vendredi 31 août 2018
Alchimique
Au feu de tes cheveux ne nous exposons pas.
Préservons-nous de ta fontaine d'or fondu.
Le plomb sur ma cheville adapte à tous mes pas,
le rythme où mes versets à tes creusets sont dus.
Le lac où le mercure en tes yeux stagne aussi,
renvoie l'écho profond d'un métal en fusion,
dont les reflets sur tes deux pommettes roussies,
d'harmonie pure en font l'infinie profusion.
Mon regard tangue au gré de ce si beau fourneau,
qu'il me faut effacer tout espoir de survie :
je sombre en ta clarté dans le théâtre No
de ma mort imagée par l'amour et l'envie,
par la troupe inspirée de mes maux doux porno',
par l'immensité que ta Beauté m'a ravie.
mardi 28 août 2018
Fatale
Nous sommes dévêtus de paille
et balayés par tous les vents
qui pèlent nos cottes de maille
à la façon d'un fruit savant ;
souvent, sous l'écorce enlevée,
nous révélons de nos ripailles
un cancer si bien élevé
qu'on l'adopterait sans chamaille.
Alors, des beautés que nous fûmes
en nos jeunesses désinvoltes,
on garde un joint que l'on fume
à défaut des deux-cent-vingt volts
auxquels on s'était transformé
— dans des flots d'encens qui parfument
au plus profond les mal-formés
que nous sommes — air que neuf eûmes !
Et pourtant, dans ce curieux flou,
je ne pourrais pas oublier
ce magnétisme âprement fou
sans lequel en papiers pliés
j'aurais négligé ma Fatale,
et qu'en bateau ivre on renfloue
comme un supplice de Tantale.
https://soundcloud.com/annaondu/fatale
lundi 20 août 2018
Jeanne
Jeanne, es-tu le fruit du bûcher ?
Sinon, l'étrange énamourée
d'un univers amouraché
par tes échos tant emmurés ?
Jeanne, aussi bien
pourrais-tu n'être
en fait qu'un leurre
ou l'autre lien
vers la fenêtre
où les couleurs
de l'arc-en-ciel
ont le besoin
de se confondre
en l'essentiel
unique point
d'où tout peut fondre.
Il est un infini de temps juxtaposés
selon lequel on prend des voies aléatoires,
et nos visions, nos voix, sont alors exposées
sur l'ouvrage étoilé d'un Dieu jubilatoire.
Ô victoire arrachée comme un membre à son corps,
à l'hostie des romains tu te trans-substituas,
tu vidas ses boyaux dans le grand désaccord
où stagnaient nos pensées quand tu les instituas.
Jeanne, es-tu le marasme auquel on se consacre
ainsi qu'un vin de messianisme inespéré ?
Sors-tu de la cuisse amortie dont le massacre
a fait d'un Jupiter à terre un apeuré ?
Sors-tu du ventre
effarouchant
des vieux enfers ?
Ou de ce centre
épanouissant
dont n'a que faire
un tribunal
ecclésiastique
et corrompu ?
Es-tu banale
ou fantastique ?
Es-tu rompue ?
Jeanne, es-tu le fruit du bûcher ?
Sinon, ce que nous fabriquons
de ton histoire endimanchée,
sinon d'un sacrifice abscons ?
« Faisons rôtir de la pucelle
et réservons à chaque femme
un petit peu du sort de celle
à qui l'on fit goûter les flammes ! »
Une lecture
est ainsi faite
à mon avis,
d'une imposture
où la prophète
eut sur sa vie
payé le prix
du sexe faible
et de la guerre.
On l'a compris
(vu de la plèbe) :
on ne vaut guère !
Il y a chez ma Jeanne, un relief étonnant :
loin d'être bas, ça sculpte en moi des certitudes ;
un faux-semblant de merveilleux mais détonnant,
confère à son ensemble une absolue quiétude.
Il y a sous les traits tirés de Jeanne d'Arc,
une flèche indiquant la bonne direction,
sous ses soudards ou Rais, le signe qui nous marque :
un brin libre et génial où naît l'incorrection.
https://soundcloud.com/annaondu/jeanne
vendredi 17 août 2018
De la soul
À la mémoire de Madame Aretha Franklin,
De la soul on en a plein les écouteurs
et de nos fantaisies d'être un plus joli cœur
on garde un bon tempo, comme un souffle au corps
et quelques vibrations qui nous éloignent de la mort...
En garde à la façon des mousquetaires
on ne sait trop verbeux jamais comment se taire
et l'âme au bord des lèvres, on se récite en rythme
une chanson d'amour à la façon d'un algorithme.
On se réclame un peu comme une pub' !
À la façon de ces chansons qui font des tubes
et des jolies chorégraphies de ces danseurs
auxquels une souplesse est truc de prestidigimasseur !
Alors, Aretha, que rien n'arrêta,
repose en paix armée par la beauté des tas
de musicalités que tu mis dans la Soul
et qui littéralement sont les splendeurs qui nous saoulent.
lundi 13 août 2018
Au Huelgoat
À Jacques et Danièle Milon,
On écrivit fort au Huelgoat :
on dégoulinait d'encre alerte
au point d'en avoir les mains moites
et par la plume orange et verte,
au cœur ouvert des pages blanches,
irlandiser la celtitude
et savonner de bleu la planche
où périraient nos certitudes.
On écrivit pour Jack Kerouac
et ses ancêtres montagnards
— au Yeun Elez un vieux bivouac
est comme un Brest aux dieux bagnards —
On écrivit pour Segalen
et ses bretonnes utopies,
pour des prosodies hors d'haleine
envahies d'âmes sans répit.
C'est le Chaos qui nous inspire !
Et de la fleur de ses rochers,
je sale au mieux, je sale au pire
(avec un grain bien arraché),
le plat corsé d'un Finistère
auquel l'identité sans doute
est le fleuron de cette Terre,
est au Huelgoat à toute écoute !
On écrivit aux Monts d'Arrée
depuis toujours et de tous temps,
Connemara, maisons d'arrêt,
de Pontaniou son Léviathan,
j'ai bâti ma mythologie
dans un café dans la forêt,
l'esprit des bois quand il agit,
transforme un être perforé.
https://soundcloud.com/annaondu/au-huelgoat
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