jeudi 27 juin 2024

Plomb

 


Dans la légende il est dit qu’on le change en or

en vrai quand l’un nous leste et l’autre on s’en déleste

on sombre en sa folie lorsque l’on perd le Nord


on fait de grands écarts on semble souple et leste

on sue bien dans le Sud à l’Ouest on s’en honore

cueilli par la pensée qui sait la guerre à l’Est


Écrire est un acte rebelle empli de balles

une chevrotine éclatant dans tous les points

finaux ou moins fins pour un poème à deux balles

un cartouche élevé très haut dans tous les poings


La Poésie c'est la perte de tout contrôle

un orgasme en réalité qui nous échappe

un long cri dans la nuit qui pourtant paraît drôle

et dont le plomb prison s'en vient poser sa chape

mardi 25 juin 2024

Les fées du Huelgoat




Quand je suis chez moi — au bout du Monde — au Huelgoat

au cœur obscur et si mystérieux de la nuit

j'écris sans borne et sans limite — un peu de hâte

à m'éloigner de la faiblesse et de l'ennui —


Si les petites fées se posent sur mon crâne

en se montrant persuasives et turbulentes

elles sont bien de mon poème un filigrane

un sceau percé de ma personne en valse lente


Alors en les cueillant bien au-delà du bois 

les accueillant ici dans ma maison blessée

j'appelle à leur magie qui passe par la voix

la force tellurique et qu'on a délaissée


Tout est si merveilleux si jamais vous saviez

la pierre a son langage et l'arbre a son dialecte

un grand poète est mort ignorant les graviers

j'en fais un beau récit dont les fées se délectent


Infiniment émues mais diablement présentes

on sent leurs doigts ténus nous caresser l'épaule

et parlant en leur nom je sais ce que pressentent

à raison ces beautés de l'équateur aux pôles


Il y a dans ces yeux l'invention des couleurs

et clignant la paupière un peu de leurs nuances

un infini troublant qui porte mes douleurs

un charme irrésistible écrasant d'influences


Idiot — j'ai fabriqué des âmes de papier

que j'ai voulu brûler du feu de mes tourments

mais l'aimant tant de fait je ne pouvais qu'épier

le geste abstrus d'un magicien dont le tour ment


Merlin réponds-moi de ta prison de verre

offre à tes jolies fées des paroles magiques

et sauve ainsi mes murs et ma prison de pierres

épargne-moi parrain de mon destin tragique


En dépassant le dépensé de pesants d'or

il a fallu combler mes dettes littéraires

et rêver bien plus fort au moins quand je m’endors

aux délicates fées à moi thuriféraires

jeudi 20 juin 2024

Subir



Construire un avenir est un château de cartes

on croyait qu’il faisait si beau mais il a plu

la météo de vie chaque fois s’en écarte


On se croyait dans Kafka ce roman qui nous plût

lecteur ayant tiré dans son chapeau Descartes

et la nuit s’éteint l'idée que nous n'avons plus


J'ai posé sur ta peau le baiser de mes lettres

une idée n'est pas à l'abri d'une injonction

dans chaque parenthèse est mon moyen de l'être

(un peu péremptoire afin d’être en conjonction)


La femme allant vers moi n'aura l'envie de rien

c’est toi probablement qui peuplant mes lubies

bâtis ce bateau-fort — arche au vent saharien —

si tu n'inventes pas ta vie tu la subis

dimanche 16 juin 2024

Déshabillage



J'ai bouffé ma portion du tas des passions tristes

et la maladresse est gauche aux mains sans cet atout

qu’on dit extrême aussi quand on n’est que centriste


Un peu de foi mauvaise un brin de ton « me too »

de dépression de son réflexe ethnocentriste

il faut partir de rien pour arriver à tout


Chemin faisant j'eus l'heur — oh ! Fut-il mal ou bon —

de te rencontrer là sans préméditation

dans un « Roman » façon Rimbaud dans un rebond

dans un parc — au Luco (sa translittération)


J’ai mis nos sentiments sur une balançoire

et la beauté de ton déshabillé de soie

chaque jour est pour moi l’idée d’un nouveau soir

aimer c'est se laisser déshabiller de soi

mercredi 12 juin 2024

Sans pitié



En nouant tes cheveux j'étais comme Alexandre

enflammé de faire et défaire un nœud gordien

d’une flèche embrasée que l’on retrouve en cendre


En résumé j’étais ton mec et ton indien

sauvage à volonté de prendre et de descendre

un peu de ton tropique au long d’un méridien


Le début de la fin c'est la faim de débuts

j'écrirai ta beauté sur tes lignes de main

tatouerai tout autour un étrange rébus

si tu tiens le pari j’applaudis dès demain


Rien n'est jamais plus loin de ce qui semble près

que ce désir absent qui masque l’amitié

que l'illusion cachée de ce que l'on croit prêt

la nuit qui nous attire est pour nous sans pitié

lundi 10 juin 2024

Inespéré



Je veux trouver les mots racontant ta beauté

les courbes de ton corps en pleins et déliés

mon écriture enfin pour peindre un verbe ôté


Tu es mon merveilleux sujet ma folle alliée

l’important complément — ma femme et ma moitié —

mon modèle absolu — vers toi je suis allé


J'ai décousu ta bouche afin de t'embrasser

tu m’as lancé des mots tentants que j’apprenais

la langue est un organe étrangement pressé

l'effondrement du reste un stade où l'on renaît


L'idée d'un avenir est dans sa traduction

nos longues discussions souvent m’ont inspiré

je vais conclure ainsi mais sans introduction

nous cherchons tous un grand amour inespéré

mercredi 5 juin 2024

Entrelacs



Se rendre aimable et beau dans la littérature

est une tentative est une gageure

une étrange écriture ignorant sa lecture


Un peu de nuit rajoute à la beauté du jour

aucun amour enfin n'est une conjecture

alors on se comporte à la façon d’un joueur


On balance les dais par un trou de mémoire

au sein d’un grand ouvrage et de ses poésies

la balançoire oscille au sein d’un vieux grimoire

et sa magie nous semble une grande hérésie


Mais rien ne justifie de nous pendre haut et court

à la corde infamante au couloir insensé

de la piste à l’étoile (enluminé discours)

aux entrelacs d’Irlande éclairant mes pensées

mardi 4 juin 2024

En Baie des Trépassés



L'avenir au début n'est qu'un point du passé

juste un reflet dans l’eau de ce fleuve inconstant

qui nous conduit toujours en Baie des Trépassés


Là-bas je suis peuplé des spectres me hantant

me récitant des corps de texte dépecés

j'écris pour vous donner un supplément de temps


La nuit commence en se privant de son sommeil

— elle est brune elle est belle et remplie d’une envie —

le jour ensuite en se privant de son soleil

— il est blond (blé d’Ukraine) il est toujours en vie —


Du bout du Monde ainsi dont je défie Satan

de l’ancien temps perdu d’un Roman qui s’écrie

qu’on n'est pas sourcilleux quand on a dix-sept ans

j'ai décidé de t'aimer dans les mots que j'écris

samedi 1 juin 2024

Calme

 


L'obscurité de ta lumière en contre-jour

est pareille à cette image aux tréfonds de mes yeux

ce clair-obscur épais qui m’obsède toujours


Écrivant ta beauté je me souviens du mieux

cet ennemi du bien dont tu fis des ajours

et je sais néanmoins que ce n’est qu’un vœux pieux


J'irai rechercher dans les recoins de ton âme

un peu de nourriture à partager ma chère

un peu de notre vie beaucoup de notre drame

en feu barbecue comme on se grille les chairs


Et vibrant sur le grill en crépitant pour toi

je me suis enfumé de ces bruits qu’on acclame

alors que le bûcher c’est bien lui qu’on nettoie

vivre est la solution pour être seul au calme