vendredi 28 février 2025

En guerre



L'avenir du Monde est en jeu vers Odessa

face aux tyrans malsains nos phrases sont des bombes

en disant seulement ce qui chute en-deça

ces sanglots émouvants qui fleurissent les tombes


On décrit ces visions dont on est obsédé

ça te pète à la gueule aux liaisons déconstruites

(en ne décidant pas pourtant de décéder)

la mort est bien une fiancée mal instruite


En l'Art est résistance et la stance est en or

en airain la Loi naît de ces métaux précieux

qu’on nous vole à l’envi que nous piquent les forts

et dont ces antéchrists en décorent leurs cieux


Vous pauvres fous reconvoquant les démons

de la guerre et des maux d'insondables ténèbres

en mettant contre vous Saint-Michel et son Mont

c'est du mal incarné dont vous serez célèbres


En russie d'aujourd'hui c'est ce mal incarné

l’odieux viriliste où se cache un impuissant

dans sa tombe Pouchkine aura beau se tourner

de poutine il aura cette épitaphe au sang


La pute en toi putain d'putois peste intestine

— affreux vampire horrible assassin qui nous fâche —

abat le jour enfin comme une guillotine

en nuit recouvre absolument les yeux des lâches


Ô lâches infamants vous les laids vous les traîtres

occidentaux menteurs et mesquins usuriers

votre chef insensé fait office de prêtre

et vend son indulgence au pire aventurier


Dans l'armée de mes mots point n'est de bon soldat

nous ne nourrirons pas les loups du cauchemar

au contraire un aveu que la vie m’accorda

la plus belle invention de l'Homme est la mémoire

dimanche 23 février 2025

Pousse-au-crime



J'ai vu l'imaginaire infini de nos sens

opter pour un massacre en petit comité

pour un meurtre acceptable oubliant l'innocence


À présent délivré de toute infirmité

j’ai cédé le dérèglement de toute essence

à ceux bénéficiant de l’unanimité


L'amour endimanché se comporte assez mal

aimer c'est déserter le champ du tout-puissant

qui juge et se prévaut parfois d’être aussi mâle

aimé si pauvrement qu’un pale adolescent


Faisant preuve à la fin de malhabileté

tombant le masque assez souvent comme on se grime

on récite son conte aux comptabilités

chacun de nos désirs est un vrai pousse-au-crime

vendredi 21 février 2025

Éprouvant



Chaque amour est un effort ininterrompu

le désir est un appareil en immersion

son périscope a vu (la noce était rompue)


D’un sous-marin jauni la fausse direction

l’expression tordue d’un fichier corrompu

le vrai code incivil actant sa suppression


La Beauté se tarit d'aridité du cœur

et dès lors on vieillit sans se soucier vraiment

des lèvres tuméfiées qu’on baise en chroniqueur

aux lettres enflammées d’un Verbe où l’on se ment


Les chemins de nos vies ont la pente infinie

la descente est rapide et peu sont survivants

le rythme est brisé (les pronoms indéfinis)

l'attirance est un imaginaire éprouvant

mardi 18 février 2025

Problème



Chaque baiser que l'on pose est un don de soi

quand la nuit s'offre au jour on attend leur enfant

cependant le soir a l’aspect d’un bas de soie


Victime assez souvent d’un intime étouffant

le couple agonisant chaque fois se déçoit

c’est fatal y compris lorsque l’on s’en défend


Sans toi ni loi je suis sous les intempéries

comme tombe la pluie s'abat la guillotine

et le meilleur récit venu le temps périt

comme achevé pour sûr à coups de chevrotine


Il faut toujours fermer la parenthèse après

chaque histoire entamée puis finie quoique on l’aime

arithmétiquement se font tirer les traits

chaque enfant du désir est le fruit d'un problème

lundi 17 février 2025

De cape et dupée



Sans ta lumière il m'est impossible d'écrire

à ton chevet la liberté s'achète au prix

du sacrifice amoureux si simple à décrire


Il est venu le temps d'effacer le mépris

ce sentiment fardeau qui ne cesse d’aigrir

et cherche dans l'après de son jardin l'épris


Quand un désir inspire on l'explore en transports

on s’en souvient plus tard à la plume ou l’épée

quoi qu’il en soit l’amour après coup c’est du sport

à tirer l’attiré(e) cette escrime est dupée


La question de la mort est notre espace ultime

à fleuret moucheté qu’on se touche ou qu’on nie

tout n’est que l’expression de notre verbe intime

un pépiement d'oiseau sonne en parfaite harmonie

dimanche 16 février 2025

Délicate



J'ai perdu la passion du poème et Rimbaud

sa houle et son clapot comme son bateau tangue

ivre enfin j’imitais l’impression du rabot


Dessinant en ces mots des entrelacs de langues

enterrés sous les nuées ce vestige du beau

que je cherche et retrouve extirpé de sa gangue


Alors en pataugeant dans ces flux véhéments

tous mes pieds sont des pas mon poème est en marche

il faudra nous brûler pour exister vraiment

dans les feux du couchant notre alliance est une arche


Entre les éléments qui forgent cet anneau

tous ces chaînons manquant que j’assemble avec hâte

il reste une impression tombant dans le panneau

nos relations sont une passion délicate

samedi 15 février 2025

Le mérite



Qui saurait décrire un sentiment si puissant

qui pourtant nous emporte au courant malotru

qui coule en vain — mes mots affluent comme le sang


J'ai laissé l'opportunité d'un rêve abstrus

croître entre les deux mains de mon futur absent

grandir incidemment comme un vulgaire intrus


Mon présent n'est pas vôtre il est de ma mémoire

il est ce récit faux qu’on raconte en leurrant

tout ce qui s’accumule au fond d’un vieux grimoire

aux pages écornées que l'on tourne en pleurant


L'amour est impartial et sa rancœur aussi

chaque femme a son ressenti qu’un homme irrite

et quoique nous trichions ce n’est pas sans soucis

nous n'avons que les amoureux qui nous méritent

vendredi 14 février 2025

Orangeade



Rien ne prévoit ce qu'il existe à graver

quand le ciseau pour pierre a repris son essor

un peu de ma mémoire en semblait aggravée


Mais ton sourire immense est un pôle un ressort

rêver c'est aimer autant qu'aimer c'est rêver

ton aisselle est salée ton épaule en ressort


Et si ma langue obtient de la tienne un avis

toi tu es si jolie que la tête m'en tourne

écrire est ma façon de truander la Vie

ta silhouette m’enlace et ton âme m’enfourne


Exister c'est croire autrement sa destinée

ta bouche appétissante au goût d’une orangeade

a la saveur inouïe qui fait que j’y suis né

dans les croissants de lune et de tes yeux de jade

jeudi 13 février 2025

À cru



J'ai longuement rêvé d'espaces insoumis

de plages d'écriture où débarquer sans crainte

aux mines de crayon peignant mon insomnie


J’ai dessiné le trait des voies que l’on emprunte

afin de s’éviter le son des calomnies

du mensonge inhumain dont les voix sont l’empreinte


À cheval à présent sur une partie rance

où déferle un remord aux dents mal équarries

j'ai composé la partition de l'attirance

et disséqué l’amour en bon Romain Gary


Les horizons bouchés des fins de nos histoires

ont cet air embrumé des bas quartiers de Londres

et l'atmosphère accrue qui mène au désespoir

aux confins de la nuit qui se nourrit de l'ombre

dimanche 9 février 2025

Syndrome d'abandon



L'amour est l’artefact à la séparation

de la mère et pour ça quoi que nous en pensions

se pose à nous le genre et troupes de questions


Fusant à son sujet jusqu'à l'indigestion

bien malheureux le sexe en a la propension

loin de nous seulement l'impossible gestion


L'idéal est un gros bateau dans l'inconnu

dérivant dans la glace et souffrant de l’onglée

ne tournant pas la page ouvrant au festin nu

nous sommes dans la nuit des enfants aveuglés


Le passé nous rattrape y compris dans l’oubli

les meubles regorgeant de papiers voient le don

de ces vieux mots lointains que l’on a mis sous pli

nous sommes les forçats souffrant de l’abandon

vendredi 7 février 2025

Malsaine



L'attirance est une embuscade insignifiante

où nous plongeons sans cesse (une cascade inouïe

dont la valeur en vrai ne vaut pas une fiente)


Un brin de lumière au plus profond de la nuit

me permet d’éclairer nos chemins sois confiante

on ne sait jamais trop quel obstacle nous nuit


Fait face à l'océan tu n'es qu'une brindille

et les vents nous balaient sans se soucier de nous

mais tout au loin là-bas notre étoile scintille

et nous l’honorerons sans plier le genou


L'amour est une errance où chacun puise un peu

pourtant sous le pont Mirabeau coule la Seine

et l’eau que l’on en tire est sanglots adipeux

l'attirance est bien triste et la passion malsaine

mardi 4 février 2025

Le sommeil



J'ai fait de mes envies l'idée de mon sommeil

il n'y a de l'amour aucun échappatoire

et dans sa ruche enflée je ne suis qu’une abeille


Une ouvrière usée cherchant son moratoire

ayant jeté tous ses fichiers dans la corbeille

utilisant son dard ainsi qu’un écritoire


Inventer le désir est trouver d'autres mots

je garde tes beaux yeux dans ma boite arrachés

de l’attraction des astres (hypnose aux animaux)

de poule écarquillée dans des œufs tout crachés


J’ai fait de mon sommeil un rivage insensé

l’infini monstration de ce miroir sans tain

lorsque le verbe « échouer » n’est plus qu’un impensé

parfois ce qui s'éteint n'est pas ce qui s'est teint