Quand je suis chez moi — au bout du Monde — au Huelgoat
au cœur obscur et si mystérieux de la nuit
j'écris sans borne et sans limite — un peu de hâte
à m'éloigner de la faiblesse et de l'ennui —
Si les petites fées se posent sur mon crâne
en se montrant persuasives et turbulentes
elles sont bien de mon poème un filigrane
un sceau percé de ma personne en valse lente
Alors en les cueillant bien au-delà du bois
les accueillant ici dans ma maison blessée
j'appelle à leur magie qui passe par la voix
la force tellurique et qu'on a délaissée
Tout est si merveilleux si jamais vous saviez
la pierre a son langage et l'arbre a son dialecte
un grand poète est mort ignorant les graviers
j'en fais un beau récit dont les fées se délectent
Infiniment émues mais diablement présentes
on sent leurs doigts ténus nous caresser l'épaule
et parlant en leur nom je sais ce que pressentent
à raison ces beautés de l'équateur aux pôles
Il y a dans ces yeux l'invention des couleurs
et clignant la paupière un peu de leurs nuances
un infini troublant qui porte mes douleurs
un charme irrésistible écrasant d'influences
Idiot — j'ai fabriqué des âmes de papier
que j'ai voulu brûler du feu de mes tourments
mais l'aimant tant de fait je ne pouvais qu'épier
le geste abstrus d'un magicien dont le tour ment
Merlin réponds-moi de ta prison de verre
offre à tes jolies fées des paroles magiques
et sauve ainsi mes murs et ma prison de pierres
épargne-moi parrain de mon destin tragique
En dépassant le dépensé de pesants d'or
il a fallu combler mes dettes littéraires
et rêver bien plus fort au moins quand je m’endors
aux délicates fées à moi thuriféraires
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire