dimanche 30 mars 2025

Limitrophe



On écrit si souvent de si parfaits mensonges

à cette encre de sang dont on est le donneur

innocent que la vie sans soucis les rallonge


Une nuit s'oubliera sur l'absence d'une heure

et ce trou temporel agira comme un songe

inconnu nous parlant d'une dette d'honneur


Une union se consume autant qu’on la consomme

entre un jour et sa nuit chronomètre endetté

ce bref instant fugace oublié n’est qu’en somme

une horloge arrêtée sans sonner l’heure d’été


J'ai créé cet espace entre chacun des mots 

pour en insérer d'autres en pensant l’apostrophe

un fort attrait que je cisèle au chalumeau

l'attirance est une illusion très limitrophe

vendredi 28 mars 2025

Saint-Barthélémy



L'âme est un vaste oubli dont l'issue nous échappe

on est pétri d’humains de boites d’émotions

d’un silence de plomb dont on connaît la chape


Une nuit n'est que porte ouverte aux ambitions

la Saint-Barthélémy dans Paris on s’écharpe

entre un aveu deux Fois contre une dévotion


Ma douce France est le pays du génocide

on s’assassine en chœur au son d’une chanson

de Police en bouteille et qu’un blond peroxyde

au Roi du verbe on boit n’étant qu’un échanson


Le poison nous pénètre en pure inanité

ce serpent qui nous ronge et qui nous déracine

on y célèbre ici (bûcher des vanités)

l'amour et cette combustion qui nous fascine

mardi 25 mars 2025

Guantanamo



L'amour est étiolé comme une fleur violée

Le temps qu’on s’est donné m’était mal imparti

la fille que j’aimais avait les yeux violets


Fair-play pourtant j’étais en perdant la partie

j’ai baissé sa paupière et fermant les volets

je n’ai plus de lumière alors qu’elle est partie


L'âme d'un poète est dans les yeux d'une femme

(une attirance est fallacieuse étrangeté)

qui lance d’un regard en rallumant sa flamme

étincelle au brasier des mauvais sorts jetés


J'ai pleuré comme un saule une âpre solitude

en me tenant la tête envahie de ce mot

qui la raconte encore en vaine certitude

et me torture aussi comme à Guantanamo

lundi 24 mars 2025

Lever de soleil



Nous dépendons d'anneaux que les maillons déchaînent

et nous manquons comme un chaînon d’humanité

de désir — à la place on plantera des chênes


On fera repousser la date et le dattier

dans des retranchements de réactions en chaîne

on atomisera le navire en entier


L'espoir est passager clandestin pour le moins

l'amour est prédateur — il envahit l'espace

et se nourrit de nous — le temps m’en est témoin

brisant notre armure et perçant nos carapaces


En chaque guerre aimer c’est survivre au couchant

face à la mort aussi c’est une porte ouverte

à la vie qui perdure offrant son plus beau chant

tout lever de soleil est une chance offerte

vendredi 21 mars 2025

Inéluctable



L'amour est un transfert et c'est donc un voyage

un transport ineffable un bien que l’on commet

pour un soi dépressif et sa vision sauvage


On le consume à moins de bien le consommer

peu de sexe à mon sens (et jamais sans nuages)

on l’avale à tout prix mais sinon c’est un met


Je caresse à la lettre un délié de ta plume

où l'art de la paresse est la calligraphie

chacun de tes gros mots baise autant qu’une enclume

et ta bouche sucrée fait de moi son confit


Tout le monde se quitte en pleurant ses adieux

mais se sachant pourtant sur un siège éjectable

aimer l'un l'autre est apprendre à ramer à deux

la beauté d'un grand drame est d'être inéluctable

mardi 18 mars 2025

La jeune fille à la perle



J'écris pour chasser loin de moi l'odieux réel

le poème idéal est refuge à beaucoup

distillant les reflets des lumières femelles


La beauté de ses yeux qui m’attrape d’un coup

me rejette en moi-même et lorsque tout s’emmêle

l'amour est un goût le désamour un dégoût


Le vers est dans le fruit pourri de nos entrailles

en y trouvant la perle on trouve la beauté

la lueur apparaît dans ce joli vitrail

un fruit de ma passion se nomme "intégrité"


J'aime en passant minuit m'ouvrir à l'écriture

elle y est tout à coup brute et sans parachute

un regard éperdu me dit que rien ne dure

et le tableau se tait dans sa toile de jute

dimanche 16 mars 2025

Sérénade



La force des auteurs à jamais parmi nous

réside en ces écrits qui les font vivre encore

à ces récits sans faim qu’on relit qu’on dévore


À nos rêves d’adolescents faits pour minous

pour minots désœuvrés inconscients du décor

et de ce maquillage — à la bonne mine où ?


L'enfance est la part que ne perd jamais l'artiste

extrayant de tes yeux la couleur de ses rêves

et juste en un instant tout en ayant l’Art triste

il t’écrira l’Amour en quelques phrases brèves


Écoute-le chanter sa jolie sérénade

elle est pour toi crois-le même si le mot ment

le poème assumé n’est qu’une marinade

où nous nous baignons tous attendant le moment

samedi 15 mars 2025

Comme une lampe après l'amour



Le jour a distillé son effet placebo

la nuit qui s'offre en noir est un gouffre béant

je regarde le lac apaisé tant c'est beau


Son eau calme est en moi mais au cas échéant

je ponctue ma chanson d’une marche en sabots

de cette mélodie qui confine au néant


Tout désir est entre trois points de suspension

sa poursuite infinie pèse en nos sentiments

dont on ne prédit pas l’indicible expansion

quand on ne répond pas je me tais prudemment


La femme épanouie montre un aspect végétal

et tout son ciel est teint d’un beau reflet glamour

— une fleur (et pas nue) dans un chaud récital —

le soir éteint comme une lampe après l'amour

jeudi 13 mars 2025

Le parfums des mots



L'avenir au début n'est qu'un passé souffrant

forgé le plus souvent à coups de chalumeau

dans un rapport étrange ou bien lâche ou bien franc


Je suis un pantin désarticulé de mots

qui les vendait toujours en chaîne au plus offrant

sans se soucier du chas où passait un chameau


J'écris dans le vide infini de ton absence

et n'étant qu'un gamin bousculé par la vie

la musique et l'amour imitent les sens

en te rêvant du bout des doigts (dessein-lavis)


Les caresses des sons sont des gestes sensuels

ils emploient leur écho dans de vastes travaux

nul ici ne peut nier l’attirance sexuelle

où l’on sombre enivré de parfums si triviaux

mardi 11 mars 2025

Du corps à l'âme



J'ai laissé des baisers sur des bouches d’égout

concocté des chemins devenant des errances

aux sourires éteints qui marquaient le dégoût


Je ressens l’impression crue de la déshérence

et le rythme incessant du batteur et des coups

chaque nouvelle idylle est un nid d'espérances


Un amour émergeant n'est jamais qu'une énigme

un monde oscille entre ton étreinte et ma foi

l’univers étonnant d’un odieux paradigme

assurant qu’on ne vit ce moment qu’une fois


J'écris respire incapable de vivre sans

sur ton ventre allégé fini de jouer aux dames

encre obscure en moi se faisant du mauvais sang

ma plume te décrit donnant corps à ton âme

dimanche 9 mars 2025

L'armure



J’ai créé de curieux mondes imaginaires

où grandissait le monstre issu de ma psyché

d’un rêve inouï dont il était originaire


Après avoir cueilli les fruits de mes péchés

de mes deux mains sans que ceux-ci ne dégénèrent

à moins d’ignorer ceux qui m’en ont empêché


L'art mûr est une protection contre les cons

si dormir est un souhait rêver est l'exaucer

protégeons-nous de ceux qui jouent de l’hélicon

de ces poisons violents copies de l’exocet


Comment trouer le ciel et rencontrer l'amour

un missile est un puits quand mon encre en larmoie

mon écriture est là quand je suis à la bourre

avec un sentiment de vide autour de moi

samedi 8 mars 2025

Les amours importunes



Je n'oublierai jamais mes amours importunes

à chaque instant je pense aux mots qui dessinaient

l’élan fougueux de ces faveurs inopportunes


Et d’une amante religieuse on dégainait

les bas qui constituaient les crans de l’infortune

au cinéma du sexe où l’on se démenait


La vie m'a joué des tours et j'ai compris enfin

curieusement que c'étaient des tours de magie

le corps on le transperce il s’efface à la fin

sur sa tombe on écrit commençant par « ci-gît »


Si le mariage est pour tous une institution

vaguement passagère et sent le renfermé

le divorce en revanche est sa destitution

dans l'espace immobile entre des bras fermés

vendredi 7 mars 2025

Le Canard Enchaîné



L'infime densité des sentiments m'anime

un électron libre est venu me renchaîner

la différence ainsi n’est vraiment que minime


En lisant mercredi « Le Canard Enchaîné »

les papiers rédigés étaient tous unanimes

un marasme absolu s’est sur nous déchaîné


Marin(e) le pen est le sous-marin de poutine

au plus profond du cœur infiltré de la France

un dictateur ricain s’en est fait sa routine

humiliant l’ukrainien comme un vieux facho rance


Aujourd’hui plus n’est temps de céder à l’émoi

faudra-t-il résister ou bien changer d’endroit

j'ai laissé des poignées d'idées mûrir en moi

l'enfer est un espace infime après le Droit

mercredi 5 mars 2025

Reflet d'optiques



Toute heure est infinie quand on tait les secondes

et le temps qui trépasse est soudain replié

mais les mots rescapés justifient ma faconde


Écrire est comme un vent dans de grands peupliers

soufflant sur mon esprit — la mémoire est féconde

en comptant sur mes doigts tes baisers oubliés —


J'ai bâti des châteaux dont le sable est la ruine

et leur chute en ex-bagne a failli me coûter

l’eau de vie mélangeant l’eau de mer à l’urine

en ton sang goutte-à-goutte il me faut te goûter


Je sais des tentations dont le fond nous déçoit

dont le mirage éteint nos visions synoptiques

assombries tout d’un coup dans le défi de soi

l'illusion de l'amour est un reflet d'optiques

dimanche 2 mars 2025

Assuétudes



Qui que tu sois je voudrais te donner du rêve

au tourniquet du soir où peuplées mes pensées

dénient la vérité que l’existence est brève


En poursuivant le sable écoulé du Passé

la trace émue de pas empruntés sur la grève

on se retrouve épris d’une âme dépecée


Ma nuit se pose ainsi sur toi du bout des doigts

sur tes yeux grands ouverts et que ma main recouvre

— en étant de partout n'étant de nul endroit —

c'est dans l'indécision d'aimer qu'on se découvre


Un jour on m'entendra siffler comme un serin

tout en bénéficiant de notre mansuétude

il suffira d'un rien mais je serai serein

quand j'abandonnerai le goût des assuétudes