à toutes celles et à tous ceux qui en sont,
Aux dresseurs de décors marins,
au Dreyer de ce cinéma triste,
aux draisines du transcybérien,
au très bleu de tes yeux s'il existe,
aux dreyfusards de mes procès vains,
je dédierai ces mots qui subsistent
et s'agencent en un doux refrain,
d'un soir de Mai, mémoire persiste...
C'était au croustillant Crouesty,
joli port en escale impudique,
jolis corps, moless' cale à tout prix
deux amants sur un seul banc public,
sous soleil accouchant d'un esprit
qui, laissant de côté la critique,
laissait là deux p'tits coeurs tout
épris
se bercer à la même musique...
Puis vint la Lune turque à la nuit,
croissant menteur qui croît en son D,
coinçant entre ses pointes, sans
bruit,
l'éclatante étoile du berger ;
voulait-on échapper à l'ennui
quand sous elle l'on s'est embrassés ?
A Port Navalo, quand s'est enfuie
la Lune, on était encor scellés...
Laissant la cale à l'amer, l'amour
nous conduisit près du moulin mer,
et des moteurs qui prennent des tours
réchauffaient notre nid éphémère,
où je crus que c'était pour toujours
comme on cuit de soleils nécessaires,
où tu sus me donner, sans détours,
le doux rêve d'une vie entière...
Des promesses que l'on se faisait
peu après la rencontre fatale,
de nos amours qui en découlaient
comme coulent deux sources étales,
des attentions, si tu te défiais,
comme de mes craintes animales,
Audrey, quand bien même j'eus mal
fait,
tu sais bien, je n'ai pas fait le
mal...
Alors, de la presqu'île de Rhuys,
je garde le souvenir fiévreux
d'un beau visage tel une esquisse
qui la reflète en tes grands yeux
bleus,
comme un miroir de ces mers qui
bruissent
d'un Golfe et d'un océan radieux,
de tes taches que les sels roussissent
sur ton sourire, aux larmes d'adieux.
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