté déjà vue comme un sexe apposé

des vers que je finis d’un point de compression

pour éviter à l’encre un champ décomposé


L’aiguille à tricoter dans sa veine enfoncée

j’étais bien son poète et je maudis ces maux

que je pense et j’écris qui font sens et font ses

tressaillements divins de nous deux des jumeaux

mercredi 6 novembre 2024

Nova



Je veux boire à nouveau dans le creux de tes mains

l'eau qui me régénère et m'offre les ressources

inouïes de l’énergie que je puise en ton sein


Je veux remonter à toi comme on remonte à sa source

et dis de mes dix doigts tracer dans ton dessein

le parcours étonnant vers toi de ce gros ours


Sur ta lèvre inférieure un baiser survolé

a le goût de celui que l’on fait au miroir

il est l’éclat du but fermé sous ses volets

nos amours ont l’aspect d'oublis dans un tiroir


Et ton sourire unique est mon soleil immense

il brille intensément ma petite Nova

par toi l’écriture est la place où tout commence

aimer c'est s'inventer sans savoir où l’on va

dimanche 3 novembre 2024

Rivage



Dans mon cerveau soudain les trains de mots s'alignent

autant de wagons nus déportés par les nues

victimes d'un passage à la passion maligne


Être un ver à l'envers que le présent dénue

se métamorphoser comme un contact en ligne

est-ce apparaître au bout d'un oppressant début


Je ne suis pas si droit je suis un peu bancal

et j’irais bien pourtant en écrivant ces mots

gratter les sentiments sur tes cordes vocales

aider ta corde sensible aux sens animaux


Trop belle es-tu c’est vrai mais j’aime la bagarre

écrire est ce combat parce que tu m’as plu

mon naufrage abandonne aux feux de ton regard

un rivage absolu que je n'atteindrai plus

vendredi 1 novembre 2024

Samaïn



J'ai rêvé d'horizons de grands feux indécents

de ta peau tiède aimée de mes doigts ambitieux

ma sorcière est bûcher son corps incandescent


J’ai cueilli ce brasier qui me tombait des cieux

météore enflammé vêtu de l’un des sangs

dont j’hérite usurpant cette essence en tes yeux


Notre attrait se décide à coups de foudre et d'eau

d’éléments substantiels en mélange à leur nombre

attisé par la peur et tirant le rideau

la nuit nous ouvre à tous un vrai théâtre d'ombres


Appauvris tous les deux de nos impairs hâtifs

ennuis de Samaïn on parle à nos défunts

l'amour en vrai se conjugue à l'impératif

aimer c'est se donner à la mort à la fin

lundi 28 octobre 2024

Les autres



Souvent la vie commence en pensant à la mort

rêver plus loin c'est vivre en allant de l'avant

mais c’est se réveillant qu’on s’en rend compte alors


Un calendrier né de celui de l’avent

nous rappelle à ces mots qui font du plomb de l’or

en effet que notre réponse est dans le vent


Le puits de l'encre est un récipient de rancœurs

où l'on trempe sa plume en tremblant de la main

qui la guide pourtant dans les sursauts du cœur

et dans la plaine allant de l'hier au demain


L'enfer est un trou noir un puits de gravités

qui nous entraîne au fond quand nous sommes des vôtres

en parlant des sujets qu’on ne peut éviter

nous sommes les fantômes du présent des autres


samedi 26 octobre 2024

Ballade au bout du Monde



Nous passons dans la vie comme passe la pluie

(le souvenir est la charogne du présent)

pourtant je ne l’avais connue que par appui


Juste avant d’arrêter mes mots pendant douze ans

douze écrits fur’nt offerts (ils ont brûlé depuis)

j’allais de ligne en liane un peu comme un Tarzan


J'ai laissé dans un Brest occupé par amour

un body magnifique aux manches en dentelles

une ombre obscure éclairée par des yeux de jour

à l'azur assourdi maintenant m’entend-elle


En gros j’étais dans les bras d’une ex-amatrice

en attendant que le réveil et l’alarme sonnent

écrire est mettre un doigt dans l'encre et sa matrice

au son de la ballade à Melody Nelson

vendredi 25 octobre 2024

L'achèvement



Nous sommes dans la tentative inespérée

de fabriquer l'humain sans son humanité

sans plus de sentiments — cancer inopéré


De l’âme inopérante et sans d’identité —

l’intelligence artificielle est repérée

la chair est faible et nous restons son entité


L'attirance érotique est une hésitation

va devant-derrière et promet son logiciel

on pourrait bien rester tout en lévitation

sans jamais s'efforcer d'oublier l'essentiel


On pourrait être un moteur en cherchant ses chevaux

la mécanique enfin que l’on poursuit sans trêve

un sac inouï dont on emmêle l’écheveau

chaque amour est une ambition que l'on achève

mardi 22 octobre 2024

Alentours



Quoique je sois surdoué pour quelques boniments

je m’attache aux sujets dont je fus scrupuleux

je me suis donc nourri de notre dénuement


Sous tes reins j'ai vécu des instants fabuleux

souterrains des moments dans de beaux monuments

dans notre galaxie des endroits nébuleux


Procréant des enfers au lieu de paradis

je ne savais qu'en faire en apprenti sourcier

je marche à la baguette et tu me l'as bien dit

"tu finiras ta quête au fond d'un souricier"


J'ai posé sur ta bouche un ferment du futur

un serment d'amitié comme un lien sans retour

et dans ma tentative et puisque rien ne dure

un baiser sans pitié qui perdure alentours

dimanche 20 octobre 2024

Les amours alarmées



J’ai compté dans ta main m’accordant mon monôme

épelé tous les mots que j’écrivais pour toi

j'ai mangé sur le bout de tes doigts mon aumône


Énumérant nos vœux (tandis qu’on s’apitoie)

j’ai pondu des versets parlant des jolies mômes

et déversé des maux qui m’ont laissé pantois


Ma tristesse éblouie mieux te regarde en face

es-tu mon beau bourreau dans un écrin de sang

ma détresse accomplie que le destin préface

ou ma chaire amoureuse à manger indécent


La nuit ne débutera qu'à la fin du jour

où des roses lancées se seront refermées

je sais bien que si "jamais" rime avec "toujours"

un beau verbe s’impose aux amours alarmées

vendredi 18 octobre 2024

Dévoration



L'amour que l'on conçoit n'est qu'un enfant sans père

et son souvenir est tenace amer aux goûts

quinze ans qu’alimente un courant de quinze Ampères


Un regard émeraude éclairci par à-coups

ton visage de Vierge en priant « Notre Père »

et dans les yeux de jade un reflet pour beaucoup


Tous les mots qu'on oublie n'étaient pas à poser

mais la beauté c'est ton visage et ton sourire

un sentiment subtil à ta bouche apposé

ton silence emprunté ta larme et tes fous-rires


On conçoit cet amour en enfant qu’on nettoie

qu’on lange et qu’on retourne et parfois c’est malsain

l'ombre de mon naufrage est le portrait de toi

ma passion dévorante est inscrite en ton sein

mardi 15 octobre 2024

Ce que le cœur entend



J'ai raconté des linéaments de nos âmes

en serpentant tantôt de ci tantôt de là

chaque mot que je trouvais m’était un sésame


Endormi dans des rondins de bois coupés ras

le crâne emmitouflé j’écrivais à la rame

un paquet de pas-pied dans l’eau de l’au-delà


T'étais belle à la façon d'un saule éploré

je t’avais prise au mot comme une main posée

mais ça nous pique aux yeux — la piscine est chlorée —

l'amour est un récit de confiance imposée


Je rêve un univers improbable et somptueux

qu’on pense encore un peu quand on a quarante ans

la fée verte au jeu spirituel en spiritueux

nous faisons par passion ce que le cœur entend

vendredi 11 octobre 2024

Nuits brestoises



Je me souviens des nuits sans fin du bout du Monde

et d'épouser son corps en écoutant la pluie

sous la musique aussi les souvenirs abondent


En dégouttant la note est sur un parapluie

de partition perdue que la mémoire inonde

avec un vrai talent d’Achille et par appuis


Je n'étais qu'un fantôme et sa chair était vive

en étant au chaud quand la lampe était éteinte

on sentait palpiter son cœur et tout arrive

un impression d’eau-forte à nos passions déteintes


À Brest enfin le jour où tout a basculé

tout fut fini pourtant c’était ma sinécure

et maintenant lointain futur émasculé

ma nuit se pose à la façon d'un voile obscur

mercredi 9 octobre 2024

Immunité



Je me suis endormi sur un tranchant de l'âme

il a rasé ma peau puis arasé ma foi

j’écris pour me soigner ma plume est un calame


Il ne faudra pas me le répéter deux fois

ce mollusque encorné par un tort au « salam »

allait comme un serment venimeux dans le foie


Tout en créant sa douve — un château dans l’absence —

on était ses enfants pataugeant dans la boue

d'un temps perdu d'avance en notre adolescence

on luttait en cadence et nous restions debout


J'étais aveugle à la vision qui me le dit

mais survivant dans un pays totalitaire

où tous les droits bafoués sont notre maladie

la Poésie c'est un système immunitaire

samedi 5 octobre 2024

L'attirance



J’ai bâti des châteaux j’ai débattu des cartes

en Espagne ou d’ailleurs on rêvait d’arriver

c’est bien le bout du Monde en critiquant Descartes


Ou Rousseau/Voltaire (un don qui shoote à virer)

je ne pensais qu’à toi juste avant qu’on m’écarte

inaccessible étoile au pouvoir avéré


J’en ai connu bien des savants nous servant thèses

à foison concernant leur interprétation

de Rossinante ou Dulcinée de Cervantès

alors que c’est le feu de cette incantation


Ce qui de temps en temps donne un sens insensé

— qui véhicule en bref un instinct de survie

brutal — au désir éprouvé comme impensé

l'attirance est une impatience inassouvie

mercredi 2 octobre 2024

L'autre rive



Si je fais le bilan soucieux d’un terne été

je ne vois que du vide et tant de temps perdu

je suis à la poursuite idiote en vanité


De ce que je croyais qui nous était indu

quand nous faisons l'amour on rêve éternité

quand nous pensons la mort un songe est éperdu


Le sommeil est le bout d'un parcours inventé

les tout petits moutons sous les lits s'accumulent

et les mots du Poème aussi sont éventés

l’écho de ce passé que le présent simule


Écrire est la façon de mener un combat

contre le temps qui passe il nous reste l’envie

le murmure absolu quand je dis ton nom bas

la bonne nuit c'est l'autre rive où l'on survit

samedi 28 septembre 2024

Opiniâtre



J’ai pu batifoler de l’aile en bateau-Mouche

ai rêvé mon amour et ne l'ai jamais vu

je suis le naufragé des rives de ta bouche


À l’abri de tes bras j’ai commis la bévue

de m’escrimer à devenir un Scaramouche

et de toucher à la fin de l’envoi des vues


L'existence amoureuse est une collection

sur un panorama qu’on vit chemin faisant

suite à la promenade à la déconnexion

l'amour est opiniâtre il cherche en nous creusant


Quand la beauté s'affiche on ne peut que la voir

elle est dans chaque écrit la lumière allumée

pour moi la Poésie c’est un Bateau-lavoir

un désir est plus froid qu'un poème à l'aimée

dimanche 22 septembre 2024

Plus qu'il ne faut



J'en ai bavé d'envie de ta beauté brûlante

et me suis consumé dans le feu de tes yeux

comme on consomme une absinthe et de façon lente


En pèlerin du Mont-Saint-Michel à Lisieux

j’ai marché sur la plage aux visions purulentes

où ton corps a lâché mon regard audacieux


Chaque instant dans un rêve est un brin de réel

l’estran me soutenant j’avançais sans marées

j'ai rêvé ton désir en azur irréel

l’horizon me guidant je marchais sans arrêt


Je n'ai plus rien à vivre en oubliant ton âme

un souvenir afin d’en rapporter les cris

j’ai roulé bien des fois de Bretagne à Paname

ayant plus qu'il ne faut lu maintenant j'écris

vendredi 20 septembre 2024

Insomnie



J'ai cessé de rêver à force d'insomnie

j’aimais vivre la nuit la ville où j’habitais

je suis né de Paris comme on l’est d'un OVNI


Mais depuis l’incendie depuis qu’on attentait

de Notre-Dame au Bataclan tout me le nie

quand l'alarme a pris feu l'arme à feu crépitait


Qui le voudra pourra me passer les menottes

en début d'histoire on ébauche un long roman

tous les mots que l’on pose ont l'esprit d'une note

et dans le sacré Bon Dieu Verbe alors on ment


Nous petits pions posés sur l'échiquier du vent

nous pointions la soucoupe en marquant dessous « France »

important m'est d'aimer comme on crée du Vivant

Le passé petit n'est qu'un objet de souffrances