L'angevine est diabolique et ses coteaux
portent du Layon les cornes de l'Aubance ;
on confond trop souvent ce que le corps niche
avec une illusion qui nous téléguide.
On pourrait discuter de la lorraine
ayant cassé ses dents sur une couronne,
ou de l'alsacienne à la beauté létale,
or les mots à la mer dictent ma pensée.
J'écrirai la marseillaise en mini-jupe
et son vieux port obsédé par le grand bleu
de son regard absorbant comme un tampon,
bouille à baise et corps de rêve à l'horizon.
Je chanterai (finistérien) la capiste
et la bigoudène ultime en déshérence,
en quête de semence et de chairs loques Holmes,
élémentaire en sa passion pour le sexe.
Et de la parisienne en fanfare à Pigalle
il ne me faudra pas tisser le bordel :
la mygale est à ce point perfectionnée
que sa digestion se fait en dehors d'Elle.
Faut-il des clichés pour survivre à Clichy ?
Faut-il déclencher la mécanique émue
naguère intestine et qui fait qu'on en chie ?
Chenille on était papillon dans la mue.
Chenille on rampait vers un corps désirable,
un je-ne-sais-quoi dont l'affect amoureux
— s'il pouvait parfois nous sembler secourable —
adoptait l'aspect d'un poison doucereux.
Chenille on roulait sous un Tank ivre-mort,
on roulait debout, d'emblée dessous des tables
et dans des bars, bars où tel un matamore,
on saoulait la fille aux vertus imputables.
On saoulait de mots les plus belles beautés
dans Paris sorti des tranchées de sa guerre,
et si la Gran'ville exposait sa fierté,
le lot de Clichy c'était d'être vulgaire.
Avec son lot de maq' et de putains divines,
elle était Babel où la langue inutile
est un attribut très doux qui se devine
au sein plantureux des liaisons mercantiles.
À Clichy, l'atour était de bas, belle aussi
ma fine Anaïs en sa roide guêpière
— un nid noir et jaune envenimé de « Si » —
la relation simple est un fard à paupières.
À Clichy passaient tranquillement les jours ;
au-dessus, Montmartre en ruisselant des Arts,
enivrait l'auteur en quête d'abat-jour
(enquête en bassesse où l'Amour est Bazar).
Aux clichés des clous désactivaient le clash :
à Clichy, j'étais ainsi qu'un Christ en croix.
Marie-Madeleine avait muni d'un flash
un serr'tête en ronce, afin que l'on nous croie.
Faut-il ces clichés pour survivre à Clichy ?
La ville est souvent le reflet d'une amante
et de son mensonge... Allez ! Quoi qu'on en chie,
chaque poésie justifie que l'on mente.
J'en pleus plus d'essorer les serviettes des filles
et la note mensuelle à laquelle on souscrit,
tandis qu'en coulant dans mes bas-fonds défile
en jets d'encre indigo le cœur d'un manuscrit.
J'emploie tous les gros maux de l'existence afin
de raconter sur les doigts défaits des dix plaies
des gipsy queens, un peu du délicat parfum
qui rythme ainsi ce qui nous leurre ou nous déplaît.
J'en plains et j'en délie des entrelacs celtiques ;
à ces amoureux finistériens, la géhenne
est de ne pas franchir un mur de l'Atlantique.
À l'amer rouge on taille et il y a des haines,
il y a du déboire et des bouées pathétiques,
il y a des filets reliés à l'ADN.
Lorsqu'on cherche à parler d'une beauté fatale
innervant le moignon d'une histoire amputée,
c'est afin de projeter l'éclat penthotal
à l'écran dépourvu de vitesse en butée.
Les poésies d'amour en traits tirés s'écrivent,
à la façon détruite et dérivée du vent,
dont les battements doux de temps en temps décrivent
un claquement de draps portés tel un auvent.
Tu sais, si je m'appelais Henry, mille heures
auraient le temps de passer sous le pont désert
où Mirabeau comme un camion déménageur,
inspirait bruyamment Guillaume Apollinaire.
Hé, June, à tes côtés brûlants mes vers dégrisent
un peu, sous le soleil ardent de tes yeux bleus ;
sous cette peau brûlée que ta rousseur irise,
il me faudra compter sur ton côté sableux.
J'aurai des clefs l'omelette et l'inlassable dune
à parcourir en toi sous ma paume avertie,
j'aurai le plat pays de ta chair opportune
à caresser sans fin de mon verbe amorti.
J'aurai le paradis d'un Saint-Pierre anguleux
dans la mire alignée que tous enfin me jurent,
où notre partition s'avoue vraiment que le
désir est démesure à décrire en mesures.
Si ton sourire est une braise
enlevée de l'œil d'un cyclope,
et que des mots que je te fraise
il me reste un charbon de clope,
incandescent de cette mine
écrivant d'un rouge éclatant
le trait de ta bouche carmine,
on taira tout avec le temps.
Qui taira les mots et leurs langues,
et qui taira ce qui s'infiltre ?
Entre les corps, entre les gangues,
on sculpte aussi parfois sans filtre :
on taille, on pétrit sans vergogne,
afin d'accoucher d'un vertige,
et plus on frappe et plus on cogne
et plus on redresse nos tiges.
Il ne me reste à deviner
que tes douceurs adultérines
et de tes tiédeurs avinées
par ton iris, l'eau vipérine ;
il ne me reste à déguster
que le poison d'une eau secrète
en ton regard, et dégoûté
des sentiments que lui sécrète.
T'embrassant, j'ai puisé dans ta langue amoureuse
une humeur éperdue dont la bouche est le puits,
dont la veine où la sève insensée mais heureuse
inonde un innocent de l'encre de tes nuits.
Sa sentence est sensible et son parfum tenace :
on y perçoit cent-six sentiments savoureux,
sans savoir à vrai dire en passant si menace
un orage au détour infini désireux.
Germinal à genou, tu priais ainsi Dieu.
Pour t'accueillir enfin j'attendais Floréal
et chaque enlacement me semblait insidieux.
Si l'on coupe on abat quand la femme est fatale
et dans l'arborescence en boutons les adieux
puisque le féminin d'essence est végétal.
Je sais : ta bouche en cœur est de couleur fuchsia.
Je saigne à chaque fois qu'hémophile humilié,
grâce à ton grain d'emblée la plage a son plagiat
— son sablier ne permet pas de s'oublier.
Ta beauté se conjugue avec les éphélides,
autant que l'écriture avec les tâches d'encre,
et soulignant tes yeux de ma plume invalide,
un sang bleu-roi s'écoule entre mes doigts de cancre.
Il faudra des prairies repeuplant mes abysses,
inondées d'algues floues comme des confidences
et de posidonies comblant nos précipices,
afin de replonger dans nos deux subsidences.
Il faut bien se résoudre à ce fait qu'on s'aimait :
tant qu'un seul sentiment transpire hors de nos peaux
c'est que la mue s'opère et nous change à jamais ;
nous ne sommes vêtus qu'un instant d'oripeaux.
Je n'aurai bientôt plus de soirées parisiennes,
et la page se tourne en me claquant la porte
au nez, comme des volets, des persiennes
obscurcissant l'éclat qu'un réverbère apporte.
À la fenêtre où j'ouvre encore les yeux,
ce sont des souvenirs entre parenthèses
à présent, qu'on referme en un coffret précieux
qui se nomme antithèse ou synthèse ou prothèses.
Alfortville et sa gare ont un goût de moisi ;
le pavillon mis en vente, on s'en est démarqué,
mettant au clou de même un passé pas choisi.
Repassant sur Paris du train de ma banlieue,
le fer à dessouder les liens m'ayant marqué,
je suis venu chercher le testament des lieux.
Musclant la dorsale africaine,
un trapèze étrange étreint
mon âme au moins manichéenne
au regard abstrus des longs trains
dont les yeux en forme de phares
obstruent l'avenir et son huile,
et teintent collant d'autres fards
un sable extrait de Bi'r Tawil.
On ne décide pas de nous !
Notre allégeance est un don,
pas ces abandons à genou
dont quelqu'un s'étrangle au cordon,
dont quelque ombilical avoue
sa passion pour un vide enceint,
par les murs qui nous sont à vous
l'abri, la mamelle et le sein.
Du sable ont surgi les prophètes
et c'est lui qui compte le temps,
qui conte en sourates parfaites
un chant que personne n'attend ;
cultivez votre identité
comme un blanc-seing qui vous étrangle :
on est moins de courbe entité
que rose des vents sous chaque angle.
Le dernier soir de Juin dégorge et s'hémophile
en pleurant sa rousseur aux parasols en sève,
et des lapins posés dont on perdit le fil,
il n'est plus d'amoureux, non plus d'Adam ni d'Ève.
En retrait la marée, laisse au pouvoir le sel,
et la rouille annoncée se répand dans les airs ;
aux branches humectées comme aux bras les aisselles,
on sent le littoral inspirer nos déserts.
On sent la dune battre ainsi qu'un cœur urgent,
réclamant du bon sang qui ne saurait mentir ;
on sent de chaque essence un peu du vif-argent.
Le mercure ascendant rougeoie sur les martyrs
assumés d'un climat qui devient indigent,
mais le soir ici-bas me fascine et m'attire.
De Quimper à Paris, j'étais écartelé
par un chemin de fer à moitié barbelé ;
les stations — gestation — m'accouchaient à la fin
sur quelque quai de gare aux différents parfums.
Car chaque quai de gare où je jetais ma clope,
avait de mes beautés ce que mes vers éclopent :
un pied donné contre une main finistérienne,
un sourire aérien dans l'ombre parisienne.
Écarte-les d'emblée tes pauvres souvenirs !
Ils sont tous alignés, les dolmens et menhirs,
en ligne un peu brisée par leur chemin de pierre.
Écoute en leur écho leur Art et leurs manières,
assume enfin ta vie, j'en suis tout martelé !
De Quimper à Paris, j'étais écartelé
Il pleut sur la dune et mes yeux l'égouttent
en pleurant du sable et de l'encre noire,
un orage est fort à ceux qui l'écoutent
et Delacroix cocher, s'en remet à Renoir.
Un éclair alors en rayant la toile,
impose un peu d'or à ces vers du gris ;
j'ai parlé d'un cube à ceux qui l'étoilent,
à Pablo Picasso j'ai préféré Juan Gris.
Quoiqu'on en servit l'abus des nuances,
entre noir et blanc sa vraie vérité,
cassée comme un œuf empli d'influences,
est de Malevitch et de Soulage héritée.
Des nuages lourds aux ventres gonflés
me font cet effet d'un chrome sanguin ;
s'attelle à la tâche un lien boursouflé
réduisant sa fadeur de Van Gogh à Gauguin.
Si « poème » en latin — je crois — se dit Carmen,
on pourrait faire aussi de la rime un baiser,
de mes rejets la source où le grand-écart mène...
On pourrait se projeter sur la rive apaisée
qui de l'Île Saint-Louis put se servir de scène,
et de la guerre oubliée du génie de Bizet...
Que le scandale éclate à Paris en brillant,
Carmen est le moment dictant que je m'y mette,
afin que tout s'embrase et s'embrasse en criant
— lorsqu'une idée me vient, je gratte une allumette :
À chaque éclair un feu, puis à chaque lumière
un reflet de tes yeux ; de la courbe première
où je m'étends un peu, ta bouche est cette ornière
en laquelle on vit mieux, sans langue et sans manières.
C'est la fleur aux fusils, à ses kalachnikov,
ouvertement offerte au viol en son pistil
— à ça la confusion Zaoum et Klebnikhov !
En ceci de cela, le poison qu'on instille
au cœur atomisé d'un peuple en making-off,
agit sans tremblements comme au cœur de la ville.
Il ne nous reste alors en scierie que déboires,
et d'eux quelques copeaux de civilisation
balayés par la guerre et l'adieu de l'espoir,
enrayés par un Monde en décomposition.
Découpée, découpée, la fleur du Proche-Orient !
Cendres dispersées façon puzzl'à Dasmascus !
Ton fantôme accueilli dans la mort en riant
subit, fleur épanouie, le sort d'un hibiscus.
J'accrocherai des lampadaires
au cou de mes saoulées cités,
des néons coulant en rivières
et des éclats sollicités
par le frottement des pierres
où s'est nichée ma cécité,
par la névrose hebdomadaire
où j'ai perdu l'intensité.
Les courants flous du Modernisme
ont su creuser l'opacité
de la Raison qui comme un isthme
est séparée quoique excitée
des fantaisies du Communisme
et de son électricité,
des feux grégeois qu'un urbanisme
a su faire en atrocités.
Je suis un papillon posé sur une enclume :
auparavant lesté du devoir de décrire.
J'avais l'âge de faire et l'emploi d'une plume,
afin de louvoyer dans les façons d'écrire.
Il m'aura bien fallu t'explorer, ma psyché,
pour en sortir les vers d'une ébauche impromptue,
tandis que les vertus de mon texte arrachées,
s'entassaient sans tasser ces beaux traits qui me tuent.
Les fils d'Ariane obtus, s'emmêlaient consanguins ;
le labyrinthe aussi lance un appel abscons
que l'on sait sans issue, mais que l'on sait sans gains.
Puis sur sa mélodie naît l'son : nous fabriquons
des partitions l'austère hyménée du chagrin,
de ce que papille hume, un modeste micron.
J'ai balancé ce qu'encorbelle
à la corbeille nos mémoires !
Et j'ai retourné la poubelle
et retrouvé ces vieux grimoires
où s'écrivait l'intimité
dans l'ingrat des papiers-journaux
de nos poèmes imités
(des barbecues pour hauts-fourneaux).
Dans les détritus de nos rêves
On cherche un espace infini
dédié par avance à nos crèves
à nos maladies démunies
des anticorps où l'on s'achève
à la façon d'amours honnies,
perdues dans le suc et la sève
où se diluent nos harmonies.
J'ai balancé le métronome
et sa mesure insupportable.
Aux pages du Deutéronome
un grand Autodafé m'attable !
Et me délectant, Maldoror,
ainsi des vers dégoulinant
de ton festin nu mais sonore,
un accident m'est permanent.
Si j'en appelle au vide, Ovide à la rescousse
en ses transmutations et ses métamorphoses,
en ce que l'avatar apporte en ses secousses
en ses mues, c'est pour abolir une overdose.
On sait les opiacées, les bonbons psychotropes
et les boissons alcoolisées qui nous trahissent
à chaque épiphanie de pulsions lycanthropes.
On sait le beau naufrage et les vaisseaux fantômes
hantant en temps voulus cet étroit précipice
où sombre un éclair d'écriture en plusieurs tomes.
Ovide ! Au vide issus de nos catharsis
et de nos éclosions par-delà nos cellules,
il nous faut affronter comme le beau Narcisse,
une image en miroir où les monstres pullulent.
J'ignorai l'indécence absolue des passants
tandis que, te déshabillant de mon regard,
il me fallait couvrir en un mot comme en cent,
l'étendue sémantique où je lus tes égards.
Il me fallait T'écrire, un peu comme un portrait,
passant mon doigt comme un crayon sur ton sourcil,
il me fallait T'apprendre en te lisant traits pour traits.
L'alphabet de ta bouche en voyelle ustensile,
ouvrait le dictionnaire amoureux de l'abstrait
sur la page écornée d'un douteux codicille.
Il me fallait l'ignorer, l'indécence absolue
des passants dépassés par ton pas sans pareil,
et puiser l'épuisée beauté non dissolue
dans l'onde inassouvie de ton simple appareil.
Puisque nous sommes partagés
de droite à gauche, en haut, en bas,
j'ai de Paris les émotions,
la passion vraie d'arts même âgés
qui vivants lorsque l'on tomba,
garderont tout d'une impression.
Comme les deux valves d'un cœur
écoulant le sang de la Seine
écartelée par ses deux bras,
l'île Saint-Louis d'un air moqueur
accueille en mélodie malsaine
un vers qu'un chevalet cabra.
L'arrêt cardiaque en souvenir,
on a mordu sur quelques planches !
On aime, on m'aime, on me déteste,
et tous mes papiers à venir
(abusant d'encre noire ou blanche)
ont un théâtre entre mes textes.
On se tient coi du côté cour ;
et par la main côté jardin
— les quais d'Orléans et Bourbon
gravant les voies de nos recours —
on se perçoit presque anodin
sur les genoux de « l'à-quoi-bon ».
La rue Saint-Louis — petite artère —
enobscurcit cette vision
d'un Paris-proie, d'un parti-pris
dont l'âme est la chose à retaire,
au corps en transsubstantiation
dont les loyers n'ont plus de prix.
De guerre on se prélasse enfin,
Là où naguère on fit la paix ;
les tangos longs n'ont plus l'accord
au suave et capiteux parfum
de ces gouttières qu'on lapait
timide, et qu'on regrette encore...
Or, ton sourire est le fer blanc
de l'alchimie de mon désir :
il faut je crois me le tatouer
sans jamais plus de faux-semblant,
sans jamais plus de faux plaisirs,
sans plus jamais vivre à moitié.
À table ! On dînera de la Démocratie.
Ta serviette aura la couleur intensément
tâchée d'un bon gros rouge enivrant sans sursis,
d'une Commune au vain divin dérèglement.
Quand on a fait de la politique un climat,
qu'en ces bureaucraties l'on maltraite mon œuvre,
en m'éditant d'avance en différents formats,
je t'inviterai pour mon repas de couleuvres
Et vomissant des pluies remplies de phylactères,
on brandira le point à la ligne infinie
de l'averse écrivaine et de ses caractères
accumulés par les rancœurs de leurs dénis.
Toussant de travers, on avale un nu festin.
Tout ce qu'on peut faire est essayer d'y pourvoir.
Tout ce qui nous effleure est le doigt du destin.
Tout ce qui nous effeuille est la main du pouvoir.
Parfois il se dit saoul dans son effervescence,
harcelé par un lourd hoquet d'idées tenaces ;
il veut contrer par l'alchimie de la menace,
un peu du mal où fleurit son adolescence.
Il veut dans le recul, inventer nos décors,
et dans sa perspective inaugurer des feux
qu'à la Saint-Jean mimée de nos tissus nerveux,
nous reléguons d'un coup dans l'ombre de nos corps.
À sa lecture, un grand frisson se fait défunt,
trouvant des vies la solution dans le mot FIN,
mais pour autant, chacun s'étonne à sa candeur.
Souvent mutant, changeant de peau comme un lézard,
aux pieds d'argile, un colosse erre entre les Arts,
Auteur fragile, il manque un H à sa hauteur.
Nous nous affronterons
sur les berges de la Rivière Noire
aux alentours de Petrograd
ou d'ailleurs, d'ailleurs
aux alentours infinis de notre personnalité
dont les contours quoi qu'on dégrade
ont bien le trait
l'attrait
de l'étrange entonnoir
— attracteur à la façon du nombre d'or
et de sa théorie du Chaos —
courbé par la matière
et la relativité
de nous à nos reflets railleurs
et d'un ancêtre cacao
Pouchkine au Duel aussi nous nous confronterons.
Noirs et Blancs
Partie d'échecs
Duel
Manichéisme
Ni les slovaques ni les tchèques
en slaves esclaves et libres en faux-semblants
n'ont cette putain de russe et terrible âme
et l'art de la roulette
appliqué sur la tempe individuelle
où l'on fait mat et machisme
à la façon d'un inévitable blâme.
Alors Pouchkine
avec le plomb de ton avenir littéraire dans les intestins
avec le plomb de ton amour en corde autour du cou
par sa profanation
raconte-moi comment tu devins ton pire ennemi
bien au-delà de la laideur des beaux-fratricides
et comment dans ces méandres du destin
dans tes poèmes qu'on bouquine
il y a bien l'explication
qu'un Duel est un suicide
est un putain d'origami
plié d'avance par beaucoup.
Nous nous affronterons
sur les berges de la Rivière Noire
entre nous
entre toi et moi
entre moi et moi
Nous n'en avons avons pas de pire !
Et les miroirs qui se répandent dans l'éther
— eaux gelées dont le reflet me glace —
ont des éclats tranchant comme un rasoir
et des amours dessus des hommes à genou
franchissant le Styx et l'Achéron
explorant leur envers et leur Enfer.
Nos vies fleuries sont des déserts en devenir :
un sable en s'écoulant les noie le temps passant,
ce jusqu'à ce que sous ses dunes l'avenir
expire en respirant des passés trépassant.
Rien ne peut se construire en sables émouvants ;
tout bascule et les fondations, sans retenir
une main qui se tend, pas plus qu'un mur, auvent,
vont s'enfoncer sans forcer l'axe d'un menhir.
On trouvera dans le mélo' des mégalithes,
un grand méli-mêlant les temps de l'existence,
et des traces de vies gravées sur le granit.
On oubliera les filiations sur des instances,
un grand chaos m'accouplera jolie Lilith,
à l'avatar herculéen de l'inconstance.
J'aimerais tant écrire un rayon de soleil
en la bibliothèque où ne sont que poussières,
où les auteurs défunts que les écrans balayent
ont leurs mots mis au clou d'un complot fiduciaire.
Et j'aimerais réjouir en cette époque sombre
un bon paquet de gens par des mots bien sentis,
mais lorsque un rire est jaune et lorsque un bateau sombre,
il est temps de pleuvoir en regrets consentis.
Je n'ai qu'un parapluie d'encre illusoire et fraîche
à diluer dans tes yeux pour un peu de lumière,
et dans le gris c'est dur de créer une brèche.
Et dans l'écrit c'est sûr, en son humble chaumière,
on n'a pas de recette, on n'a pas plus de prêche
annotée de récits qu'à notre heure première.
Ce soir
est un soir
et le soir est le velours
adoucissant la dureté du jour
enveloppant là dans ses soieries de soirée
la laideur absolue dans l'absolue beauté.
Les vapeurs de l'alcool
ombilical à la peau collent
et l'alambic idéal est l'encre irréelle
où je perfuse à fond mon verbe, où rêver Elle
est Peut-être ou Jamais
mais plein pot de peinture aux visions que j'aimais.
Le Louvre est recouvert
de ton visage vert
et la pyramide accouche en criant très très fort
excessivement du fond du trou, des contreforts
accouche enfin de l'enfant-roi
qu'on nomme aussi le désarroi.
Paris.
Pari, pas vu pas pris.
Le PMU latin secoue dans ses entrailles
un intestin mal digérant ses retrouvailles
avec un gros microbe
en robe
immaculée d'incertitudes
auréolée de solitude
errant
tout près de Mitterrand
de la rue qu'on dit de Bièvre et des bouquinistes
et de ses faux bretons qu'on dit surréalistes.
Il m'aurait suffit d'une flamme
afin de me marier au FEU
Mais je ne veux plus que la lame
en ta langue invasive et de ce son l'aveu
des prières sommaires
et de l'ombre sa mère.
Il restera ce soir
éclipsant d'un revers de paume du demain
nos prestations compensatoires
un peu d'un mauvais rêve humain
le joug que l'on porte en sautoir
et l'âcre souvenir de tes baisers carmins.
Mais ce soir
est un soir
amortissant l'horreur
et maudissant lors heure
où je perdis de toi cette humble société
la laideur absolue dans l'absolue beauté.
D'un bon jus d'encre efforce-toi
comme un citron que l'on dépresse,
efforce-toi de t'écouler
— lancinante plaie que l'on doit
cautériser dès que l'on presse
au moins d'un doigt, l'art écroulé
dégoulinant le long du toit
du bâtiment né de nos stress
et d'or en ayant découlé.
Des prêchi-prêcha de gouttière
on a fait des prix littéraires,
et d'eux des talents avortés ;
que sont les génies de poussière
ainsi devenus sans leur air,
et l'horreur est-elle héritée ?
Du contenu sans la matière
on a voulu bien au contraire,
extrapoler nos sociétés.
Mais rien de la supercherie
ne peut subsister trop longtemps :
comme une vigne au raisin mur,
un bon jus d'encre en boucherie
coulera d'un présent mutant
sur les façades de nos murs,
actant le pacte — Ô vacherie ! —
qu'avec les Saints, qu'avec Satan,
fit notre divine écriture.
À nos désillusions perdues
dans le cœur de nos labyrinthes,
à nos Amours mal entendues
qui trop souvent bien nous éreintent,
à ces fabuleux résidus
signant, saignant de nos étreintes,
à nos enfants l'âme éperdue
de leurs parents se trouve éteinte.
Et d'une lampe d'Aladin
malsaine et pourtant magicienne,
on se mesure en son jardin
l'action de semer à l'ancienne
un peu des mots des baladins,
les poésies qu'on se fit siennes,
et lors d'un désastre anodin,
nos propensions patéticiennes.
Je connais tant de flous :
de faux flous artistiques
aux défauts arthritiques
un flou myope acquis que les lunettes renflouent
des flous furieux
des flous curieux
des flous bleus
sur un grain plus sableux
des flous d'amour à la folie puis plus du tout
des flous y'en a vraiment partout !
Comment se faire alors une image assez juste
à laquelle on pourrait se fier
— confidence —
à laquelle alors on pourrait en l'occurrence
exposer sa version
des choses de la Vie
des adeptes et de leurs conversions
des horloges haletant à l'envi
du hoquet des souvenirs sacrifiés
sur l'autel incrusté de sentiments vétustes...
Expulsé d’une autre balançoire
un beau soir
égorgé
je vous abreuverai d'une littérature
inconsciente
un lait d'aînesse aux gros bonnets bien confisqué
la pluie blanche
illisible
autrement
que sur la flamme des bougies des ans passés
l'impatiente
orobanche
épuisant ma racine à force de ratures
appliquées
sur le tronc de mon arbre généalogique
indicibles
aliments
de mes prélèvements de sangsues compassées.
J'inventerai le Verbe idéal
— à savoir un écho de son profil élégant —
le Poème où la phrase est féale
aux mots qui l'édictent
ELENA
qui te vont comme un gant
sur les neiges d'Ukraine où se répand ta voix.
Là
sans flous ni vindictes
là dans le miroir inversé des désirs oubliés
dans l'antre abdominal où le ventre est aux courbes
il me fallait écrire en pleins et déliés
les rues (du Commerce à Lecourbe)
et les Courbet de tes traits sur ma rétine
et les fins de mes guérillas intestines
au cœur intime et flou de ma littérature
il y a ta beauté soviétique
à chacun des écrits qui s'appuient des fractures
il y a ta beauté sans viatique
à ton joli visage et son architecture
ELENA je m'accroche et copie l'esthétique.
Mais qu'importe la bulle aux quelques phylactères ?
On débande à dessein des paroles fortuites
et du reproche inique aux mauvais caractères
infiniment nourris de mauvaises conduites.
Et les gaz imprimés sur des bandeaux d'alcool,
à défaut de flamber pour éclairer nos routes,
insinuent dans mon texte à la craie ton école
ainsi nue sous l'azur épuré de nos doutes.
On cartographierait sans peine et sans vergogne,
un horizon de corps et d'amours mélangés,
mais nous sommes enfants de nos poupées gigognes.
Oui, les fils de la Vierge improprement langés,
pareils à des soleils porté par les cigognes,
ont sabré le Champagne et réussi changer.
Cousant de peaux scalpées l'Hier et le Demain,
comme une montgolfière enflée d'orgueil acide,
un mot vient à ma frappe et mes alexandrins
le perpétuent sans fin pareils au génocide.
Un verbe à mon clavier pourtant décapité
par l'âcre Amour extrait du manque de raison,
pousse en vigne entourant ma vierge dépitée
d'un feuillage abritant sa tige sans saison.
L'Hier et le Demain sont bien plus que des mots :
ce sont les entrelacs dont se nourrit la Vie,
ce sont nos rédemptions, nos fabuleux gémeaux !
Tandis qu'en poursuivant sa Chimère à l'envi
dans l'odieux labyrinthe où s'emmurent nos maux,
tombe une encre de Chine, on ploie mais on revit.
J'aurais voulu t'écrire un roman magistral,
une symphonie mue par un Verbe étranger
dont le solfège exsangue aurait d'un corps astral
enluminé l'insulte, enjolivé l'objet.
Puis je me suis heurté contre un mur hypocrite,
un obstacle hérité des capitons crevés
par un esprit rebelle alignant l'âme écrite
à la façon moisie des partitions rêvées.
Mais face au mur du çon, face au fossé béant
des vacuités perdues dans la chasse au grand Rien,
je nous sais progresser par des pas de géants.
Je nous sais percuter de nos voix singulières,
une âpre bien-pensance aux faux airs aériens,
Je suis supersonique et poussant de mots-lierre.
Je suis le seul à pouvoir dire ta beauté
Parce que tu ressembles à l'eau sans couleur coulant des pierres
Parce que ton regard au flux des années passées
Reste à ce point limpide en te décrivant
Que je m'abreuve à ta lèvre entr'ouverte
En ton cœur est la fontaine irrésolue
Le moulin de mes paroles et la meule effrontée de ton sourire
Il y a dans le vert de tes yeux le parfum des pommes à Pont-Croix
Les jardins suspendus regardant couler la rivière à contre-sens
Et tes tâches de feu sur une eau saumâtre à disperser
Je suis le seul à pouvoir dire ta beauté
La profondeur de ton sourire
Allant creusant mes sentiments secrets
Ma passion dans toutes tes absences
Et ce qui ronge enfin ma brutale impatience
En distillant sur pied, le parfum des regrets
L'espoir abandonné
La douce gravité de ta bouche à mon inexistence.
La noblesse est un leurre et sa robe un blason
dont le décor oral dicte un mensonge écrit,
car en te trahissant, j'appâtai deux maisons
marquées du fer à trépasser malgré les cris.
Se croire un parvenu lorsque l'hiver arrive
et que sans bienvenue le froid gèle les eaux,
je n'en sais qui soient parvenus sur l'autre rive
autrement qu'en ramassant l'état de leurs os.
La vie, la mort et l'heure absolument venue
sur le cadran d'un temps charcutier par moments,
tout ça se saucissonne en notre festin nu.
Tout ça signe en saignant, rouge et sanguinolent,
la noce édulcorée de fables ingénues
selon laquelle on tue l'idée de nos amants.
Les par-dessus jetés dans l'air
et les dessous doués de raison,
la danse impose aux partenaires
un supplément de diapason :
le corps oscille et visse en vain,
le cœur aussi comme un pendule
et de ses battements (cent-vingt)
noue la fréquence qu'ils modulent.
On a si peu décrit la danse
et ses substances animales,
et ses suées dans la cadence
— où est le fiel, où est le mal ? —
alors que toute mise en transe
— où est la fille, où est le mâle ? —
est en son genre (oh, quelle outrance!)
une évasion plus maximale.
On se déhanche, on déambule,
on rêve en geste, on vibre enfin
sur quelques sons, petites bulles
où l'on s'éclate en mort de faim ;
pressant les muscles et les sons,
la communion des sangs, des chairs,
embrase un âme à la façon
d'un champ de braise hors de jachère.
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