Pour se payer des clopes
il faut vendre sa poésie agrafée sur
du papier de pattes de mouche
tip-tip-typographiée
par « La Petite » - cadeau
de Noël oublié par sa sœur aussi petite...
et cric-crac-reliée par un porte-clefs
qu'une chaîne
- écart-type aux graphiques -
attache à son agrafeuse-gadget
pour faire un recueil de flops
avec des mots sortis du sourire emplumé
de la bouche
miss-miss-miss-mystifiée
par les baisers que l'on jette
en cédant pour dix bals son œuvre
poétique
qui n'est rien qu'un roseau qu'un
post-ado' déchaîne.
Pour pouvoir s'enfumer
il faut se rendre au Luxembourg
(au Jardin, pas au paradis fécal de la
« cabane au fond »
qui est la honte indénoncée de
l'Union Européenne)
et quitter la petite couronne
afin de s'en poser une moyenne sur
l'épithète
en pénétrant l'intra-muros
comme une aiguille de seringue, ah !
(dans la candeur insoupçonnée de son
tropisme cruciforme)
sans s'imaginer que la fleur du fusil
où l'on aiguise son rasoir
coupera les ailes des anges pisciformes
des vœux exocets dans mes calembours
de mes soupirs où ma muse y cause au
plus profond
de mes proches au fait ou de mes roches
tarpéiennes
au fond du sceau de ma daronne
la trace des forceps imprimée sur la
tête
comme deux cornes de rhinocéros
la beauté par les vers est mue d'un
cocon d'illusoire
elle affleure au seringa
dans des vers parfumés.
A Paris.
J'écrasai le paquet de Philip marrons
entre la paume et quatre doigts
la dernière offrait ses fragrances
opiacées au quai de mon attente.
La gare de Maisons-Alfort est un
plongeoir vers le grand-bain parisien.
L'omnibus arrive
– Omnibus comme Omniscient ou
Omnichiant quand on le prend tous les matins –
l'Homme nie l'autre rive...
L'autre rive c'est
Paris.
Les portes se sont ouvertes et je suis
monté
le wagon sentait la cendre
comme à Auschwitz ou Birkenaü
ou aux ghettos de Varso-Craco-non-vie
les sièges étaient normalement
éventrés
ils donnaient l'envie de descendre
mais le train nous menait là-haut
dans la ville-lumière aux lumières où
l'on vit.
Paris.
Affligé contre un coin de carreau que
j'embuais
je ne pus longtemps ignorer l'étrange
mélodrame qui s'imposait :
dans les méandres val-de-marniens
conduisant
outre le confluent
aux souterrains de la gare de Lyon
l'esclandre s'enflait en l'espace ainsi
que l'eut fait un Pygmalion
Presque Paris...
Une équipée de jeunes blacks
encerclait un petit bonhomme...
Le wagon chassait le dragon depuis
Saint Georges et sa Villeneuve...
L'accent provocateur était celui tant
imitable de la banlieue.
Les garçons gesticulaient et les
filles attisaient la véhémence
ils étaient nombreux
et je ne comprenais pas pourquoi ils
s'en prenaient à ce petit homme
qui taiseux laissait passer l'orage et
le tonnerre
sans induire un moindre indice de
colère.
Nous n'étions pas à Sarcelle ni même
à La Courneuve
nous n'étions nulle part ni même en
aucun lieu
pas au Darfour ni même en Casamance
ils étaient nombreux.
Paris, Gare de Lyon...
Je vais pour m'interposer entre
l'équipe et ce petit homme
- l'agression que je ne comprends pas
me paraît inique -
je m'approche des belligérants au
moment où s'ouvrent les portes.
Emir Kusturica
Enki Bilal
Goran Bregovic
Des artistes qui m'inspirent
Je pourrais citer aussi les poètes...
Mais là
Je trouvais que ce petit homme avait un
côté balkanique
Break
Lorsque les portes se sont ouvertes
et que je m'interposai pour revendre un
peu
de notre tolérance inepte
et de notre droit français
Il a sorti un « coupe-chou »
un sabre
Je restai figé
un rasoir de quinze centimètres de
lame
puis bondissant hors du wagon
il se mit à poursuivre dans les
escalators
- qui a raison, qui a tort -
celui qui durant le voyage l'insultait
pour le saigner ou pour le tuer ?
Certains humains ont l'art et les
cochons à satiété.
Je ne sais quel profil glabre
ni quelle anti-maîtresse de l'âme
eut pu placer hors de ses gonds
celui qui porte la mort sûre.
Figé
je vis la haine se précipiter
et l'arrogance déguerpir
je vis ce que subodoré
de la violence inscrite dans les gènes
de la Yougoslavie subordonnée
à ses massacres indigènes
ses sacrifices indigents.
Ô peuples de la Guerre
Ô peuple afghan
Ô peuple des Balkans
Ô boxeurs de Thaïlande et du Viet-Nam
Ô lutteurs éternels
Ô rochers de la pointe du Raz et du
Vorlenn
Laissez au passé l'incarnation de son
horreur
Les yeux dans les bocaux qui hantaient
Pavelic
Le formol et le faire Mal aparte
puisque tout est « Kaputt »
laissez l'âme au sandwich
et la chair aux jeunes filles en fleur.
Ouaté notre monde.
Doigté notre immonde.
Et soudain la mémoire en moi de cette
violence
de ce qui ressemble au monstre de
Srebrenica
- plus jamais ça –
aux oustachis qui préparèrent
l'épuration ethnique
aux massacres de Vrgin-Most
- plus ou moins vierges –
à notre égalité devant l'horreur
au peuple allemand qui n'est pas moins
non-coupable
que le peuple français
que le peuple croate
que le peuple serbe
ni que le peuple turc.
Je n'ai jamais su si le petit homme
saigna le grand black qu'il poursuivit dans les escalators
mais j'ai su qu'il ne fallait plus se
fier aux apparences.
J'ai compris que l'on était peu de
chose au regard de la brutalité du mouvement du monde.
J'ai compris qu'il fallait observer.
Et protéger ceux que l'on aime.
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