mercredi 31 juillet 2024

L'affront



Quand les baisers ne sont plus que des souvenirs

alors un souvenir est souvent un baiser

dont le poison ternit les portraits à vernir


Au fond des nuits se terre un peu de nos envies

perdues longuement dans ces douleurs à venir

et dans ces raccourcis où j’égarais ma vie


Chaque fois ton visage entre dans mes matins

viole par incursion ma faible intimité

je voulais t'oublier mais mon cœur est mutin

pirate et convaincu d'arracher sa moitié


Rêver c'est se construire en oubliant l'affront

que désinvoltement tu fis à mon encontre

et qui m’empêche encore aujourd’hui du front

de guerre lasse un état plombant mes rencontres


Lecture audio

dimanche 28 juillet 2024

Prière



La nuit coule en poison dans ma veine envahie

qui mène à mon cerveau l’image un jour rêvée

cet ovale absolu de ta bouche ébahie


Dans mon cercle d’amis tu n’es pas arrivée

tu n’as pas pu m’aimer tu ne m’as pas haï

tu n’as rien déclaré qui n’ait pu m’entraver


Dans le nid de mes mots naissaient des hirondelles

et d’oiseaux migrateurs ayant le goût du vent

j’ai fait de grands voleurs œuvrant à tire-d’aile

et dérobant des bouts gardant des goûts d’avant


Rien n’est plus précieux qu’un passé qui nous décrit

qui nous décrit debout quand nous avions un toit

jamais pourtant priant je n’avais rien écrit

la nuit les mains tendues je me recueille en toi

mercredi 24 juillet 2024

Métal hurlant



J'ai glissé dans ta poche oh ma jolie poupée

des billets amoureux brillant de mille feux

de l'ordinaire en pièces à raccommoder


Rêvant de ta beauté loin de débiles vœux

j’écrivais des versets dont tu n’as pas soupé

poésies renversées consenties comme aveux


J’ai tenté de te vendre en passion démodée

tant de beaux sentiments te pensant l’ingénue

d’un baiser le démon du souffle d’Asmodée

je suis né sous la foudre inouïe de tes bras nus


J'ai caressé tes seins comme on saisit du sable

écrire est un exploit quand on meurt en parlant

mais mon élocution qui n’était que passable

a soudé ton accord à mon métal hurlant

samedi 20 juillet 2024

Icare



Donnez-moi des idées je suis médiocre en tout

je ne sais plus aimer je ne sais plus écrire

et ma plume est un poids que je maudis surtout


Je m’envolais pourtant dans des cieux à décrire

et sous les yeux d’Ariane un fil échu tatoue

dans ma cire fondue des rêves à proscrire


Icare ayant — dès chu trop proche du soleil —

englouti tout espoir en notre mère Égée

trop peu déçu déchu des bornes du sommeil

il m’a fallu créer des formes imagées


Bon train j’allais tissant cette tapisserie

bon tain comme un miroir il faut bien réfléchir

un fil est si fragile et l’eau tapie s’en rit

le Destin c'est la chose impossible à fléchir

mercredi 17 juillet 2024

Calame

 


Écrire est un héritage étrange et sans fonds

qui nous conduit sans fin jusqu'aux extrémités

de la légèreté tant que d'autres s'en font


Recoudre au fil des mots tous ces manteaux mités

quand soudain je m’en vêts tant que d’autres s’en vont

chaque phrase ressemble à mes calamités


Qui saisit son calame y tait sa calme âme — oui —

la plume avant de servir à voler décore

échangeant plomb par or et parure et tout ouïe

se fond lentement dans l’épuisement des corps


À des bribes de pluie pianotant sur mes doigts

je dois tant de billets (de pensées par e-mail)

en banques de données qu’inverse à leur endroit

j'extraie la lumière en mes levers de sommeil

mardi 9 juillet 2024

L'escalade d'engagement



Je subis le biais des coûts irrécupérables

en attendant le temps de la séparation

je me sens fort et faible et je suis misérable


Un désir est l'oubli de nos obligations

je recule et j’ai peur et pourtant je m’ensable

à la fin tout perdu dans cette inhibition


Le froid d'un univers est un décor abscons

j’ai sacrifié ma vie sans pouvoir te quitter

coupable au moins je crois d’une offre de gascon

mais quand tu es partie je n’ai pu m’acquitter


J'ai rêvé de tes seins sans plus rien à la place

un cœur était à vendre et voulant l'acheter

je n'ai plus su te plaire et la pluie me remplace

en amour incertain face à nos lâchetés

vendredi 5 juillet 2024

Rêver peut-être



Chaque amour illusoire est un vrai souvenir

il compte autant souvent que le premier baiser

sa mise en scène importe autant que l’avenir


On scénarise à fond son fond quitte à biaiser

mais on sait que sa forme est un jour à venir

on sait que notre viande est un jour à braiser


L'amour se dessine en pointillés comme un rêve 

interrompu par un instant paradoxal

et pourtant d'un sommeil apparemment sans trêve

un visage apparu s'est posé dans ma salle


À l’écran ma nuit blanche est dans mon cinéma

m’endormant à son dos des beautés y défilent

et peut-être un instant lorsque j’en perds le fil

le besoin fait un fruit de ce qu’on abima

lundi 1 juillet 2024

Obsédé textuel



Ma tête est remplie de ces mots qui s'amoncellent

et pourtant moi je ne leur ai rien demandé

je n'en fais pas la Bible et bien moins un missel


Un petit chant parfois qu'on m'aurait commandé

la partition salée d’un breton demi-sel

un beau coup de filet de mes mots ramendé


J'ai bu dans ton œillade un nectar incroyable

une salive immense alimentant mon cœur

et cette déraison qui semblait improbable

où je me suis échoué sans la moindre rancœur


Rien n'arrête en vrai la volonté d'écriture

elle est un grand barrage en passe de céder

mais seulement sa vérité c'est la rupture

on ne peut l'arrêter juste en être obsédé