Nous vivons dans la peur de mourir
Il n'y a pas de vraie vie sans mort
Il n'y a pas de répit sans remords
Il n'y a pas de remous sans amour
Il n'y a pas de récit sans secours
et quelque vérité qui s'écrive
est trop souvent gravée sous la peau
comme un parchemin sale et retors
On sait les décès financés
les décisions lues sans détour
et pourtant de ces pas cadencés
ma lecture est souvent sans retour
Il n'y a que des noms trop célèbres
Il n'y a qu'un virus et l'oubli
Donnez-moi la magie de la plèbe
et de boue je ferai patricie
Je ferai de mes poupées de glaise
à l'artiste un souvenir vaudou
le dégradé de marine anglaise
adapté pour un tour en cachette
On sait les cagibis dépeuplés
l'espace est leur déconcentration
tes jolis yeux bleus m'ont ignoré
mon ciel est bleu d'encre à dégueuler
Mon ciel est noir d'ancre à déplorer
dans le tôt décès de mes aînés
mon ciel est comme un catafalque
illuminé par les malades
Et dans la procession des morts
où la peste est la reine en l'arène
il me faut compter les matamores
et conter leur récit dans la peine
Il me faut repenser à mon frère
à celui qui fit les calligrammes
à mon cher Guillaume Apollinaire
il me faut relire Edmond Rostand
Qu'en paix campés dans l'alexandrin
la guerre entre eux ne m'ait concerné
qu'au niveau de la grippe espagnole
on pourrait parler de tous les autres
À commencer par Egon Schiele
et sa pauvre jolie femme enceinte
on en meurt en voulant enfanter
le virus est saint-barthélémyste
Ah ! Kafka finit par en mourir
aussi, la peine est réglementée
dans des dedans démantibulés
dans des dehors à peine apparents
Si la fleur du mal a fructifié
c'est qu'un virus a bien suivi
nous mourons tous en espérant
que nous survive un temps présent.https://soundcloud.com/annaondu/la-grippe-espagnole
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