mardi 25 juin 2024

Les fées du Huelgoat




Quand je suis chez moi — au bout du Monde — au Huelgoat

au cœur obscur et si mystérieux de la nuit

j'écris sans borne et sans limite — un peu de hâte

à m'éloigner de la faiblesse et de l'ennui —


Si les petites fées se posent sur mon crâne

en se montrant persuasives et turbulentes

elles sont bien de mon poème un filigrane

un sceau percé de ma personne en valse lente


Alors en les cueillant bien au-delà du bois 

les accueillant ici dans ma maison blessée

j'appelle à leur magie qui passe par la voix

la force tellurique et qu'on a délaissée


Tout est si merveilleux si jamais vous saviez

la pierre a son langage et l'arbre a son dialecte

un grand poète est mort ignorant les graviers

j'en fais un beau récit dont les fées se délectent


Infiniment émues mais diablement présentes

on sent leurs doigts ténus nous caresser l'épaule

et parlant en leur nom je sais ce que pressentent

à raison ces beautés de l'équateur aux pôles


Il y a dans ces yeux l'invention des couleurs

et clignant la paupière un peu de leurs nuances

un infini troublant qui porte mes douleurs

un charme irrésistible écrasant d'influences


Idiot — j'ai fabriqué des âmes de papier

que j'ai voulu brûler du feu de mes tourments

mais l'aimant tant de fait je ne pouvais qu'épier

le geste abstrus d'un magicien dont le tour ment


Merlin réponds-moi de ta prison de verre

offre à tes jolies fées des paroles magiques

et sauve ainsi mes murs et ma prison de pierres

épargne-moi parrain de mon destin tragique


En dépassant le dépensé de pesants d'or

il a fallu combler mes dettes littéraires

et rêver bien plus fort au moins quand je m’endors

aux délicates fées à moi thuriféraires

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