vendredi 20 septembre 2024

Insomnie



J'ai cessé de rêver à force d'insomnie

j’aimais vivre la nuit la ville où j’habitais

je suis né de Paris comme on l’est d'un OVNI


Mais depuis l’incendie depuis qu’on attentait

de Notre-Dame au Bataclan tout me le nie

quand l'alarme a pris feu l'arme à feu crépitait


Qui le voudra pourra me passer les menottes

en début d'histoire on ébauche un long roman

tous les mots que l’on pose ont l'esprit d'une note

et dans le sacré Bon Dieu Verbe alors on ment


Nous petits pions posés sur l'échiquier du vent

nous pointions la soucoupe en marquant dessous « France »

important m'est d'aimer comme on crée du Vivant

Le passé petit n'est qu'un objet de souffrances

dimanche 15 septembre 2024

Inabouti



J'ai porté dans mes mains l'essaim de tes désirs
en laissant m’enlacer tes doux anneaux de vouivre
et depuis bien longtemps n’ai plus rien à saisir

Insensé l'avenir nous appelle à le vivre
et pourtant on conjugue au passé les plaisirs
en composant le chant du début d’un rêve ivre

Un moment d'écriture est passé maintenant
ce n'est qu’à contretemps que nous nous maintenons
Madame et la douceur de vos mains les tenant
m'apparaît comme un chant qu'à nous deux entonnons

J'ai laissé du vent s'écouler dans les égouts
les souterrains du cœur ont bien l’air emboutis
l'amour est à cheval entre espoir et dégoût
ma nuit se perd au fond d'un rêve inabouti

mardi 10 septembre 2024

Proxima du Centaure



Quand on est dans la Lune ou d’humeur attentive

un somme est un refuge et rêver son issue

pour arriver tout près d’une étoile rétive


Elle est là — chancelant éclat — parfois déçue

tout sentiment d'amour est une tentative

et tout refus d'aimer sa brimade absolue


Je la sens si proche et si lointaine à la fois

Proxima du Centaure a raison de la Tour

où nous tournons en rond qui fait mal à la foi

comment trouer le ciel et rencontrer l'amour


Et pourtant le désir est dans l'indécision

sa sublime essence est son merveilleux parfum

dans ses années-lumière on a l’imprécision

quand la nuit débute on n'en sait jamais la fin

dimanche 8 septembre 2024

Papillon



L’amour au rendez-vous c’est nos passions latentes

on papillonne à droite à gauche enfin tout droit

chaque femme en un camp dont on ne sait la tente


Aller au loin très loin pour oublier l'endroit

qui nous mit à l'envers et contre toute attente

aller bien au-delà des serments maladroits


Je note au stylo rouge un dessin de ta bouche

il est vraiment sensuel en huit pieds l’araignée

qui faisant s’envoler sur ta lèvre une mouche

indique un piège immense où l’étoile a régné 


Ton regard est le papillon de mon poème

il s'envole en clignant de ta paupière ailée

par de longs cils ourlés d'un charbon de bohème

un regard un soleil et j’y suis corrélé

samedi 7 septembre 2024

L'éloquence



Mon sort a mélangé l’acide à la potasse

et n’a jamais compté tout ce qui me fut ravi

j’ai voulu surnager mais j’ai bien bu la tasse


En mon cœur je transporte un supplément d'envie

dont les wagons plombés en dominos s'entassent

et ton image ainsi répétée dans ma vie


Le rêve est un partage ou n'est rien moins qu'un songe

un long transsibérien dont les voies sont uniques

où chaque vérité vaut autant qu’un mensonge

où des rails insensés se nouent dans la panique


Imitant Marcel Proust je m’étais alité

je me suis tenu loin des logiques suiveuses

éloigné par hasard en vrai réalité

l'éloquence est un don qui s'adresse aux rêveuses

dimanche 1 septembre 2024

Abysses



Toutes nos relations sont un peu transgressions

tous nos baisers perdus sont morts au champ d'honneur

et parfois nos désirs ont un goût d’agressions


Que ne fait-on pas pour un instant de bonheur

ou du moins sa semblance on en a l’impression

mais c’est bien rarement que nous sommes donneurs


On se sert et l’on prend sans chercher à comprendre

en matière amoureuse et face aux sentiments

je ne crois pas à la liberté d’entreprendre

il nous faut le respect sans lequel on se ment


Ma vie ne s'est tissée que de bribes d'amour

arrachées aux parois qui souvent le tapissent

à la Cène imposée qui manque assez d’humour

en m'enfonçant en moi j'ai touché des abysses