Souvent, nous bâtissions des mausolées d'argent,
de puissants coffres-forts éblouissants d'ordures
où le système était le maître et nous l'esclave,
où sous les traits obscurs d'un soleil astringent
brillait l'éclat d'obus cinglant des lingots durs
et la fragmentation sociale où tout s'enclave.
À cette époque, un monde immonde et dialysé
par les pétro-dollars, avait pour fin fatale
une surchauffe épidémique et démunie
d'alternative, hormis des maux stigmatisés :
Marx écrivant en toutes lettres « Kapital »
était un diable en rouge aux Nations Désunies.
Mais rien ne dure impunément qui fait le Mal !
En décroissant bien sagement, l'Économie
fit sa métamorphose en papillon de soie,
car en l'Intelligent qui sait l'Homme animal,
est un réflexe inné, celui de sa survie,
celui du choix permis qui jamais ne déçoit.
J'implorai le pluriel à des pluies déplorées,
la singulière apnée d'un sanglier tondu,
quand un pantin né du Cotentin coloré,
me guida sur la Manche au fil de l'eau tendu.
Le destin s'entortille, et l'intestin sorti
se répand sur la carte, et ses pans qu'on écarte
ont l'éclat d'un diamant d'un endroit desserti :
la beauté barbotée d'une humeur incarnate.
Au long de ta côte a sailli mon désir de ravin ;
j'éprouvai des régions qui pouvaient m'être état,
de mes cris vent sortit pour me rendre écrivain.
Mais trions les mots traits dont on nous maltraita :
si l'on se faufilait sur la falaise en vain,
l'être étreint te traite en traître au train d'Étretat...
Je ne parlerai plus de la couleur des yeux
ni de la rouille en tâche aux creux de vos pommettes ;
il me faudra bien trouver l'argument fallacieux,
pour m'abattre assez fin méprisant les Baumettes.
Et de ce château d'If inhalant le sapin,
de l'apnée salvatrice inhérente à vos fuites,
il faudra conserver le bon suaire de lin
comme gueule de bois juste après sale cuite.
En effet, l'on est fait dès que l'on romantise,
alors que les dits faits défaits sont diffamants,
que la haine est un feu diffus que l'on attise.
À l'Amour on échange au besoin les amants,
le sexe est une excuse à de pâles bêtises ;
et l'astre émasculé se perd au firmament...
Dans le silence étourdissant des solitudes,
on aperçoit la silhouette évanescente
amourachée des quelques mots de platitudes,
aussi versés comme une braise incandescente.
Et l'enfumé mirage ainsi se dispersant
dans l'atmosphère empuantie du brasero,
laisse à mon rêve un goût de cendre, un goût de sang,
laisse à la larme un goût de sel, ingrat zéro.
La chanson mixte est à deux voix reprise en cœur,
est à deux cœurs ouverts au vent qu'on dit mauvais ;
la chanson mixte est un accord à nos rancœurs.
Elle associe dans son seul corps, un seul Yahvé,
dans son hostie, le goût du pain dont la liqueur
a parfumé d'encens l'enfer et ses pavés.
J'abondai sans raison la douleur en dollars
alors que le cercueil à l'émotion serti
servait pour avaloir à mes dealers de l'Art ;
au plus profond de mon marasme, à quoi sert-il ?
À quoi sert donc le chalumeau des mots fertiles
arrosant les vallées de lunes funéraires ?
À quoi bon découler l'encre à mort sur le Nil
et son serpent liquide aux relents littéraires ?
Avant la venue des charrues, passait l'araire ;
avant l'avenue des ces champs coalisés
contre le temps qui passe, avant l'horaire,
existaient les anciens, les non-mondialisés.
Gavrinis, en tes courbes immortalisées
clignant du doigt comme une paupière erratique,
est mu le corps que l'on débraille analysé
par l'ignorance émue des accords informatiques.
À quoi sert donc le dromadaire épileptique
et son Marché dans le désert évanescent
des illusions de la modernité pratique ?
Un oasis est presque un fantasme indécent !
J'allais sur Gavrinis pour y chercher du sens ;
au cœur de sa spirale, on entre, on s'entortille,
et dans son labyrinthe on s'emplit de l'essence
abandonnée, perdue, cachée sous les orties.
On est des animaux de verre
à la fourrure accidentée,
dont le passage un peu sur Terre
est foin d'une paille écourtée.
Je suis aussi Patrick Dewaere
à l'incongrue fragilité,
tu es Romy devant-devers
un Cinéma facilité...
Facilité par l'intuition
que n'aiment pas nos sociétés,
nos distendues fréquentations
tombant comme un slip empoté
sur notre désincarnation,
sur un écran de cécités
s'offrant nos propres projections.
L'objection tâchant notre honneur
est bien loin des sénilités ;
la Mort est un vieux poinçonneur
accrochant des Lilas gâtés
sur des tickets dont la longueur
est à géométrie ratée,
marquant d'un fer avec rigueur
un brin de ruine horodatée.
De ceux qu'on perd un éclat reste,
éblouissant de sa clarté
les tourbillons qui vont de Brest
au cœur de l'intériorité.
Parfois, des tessons qui l'attestent
épousant l'image annotée,
s'en font le concret manifeste.
On se croit si souvent servi
dans l'orgasme ou l'alacrité,
pourtant partout le temps sévit ;
richesse ou bien médiocrité,
la Mort ajuste son devis
comme un monteur ayant monté
débris de verre en bris de vie.
Je baignais dans ton huile et son lac en mercure,
orpaillant de mon mieux ton iris épanoui ;
t’aimer en t’écrivant m’étais la sinécure
à laquelle en mes vœux je m’étais évanoui.
Je sais le poids des mots, celui des métaux rares ;
écrire est l'industrie toxique et très plombée
d'un pic incidemment plongé dans le curare
et dont pourtant leçon vous laisse bouche bée.
Des cylindres ronflaient comme des tuyaux d'orgues ;
on en sentait la fugue où l'Amour y perdure,
et le Poème était comme l'eau de la Sorgue,
en partage entre nous d'héritage hyper-dur.
On composait une ode à la femme sans âge,
à son trait lunatique et fantasque à dessein ;
mais j'aimais à ce point caresser ton visage
à la plume adoucie, qu'il était comme un sein.
Lorsque la fleur affleure à la larme de l'encre
et que le stylet grave en ses aigus tes angles,
on te dirait sortie de ma cuisse où le chancre
accouche endolori des tourments de la langue.
À nulle autre pareille est la beauté lunaire
et le vert de la pomme en tes yeux de velours ;
on maudirait de toi ton reflet dans mes nerfs,
il m'en resterait tant que léger serait lourd.
La peau lecteur, la peau hésite à chaque mue
comme la poésie déchirée par trop d'amours,
et sa métamorphose aux jeux du PMU
n'est qu'une anamorphose en ses odieux labours.
Il me faut, toi lecteur, assurément t'ouvrir
au mystère absolu de la transmutation
que Nicolas Flamel eût su d'un sceau couvrir
et délivrer pourtant de toute inquisition.
La peau n'est que le masque affublant le visage
éteint de ceux dont le sourire est la grimace
ou la moue triste affichant sur ce paysage
un rictus amer et mou, d'un baiser de limace.
Et traînant — mollusque informé du triste sort
étrennant ma vie larvée sur le bord du rien —
de-ci de-là, me flétrissant sans ressort,
on me voyait compter, métronome aérien.
Compter le temps qui passe et la ride imprévue,
dont s'en suit la frayeur et la grande panique
où le Monde s'avance à perte de bévues
vers un iceberg à la façon du Titanic.
On pourrait balbutier des tas de poèmes
au sujet de cette élasticité perdue,
de la vergeture et de ce que la peau aime
indépendamment des lents jours et de leur dû.
Quoi qu'il en soit, sans passer par quatre chemins,
lorsque la mienne effleure un brin de son histoire,
à la peau de mon Amour est un Parchemin
gravé par la caresse infinie de l'espoir.
Je voyais du Désert une peau chamarrée,
la carapace émue d'une Terre épuisée,
dont les larmes taries par un flux trop puisé,
ruisselaient de leur sel attendant nos marées.
Là-bas, sous l'horizon des asphaltes brumeux,
J'ai cherché des raisons de prier l'inconscience
entourant de son voile un objet d'impatience
appartenant aux débris d'un fantasme écumeux.
Puis, creusant ma mémoire à la façon d'un trou,
j'ai fouillé dans son ventre un vestige amoureux
(l'ombre éclaircie de l'or en pépite en ses yeux),
je poursuis aujourd'hui de ce vice un écrou.
Je crois avoir posé sur le chemin du rêve,
un gravier fait de mots et de ressentiments,
dispersé par les roues d'un soleil véhément,
par des rayons d'enclume où se battre sans trêve.
Au feu de tes cheveux ne nous exposons pas.
Préservons-nous de ta fontaine d'or fondu.
Le plomb sur ma cheville adapte à tous mes pas,
le rythme où mes versets à tes creusets sont dus.
Le lac où le mercure en tes yeux stagne aussi,
renvoie l'écho profond d'un métal en fusion,
dont les reflets sur tes deux pommettes roussies,
d'harmonie pure en font l'infinie profusion.
Mon regard tangue au gré de ce si beau fourneau,
qu'il me faut effacer tout espoir de survie :
je sombre en ta clarté dans le théâtre No
de ma mort imagée par l'amour et l'envie,
par la troupe inspirée de mes maux doux porno',
par l'immensité que ta Beauté m'a ravie.
Nous sommes dévêtus de paille
et balayés par tous les vents
qui pèlent nos cottes de maille
à la façon d'un fruit savant ;
souvent, sous l'écorce enlevée,
nous révélons de nos ripailles
un cancer si bien élevé
qu'on l'adopterait sans chamaille.
Alors, des beautés que nous fûmes
en nos jeunesses désinvoltes,
on garde un joint que l'on fume
à défaut des deux-cent-vingt volts
auxquels on s'était transformé
— dans des flots d'encens qui parfument
au plus profond les mal-formés
que nous sommes — air que neuf eûmes !
Et pourtant, dans ce curieux flou,
je ne pourrais pas oublier
ce magnétisme âprement fou
sans lequel en papiers pliés
j'aurais négligé ma Fatale,
et qu'en bateau ivre on renfloue
comme un supplice de Tantale.
Jeanne, es-tu le fruit du bûcher ?
Sinon, l'étrange énamourée
d'un univers amouraché
par tes échos tant emmurés ?
Jeanne, aussi bien pourrais-tu n'être en fait qu'un leurre
ou l'autre lien vers la fenêtre où les couleurs
de l'arc-en-ciel ont le besoin de se confondre
en l'essentiel unique point d'où tout peut fondre.
Il est un infini de temps juxtaposés
selon lequel on prend des voies aléatoires,
et nos visions, nos voix, sont alors exposées
sur l'ouvrage étoilé d'un Dieu jubilatoire.
Ô victoire arrachée comme un membre à son corps,
à l'hostie des romains tu te trans-substituas,
tu vidas ses boyaux dans le grand désaccord
où stagnaient nos pensées quand tu les instituas.
Jeanne, es-tu le marasme auquel on se consacre
ainsi qu'un vin de messianisme inespéré ?
Sors-tu de la cuisse amortie dont le massacre
a fait d'un Jupiter à terre un apeuré ?
Sors-tu du ventre effarouchant des vieux enfers ?
Ou de ce centre épanouissant dont n'a que faire
un tribunal ecclésiastique et corrompu ?
Es-tu banale ou fantastique ? Es-tu rompue ?
Jeanne, es-tu le fruit du bûcher ?
Sinon, ce que nous fabriquons
de ton histoire endimanchée,
sinon d'un sacrifice abscons ?
« Faisons rôtir de la pucelle
et réservons à chaque femme
un petit peu du sort de celle
à qui l'on fit goûter les flammes ! »
Une lecture est ainsi faite à mon avis,
d'une imposture où la prophète eut sur sa vie
payé le prix du sexe faible et de la guerre.
On l'a compris (vu de la plèbe) : on ne vaut guère !
Il y a chez ma Jeanne, un relief étonnant :
loin d'être bas, ça sculpte en moi des certitudes ;
un faux-semblant de merveilleux mais détonnant,
confère à son ensemble une absolue quiétude.
Il y a sous les traits tirés de Jeanne d'Arc,
une flèche indiquant la bonne direction,
sous ses soudards ou Rais, le signe qui nous marque :
un brin libre et génial où naît l'incorrection.
De la soul on en a plein les écouteurs
et de nos fantaisies d'être un plus joli cœur
on garde un bon tempo, comme un souffle au corps
et quelques vibrations qui nous éloignent de la mort...
En garde à la façon des mousquetaires
on ne sait trop verbeux jamais comment se taire
et l'âme au bord des lèvres, on se récite en rythme
une chanson d'amour à la façon d'un algorithme.
On se réclame un peu comme une pub' !
À la façon de ces chansons qui font des tubes
et des jolies chorégraphies de ces danseurs
auxquels une souplesse est truc de prestidigimasseur !
Alors, Aretha, que rien n'arrêta,
repose en paix armée par la beauté des tas
de musicalités que tu mis dans la Soul
et qui littéralement sont les splendeurs qui nous saoulent.
On écrivit fort au Huelgoat :
on dégoulinait d'encre alerte
au point d'en avoir les mains moites
et par la plume orange et verte,
au cœur ouvert des pages blanches,
irlandiser la celtitude
et savonner de bleu la planche
où périraient nos certitudes.
On écrivit pour Jack Kerouac
et ses ancêtres montagnards
— au Yeun Elez un vieux bivouac
est comme un Brest aux dieux bagnards —
On écrivit pour Segalen
et ses bretonnes utopies,
pour des prosodies hors d'haleine
envahies d'âmes sans répit.
C'est le Chaos qui nous inspire !
Et de la fleur de ses rochers,
je sale au mieux, je sale au pire
(avec un grain bien arraché),
le plat corsé d'un Finistère
auquel l'identité sans doute
est le fleuron de cette Terre,
est au Huelgoat à toute écoute !
On écrivit aux Monts d'Arrée
depuis toujours et de tous temps,
Connemara, maisons d'arrêt,
de Pontaniou son Léviathan,
j'ai bâti ma mythologie
dans un café dans la forêt,
l'esprit des bois quand il agit,
transforme un être perforé.
Comment penser sur le Zéro et l'Infini ?
Pourquoi, comment survivre à nos effondrements
tout en brillant comme une étoile au firmament
dont la nova rejette aujourd'hui le déni ?
Nous oscillons entre la mort et la naissance,
entre deux bornes d'un néant commensurable,
et parfois même entre deux états misérables,
entre métamorphose et pâle évanescence.
Au moins conscients des vacuités de nos destins,
des pauvretés que nous laissons en héritage,
il faut s'enorgueillir de nos plus beaux ratages !
Ainsi, l'infini qui nous tord les intestins
— né du zéro signant, je crois, sa bouche ouverte —
avale en l'Univers un peu des vies offertes.
Descendre d'un ancêtre ou descendre un ancêtre ?
Il suffit d'un seul mot fait d'une seule lettre
et bascule le sens à cheval sur un trait,
d'unions nous l'attachons : la phrase a son attrait.
Tout est détail ici, tout est battements d'ailes ;
un nœud de papillons vient à tâcher le ciel
— auréole où l'essaim pigeonne à l'horizon —
quand le chant des grillons frissonne en oraison.
Sur un trait d'arbalète on voyage plus vite !
Et les petits carreaux qu'à la nappe on invite,
ont le damier déçu des drapeaux d'arrivée.
Je ne sais de ces liens que l'on fixe aux rivets,
qu'une silhouette floue que mes rimes cadencent,
et descendre est un Art inspiré d'ascendances.
Je déjouerai le Verbe et son début mythique
en composant pour toi, tel un théâtre No,
nos ombres découpés de « si » si concentriques
en un veau doux, veau d'or aux cinq points cardinaux,
que l'on s'enivrera d’idéal esthétique.
« Enjoue les mots, com' sur des touches de piano !
Joue sur mon corps, pour effacer toute romance !
Et que les sanglots lents de nos violons porno'
rameute un peuple entier d'envies et de semences,
afin de danser sur les reliques de nos os ! »
J'invoquerai des dieux antérieurs aux croyances
et des esprits sortis du ventre de la Terre,
afin de retrouver dans tes yeux de faïence
un peu de ce qui fit ma vertu grabataire
et de ma chasteté l'absolue défaillance.
Après, je te lirai dans ton seul caractère,
apposerai mes mains sur tes rêves blessés,
qui s'y déposeront comme on pose un cautère,
et tes cils incurvés comme une lune en C,
décroîtront lentement sur tes soleils austères.
Enfin libre en mes vers lents de chanter bien assez,
j'étirerai mes mots dont la phrase élastique
animera le pouls de ton cœur élancé
dans une course folle aux accents pathétiques,
à l'accent grave épique et l'angle aigu dressé.
Comment dire aussi crue, votre beauté flagrante
et mon ivresse émue par vos traits délicats,
sinon par l'éclat de splendeur émigrante
en vos yeux rutilants d'innombrables micas.
Nous sommes composés de multiples trésors,
et les couleurs des yeux ne sont qu'un verre amorphe
où le reflet de l'âme est un vieux dinosaure
assujetti souvent aux pressions métamorphes.
Alors on change en pierre un vain cœur d'artichaut
que l'amour effrayait tandis que l'on frayait,
que l'effroi des passions se peignait à la chaux.
Redessinant ta bouche au hasard des rencontres,
il m'arrive aujourd'hui d'y payer mon loyer,
de me loger en toi, contre toi, oui, tout contre !
Je décomposais sur les cordes de tes côtes
un mouvement musical auquel on tenait
comme au week-end autopsié d'hôtel à Zuydcotte,
où nous bavions de ce que l'Amour contenait.
Qu'on l'y masse ou qu'au lit macère entre deux ombres
un de ces embryons, qui sait de ce fœtus
un brin de vérité dont la part d'encre sombre ?
Un brin des entrelacs dont on est un fétu ?
Foin de bombe hirsute et de canons de beauté !
Je décodais ta clavicule en la longeant ;
la paille était dans l'œil ainsi désorbitée.
Je déconnais parfois, tandis qu'en t'allongeant,
j'offrais en sacrifice un agneau dépité
par une maladresse en mon être indigent.
J'ai ciselé ma rose des sables
à ton image attelée d'amour,
aux lingots dès lors impérissables
où je me confondais des labours
exigeants, mais à mention passable.
Il soufflait de mon oued assoiffé
le flux nourricier de tes vaisseaux,
de tes baisers soudain décoiffés,
la salive édulcorée des sauts
consentis par des faux paraphés.
Tout en toi résonnait d'Arabie ;
mon index indécent t'effleurait
— microbe en mode anaérobie —
ne pouvant déflorer tes forêts,
mais t'enlaçant d'un corps amphibie.
L'or fait le malheur
et l'argent le bonheur ?
Orphée fut tout entier
plongé dans le creuset
de ce métal hurlant
que l'on appelle « Amour »,
et qu'en versets violents
je déverse alentours.
Mes coquelicots fondent
Et l'étain fait des balles,
Ô joie que l'on confonde
un fatras qu'on déballe.
Or, argent font la guerre
et naguère est jadis
— ôtez-moi du vulgaire,
offrez-moi l'Eurydice.
Offrez-moi l'opportune
à quérir aux enfers ;
à ce point sans la thune
on ne sait pas quoi faire,
on ne sait pas pas quoi dire,
on essaime à tout vent
mais on donne au nadir
un parfum de l'avant.
Mais on vole au zénith
un espoir insoumis
qu'un poison d’amanite
agrémente au semis.
L'asphodèle est au Mal
un emblème optimal,
et les forges d'Hadès
ont créé mes déesses.
Lorsqu'un papillon bat de l'aile
et qu'un chaos lui fait écho,
qu'un moissonneur a des allèles
à triturer mode Art-déco',
la génétique est un naufrage
et le génome est un scrutin
d'où le plus niais de ses suffrages
est hybridé par des crétins.
Ma Liberté s’est envolée
sur ta sélection darwinienne
et sur tes cils à la volée
bâtant la campagne iranienne
au gré des transperçants yeux pers
où se logeait l’aînée gordienne
en laquelle enfin je me perds,
en là sombre un trait d’obsidienne
Alors ? Où se trouve la flèche
afin de trancher les cordons
qui nous relient tant qu’on se lèche
à nos ombilicaux codons ?
Puisqu’on est vraiment dans la dèche,
alimentons la controverse !
On aura l’encre d’une seiche
à déverser à la renverse.
Qu'on teste à terre
un peu du goût du pavé
gris lacrymogène en brume idéaliste
ou qu'on s'entête à la terreur révolutionnaire
aux visions de Trotsky par le crible insidieux de l'Europe
aux desseins de Mao par celui d'idéogrammes
aux utopies anarchistes
on garde au cœur un peu de ce nouveau temps des cerises
un peu de cette Commune amphitryone
à laquelle on n'ose consacrer des messes
autrement qu'en oubliant l'année qui la contint.
'68
un demi-siècle après le conflit qui marquait le début de celui-ci
— la moitié du vingtième alors qui finirait aujourd'hui ? —
'68
une étrange et bleutée solution posée sur l'équation des mondialisations
cuivre embobiné par les trompettes de la renommée
sulfatage abominable à droite, à gauche, à l'extrême gauche
à l’extrémité maladroite où s'échouent les idées
'68 est née telle une hydrocéphale
une enfant de béton, de ciment
déchirant la matrice agencée d'un temps révolu
sciant les poutres dont elle fit son bois de chauffage
et l'effondrement d'un ensemble effaré de principes.
On reparle à veau-l'eau de cet an compassé
sans mesurer jamais vraiment l'épaisseur effrayante
et les replis pâtissiers de ses événements
dont on se délecte à présent comme on bouffe un passé.
'68
en janvier tu t'es faite au visage humain d'un socialisme optimiste
(on oublie ce ton donné par la Bohème et ses enfants d'amour)
un Poème — on dit « Carmen » en latin —
débité par un futur jardinier de Prague
Alexandre Dubcek
illustré par le cinéma jeune et triomphant de Milos Forman
bourgeons naissant dans la froidure hivernale
avant la venue d'un printemps qu'il faudra que la violence élague
alors qu'au mois suivant les patineurs triomphaient en hockey
du grand frangin russe et signaient de tchèques en blanc
les Killy-Killy des médailles olympiques.
À Nanterre, on troquait les canons du 18 pour ceux du 22 mars.
Un juif allemand quoique français, rouquin de surcroît,
laissait jaillir une sève élaborée de théories libertaires
et la mort de Gagarine étouffait dans l'œuf ensanglanté de Spoutnik
un vent de révolte en Pologne
un soulèvement des étudiants gonflés de désirs inventés
que le rugby français concrétisait d'un grand Chelem inaugural.
'68 était un mélange inquiétant d'extrêmes
espoirs incongrus
répressions innommables.
En avril, ils ont tué Luther King.
En tuant la non-violence, on ouvrait la boite de Pandore
et le déferlement des sauterelles sur les chants de nos cultures
en avril, alors que Prague était tout à son Printemps
le grand fourmillement des forces intellectuelles et populaires
œuvrait sourdement mais sûrement au Grand Soir
en avril on a tué Martin comme on a tué Gandhi
comme on a tué la pensée de Tolstoï juste avant
comme on a voulu tuer celle du socialisme à visage humain
celle admirable où l'Anarchie n'est pas mue par la brutalité
mais par la négation de l'état face à l'individu.
'68 explosa donc en mai
cocktail Molotov
au cœur de mon quartier Latin
celui de François Villon
place de la Sorbonne et rue des écoles
ombilicale entre la « Bonne sœur » et Jussieu
Tout à côté du Boul'Mich'
et du Luco' qui me vit vendre aussi mes poésies
là, près des bassins secrets vers lesquels les amoureux parisiens de toujours ont leurs flirts
alors, comment ne pas romantiser cette pseudo-révolution qui ne fit pas de morts?
Entre un sitting où passait une jeune femme enceinte et quelques barricades
on y croisait des fausses connes et des vrais bandits
sous les diatribes de Dany Cohn-Bendit.
En mai, défait ce qui te déplaît !
Car ce mois de mai fut paraît-il estival
on dit que cet été prématuré fut le déclencheur opportun de cette crise adolescente
et qu'avec la pluie du mois de juin le peuple impubert revint à ses voitures
on dit aussi qu'une infirmière au sein des barricades
aperçut un beau jeune homme en train de coller des affiches pour un concert de musique irlandaise
et qu'ils tombèrent amoureux
Mai '68 est un mythe, un mythe est peuplé non de gens, mais de ses légendes
et qu'on se les raconte afin qu'un poète un jour les écrive.
On assassina le mouvement puis Bob Kennedy
Manifestant ses 2000 mots
Prague haranguait
face à l'ultimatum du Pacte de Varsovie.
Les 70 mm de l'Odyssée de maître Stanley
ne donnèrent pas naissance à l'enfant de l'étoile rouge
et le mois d'août fut un mois dur
écrasé par les chenilles arpenteuses des tanks
auréolés de croix gammées — comble de l'Histoire —
Ô Kafka, grand prêtre halluciné
ta patrie pétrie de déboires
était un bateau livré pour l'exemple.
En Afrique, on biaffrait d'impatience
en affamant le peuple
et le pain coûteux des jeux du Mexique
offrait une tribune au Black Power
aux poings tendus — le droit, le gauche, il faut bien se partager une paire de gants —
tandis que crevait Marcel Duchamp (bidet mal réparé)
l'automne aussi mourrait.
La surnage au Napalm
enveloppait de son brasero
l'âtre âpre et fuligineux du Viet-nam
épuisant le mirage américain de la
cavalerie morte en héros.
L'élection de Nixon avait les airs d'un hallali
pour ces élans de transgression.
C'est curieux : les aspirations de renouveau semblent accoucher des pires retour à l'ordre.
Et pourtant, c'est juste une impression : doucement, le changement s'insinue comme une faille à la morale.
En décembre, Apollo VIII envoya trois garçons faire un tour de notre satellite
et j'étais sur orbite à mon tour
avec Explorer de 2001
sous la surveillance attentionnée de HAL 9000
et de mes jeunes parents
dont l'une au bras de l'autre était passée place de la Sorbonne
enceinte
en mai dernier.
Je t'ai couchée dans l'herbe, allongée dans le frais
cresson du bord de l'eau, fondant sous la chaleur
irradiée de ton corps adulte et qui s'offrait,
lascivement ouvert à mes doigts cavaleurs.
Endormie, j'observais ta beauté dans l'écrin
végétal où ton souffle apaisé soulevait
légèrement ton ventre arrondi, dont le grain
délicat sous ma main lentement se mouvait.
De petits animaux curieux t'approchaient :
l'insecte, ou la belette en reniflant ton bras,
t'effleuraient mais pourtant jamais ne te touchaient.
Je restais quant à moi dépourvu d'embarras,
m'unissant au décor, à toi, rien ne m'empêchait
d’absorber tout entier ce soleil d’apparat.
J'ai le croissant de lune aveuglant de ta bouche
au petit-déjeuner de ma quête amoureuse,
et le sentier creusé par ton bras sur ta couche
en guise de tranchée vers ta gorge onéreuse.
Et rien ne m'est plus cher que ces draps de fumées,
que ton éclat debout dans la lumière éteinte :
il me fallait deux buts dont ta main parfumée
guiderait mes écrits d'agonie hors d'atteinte.
Il me fallait rêver que tu m'étais possible,
afin qu'en quelques vers on devinât ton corps,
et que ton âme aussi prise à ce point pour cible,
offrît à mon désert une oasis accorte.
Il me fallait danser sur les définitions,
sur les sons, sur les sens et sur l'essence de toi
pour capter en plein cœur de ma méditation,
ta beauté camouflée que mes larmes nettoient.
Ce sont de vies d'avant que nos sentiments sourdent
et de se reconnaître il est bien compliqué ;
j'avançais en aveugle et d'une oreille sourde
avant que de t'entendre en cueillant ton bouquet.
Chaque étoile est unique et leur nombre infini,
chaque amour en effet n'est qu'une tentative ;
une rencontre dont on ne s'est prémuni
ne concède au hasard aucune alternative.
Mes pensées s'en allaient sur l'onde paresseuse
ainsi que cette feuille où se pose ma plume ;
un oiseau chapardeur entamant sa berceuse,
illustrait par ce chant toute mon amertume.
On pose, au fil de l'eau, des années de bonheur
en parfaite ignorance, en coupable insouciance,
et le marteau du juge implorant votre honneur,
enclume avec le temps les faux-cils de la science.
Il me faudrait pour toi fondre un vocabulaire,
un dessert olfactif, un bonbon de syllabes,
afin qu'un chocolat d'émois sous ta molaire
ait le croquant des feints jurons faits sous hidjab,
et que l'on classe au creux de tes intercalaires
une beauté née d'un calligramme arabe.
Je voyais en Brummell
un phare en direction de la terre gaste
un rêve embrumé
dont la vie fantasque
et la fin misérable
hantait mes fantasmes existentiels.
On devinait chez Brummell
un charme indéfinissable
exposé comme au musée des vents contraires
utilisé par les morales arbitraires
afin qu'ainsi mis à l'étal
on démarchât de son statut
d'un piédestal accidentel
où l'on vendit à la bougie
sa séduction calculatrice
à l'élégance artificielle.
On peut citer Barry Lindon
et les dandies qui dans Paris
peuplent aujourd'hui les boites
en sniffant les rails urbains
d'un underground un rien trop métropolitain...
Jamais pourtant ne disparaît
l'image en mon miroir
où dans son halo de buée
paraît Brummell et son mystère :
il inventa Bowie,
la classe et l'éclectique
aura de l'humain désinvolte
intense et débranché
en avance à chaque instant d'un temps
(voire un peu plus parfois)
puisqu'à la fin crever
c'est notre lot commun
bougeons l'aiguille au gousset
de l'heure inexorable
et des règlements castrateurs
allons vers un futur absorbé par le présent
cadeau lui-même du passé !
Brummell était un artiste un peu particulier :
l'auteur et l'œuvre en lui se confondaient ;
son attitude était des vers en escaliers
qu'on monte et qu'on descend d'un seul regard ;
il inspira d'autres dandies dont Wilde est mon modèle,
évacuant de fait l'ordre sexué
des pensées créatrices
offrant le chant défriché des pulsions masculines
à l'expression d'une esthétique émancipée.
Mais le tableau se fige un jour
et les couleurs palissent
et si c'est simple comme bonjour
en vérité de La Palisse
on fuit pourtant l'odieux verdict
où le temps tyran lui nous dicte
un gros retour de manivelle
et de ses fourches caudines
un ego trop long que nivelle
un joli coup de guillotine.
Alors, moi de Brummell
— ectoplasme invasif —
il me reste, incisif,
un brouillard qui s'emmêle
aux rêves de marine anglaise
aux vapeurs de l'encens
au Génie de Baudelaire
aux mains de Camille enfoncées dans la glaise
aux révolutions couleur de sang
dont le muguet parfume assez bien l'air.
"Les vers en Poésie portent bien mieux leurs noms qu'on ne le pense : il s'agit de petites choses blanches qu'on fait sortir du fruit de nos cerveaux qu'ils rongent, en anticipant sa mort."
De son simple regard et de sa bouche en cœur,
elle a su pétrifier mon théâtre de sable,
et du temps qui s'écoule (ayant bu sa liqueur)
il me faut vous conter son indéfinissable :
Avant que je ne m’adresse à elle en ces mots,
mon sémaphore alertait par de grands signaux
les étoiles, je mêle à mes versets jumeaux
la toile au sacrifice et le loup à l’agneau.
C’était le calme plat sur ma mer intérieure,
alors que tu gisais comme une onde lascive
— on se sait éperdu dans l’étage inférieur
Et l’enchevêtrement dont tes bras sont la sylve.
On se sait enivré par les traces d’encens,
dont ta peau s’imprégnait lors des bains de vapeur,
on buvait ma parole, en ton Léthé dansant,
le poison délicieux qu’on appelle torpeur.
On buvait laminaire au reflux de tes courbes,
Un sourcil ébahi comme une lèvre ourlée,
ta Beauté qu’un dieu sale eût sorti de la tourbe,
en me faisant son saint de ton sein pourparler.
Si lors de ton sourire éclate un pur soleil,
il faudra repenser notre façon de voir...
Et si je te dessine à nulle autre pareille,
il y a mon désir et bien moins mon devoir.
Il y a l’impensable et le mythe absolu :
la Femme désirée que le Destin m’ôta,
la Poésie parfaite et sans cesse relue
dont la rime s’honore en faisant des mots tas…
De son simple regard et de sa bouche en cœur,
Hugo fit un roman, Pratt en fit l’aquarelle ;
Esméralda dit-on, garde un refrain moqueur,
Et moi de mes couplets, nos dévotions pour Elle.
C'était à Brest quand on s'ennuie,
Ou plutôt non, ou plutôt oui,
A Guipavas, juste en sortant
Que finissaient les étudiants,
Que s'achevaient, le corps mourant,
De goélette en goéland,
Les matelots vaguement gris
De mise en boite dans la nuit.
C'est au Mélo et dans son bruit,
Quelques instants bercés d'envies,
Mais pas de slows sur le ponant
Et des couteaux entre les dents,
Je n'en ai qu'une au plus offrant,
Mais d'opportune, elle est tournant,
Et sur son corps ma main se dit
Qu'à folle courbe est interdit !
Interdit quoi ? Interdit bon...
Le son des pleurs et des passions,
Et peu à peu Brest alangui,
Sans un seul geste et sans un bruit,
Il est fermé le Mélody,
Tout défenestre et tout est cuit,
Et l'arsenal n'est pas champion,
Et toute ligue est invention...
Quand je t'écris, quand je te lis,
Comme en rentrant du Mélody,
Glace à la braise et cœur fondant,
Lueur de phare et clignotant
De tes longs cils en battement,
Des sanglots longs, des sanglots lents,
Comme des pluies de batterie,
Rythment les flots du temps qui fuit.
Un jour on verra tomber le capitalisme
ainsi que le fruit mûr auquel on s'accrochait,
mais dont l'âcre amertume héritée du cynisme,
empoisonnait le Monde et sans freins l'empêchait.
L'empêchait de fleurir et de répandre à tous
un parfum de muguet datant des barricades
où tombaient les amants des fiancées qu'en douce
on courtisait sans fin, repoussant l'estocade.
L'estocade est venue, mais rien pourtant ne change :
ici Paris, Delhi, Moscou sans communisme,
on parierait la vie de Gandhi pour échange.
Échangeant le courage à ce pusillanisme,
on ourdirait le rêve en cendre au bord du Gange :
un jour on verra tomber le capitalisme
Là où chaque étoile brille, il y a ton regard
Et le planetarium où dans ta galaxie
nous tous on part en vrille, où les monts du Hoggar
ont courbé ton beau corps à mon anorexie.
M'affamant, ma femme en te composant ces vers
qui rongent mes refrains dans ton éclat de verre
et disent ma passion pour ta bouche infinie
dont le souffle épanoui fait mes morceaux réunis.
Kaléidoscopant mes sentiments pour toi,
j'ai pianoté l'éclat de ton sourire unique
et construit de tes mains ce qui me sert de toit.
J'ai gravé l'impression de ta beauté runique
au cœur de l'arbre mort où rien ne se nettoie
du premier rendez-vous virtuel — état clinique.
Le premier pied des vers d'escales africaines,
C'est à Casablanca que je l'avais posé.
Sur la terre d'Islam, aux musiques anciennes,
Casa, ville éternelle, et d'Ingrid et d'Humphrey...
Ben oui ! J'ai rendu mon hommage au grand Hôtel...
Je me suis fait Viktor entre deux, trois cocktails,
Je me suis fait Lazlo qu'on ramasse à l'appel,
Je me suis fait un jeu de la blanche et la belle.
Elle est belle comme Toi, tu sais, la Casa :
De ses profondeurs vertes et alizéennes,
De ses petits taxis passant comme ces gars,
Dans ces placards sont ces amants qui vont, qui viennent...
Et peu importent nos viandes et nos géhennes,
J'ai de Casa comme de Toi, sang dans les veines,
J'ai cette foi qui me rapproche et qui m'entraîne,
J'ai cette fois la conviction que rien ne gène.
Comme à Casa, ça fait quinze ans, quinze ans déjà...
Cette odeur violente sur le port de commerce,
Et ma jeunesse défaillante aux premiers pas
Sur cette Afrique en vie, sur cette Afrique inverse...
Je veux te parler de la corniche d'In Diap,
Et des balades nocturnes que rien ne rattrape,
De tous ses bas quartiers s'effilochant en grappe,
De la grande mosquée, leur farce de satrapes...
In Diap, c'est le quartier des fêtes de la nuit,
Des bars où l'on réinterprète Mahomet,
La riviera qui coule comme l'eau des pluies
Que les prophètes n'ont jamais su endiguer.
In Diap, c'est un restau', des coussins, des sofas,
Un ventre qui ressemble au tien, et des longs bras
Serpentins, ventre d'une femme comme Toi,
Et notre aurore à nos destins, Casablanca !
Tout danse dans ma tête, mon amour, ma loi,
Et la belle interprète orientale et sensuelle,
Tout danse dans ma tête quand je pense à Toi,
Et Casablanca comme à tes yeux rebelles.
Souviens-toi, quand je traversais la Médina !
Autre temps, autre siècle, en tenue de combat,
Marine incohérence en rêve de soldat,
En matelot de France aux temps du Pourquoi-pas.
Mon âme, dans ces rues sévères et étroites,
Croisant le peuple et les mouquères envoilées,
J'étais je crois, Corto serrant de sa main droite,
Quoiqu'un peu gauche, un temps de rêve évaporé...
Pas loin du cancer et des longues maladies,
Quand on s'approche des tropiques, mon amie,
Ce sont des vols que l'on suspend comme à l'envie,
Et des bémols aux partitions de notre vie.
J'aime énormément quand tu te déguises en fille !
J'aime tes jeux, tes joies et toutes ces broutilles,
La différence entre une femme et une ville ?
Quoi donc ? Casa et toi : Vos ventres sont fertiles.
Je viens vous lire
l'impénitente gare en station ouvrière,
des souvenirs hagards qui n'ont que fer d'hier,
chemins de cire,
des mots vidés, cédés à tant de passions rances,
qui n'ont de procédés qu'invectives qu'on lance...
Le train est entré en gare, sans voix, la dernière,
on embarque, et je jette un piano à la mer...
Il est fini le temps des rimes et des vers,
mes mots voyageront vers d'autres univers.
C'est joli !
Je jouerai plus à la dînette,
c'est promis !
N'est-ce que pour les autres fêtes...
Et maudit,
je retourne à la tempête,
je retourne mes chaussettes,
j'ai leur boule et mes boulettes
qui me font tourner la tête,
c'est fini !
ça ressemble à la retraite
de Russie,
la Bérézina s'entête,
elle aussi,
à couler froide et seulette,
Cybérie...
Certaines phrases sont des caveaux pour nos âmes,
des caniveaux où coulent des rancoeurs débiles,
où s'accumulent les divorces et les drames,
rangés dans le sarcophage de Tchernobyl.
Ne compare-t-on pas et la plume, et l'épée ?
N'en saigné-je pas pour les deux d'un même fil ?
Dans un train Pullman, Lili Brik est arrivée...
Et d'autres chemins où les traverses défilent...
Ses yeux n'ont pas vertiginosité de jade,
Mais ses cheveux me font une écharpe à mon cou.
Et notre éloignement, et notre désirade,
Hurle comme les trains qui roulent vers Bakou.
Vladivostok Station.
Où les brides de main n'ont que verge pour frein.
Où toutes les petites Jehanne s'oublient,
où leurs langues avides n'ont que mal pour faim,
n'enseigné-je pas quelque intime biologie ?
Vladivostok Station.
Où résonnent ces cris dont on sait le refrain.
Où s'emballent souvent les chevaux du désir,
pour cent bals, quelque rouble, art factotum aux fins
de trouver les moyens de s'offrir du plaisir...
Si les ports sont des villes de ponts, aux deux mers,
se raccordent les corps qu'on fantasme à l'envi,
si saint Jean, bon apôtre, a la tête à l'envers,
que donc penser alors de l'état de son vit ?
La douceur océane est entrée par mes pores,
et sa langue diaphane a tourné pour sept fois,
dans ma bouche embaumée par l'odeur de son corps,
les mots en beaux mets qu'elle dévore en moi.
« Je te veux, je te tiens, te possède, t'engloutis..
Fais un voeu ! Sois chrétien ! Pour qu'on cède, mens aussi ! »
Les retenues et les barrages du fleuve Amour,
sont contenus
tout contre nus,
compte tenu de nos grands âges, jusqu'à ce jour...
Or, dans un rêve à la Bilal,
les femmes pièges se referment,
comme un flacon de penthotal
dont on a vu venir le terme.
Vladivostok en italique,
et ses Rome de vérités,
Cédant ensemble à la panique
Du fruit maudit d'Eve hérité.
Des Vatican un peu perdus
au delà des déserts gobés
par le grand train qu'on a tenu
sur les rails de Karymskoïe.
Sur les rails blancs de nos mariages,
où messe dite à reculons,
ressemble plus à un voyage
qu'aux défilés de ces wagons...
Alors sans cesse, Vladivostok et sa station,
où tous se pressent, un coeur en stock, en gestation,
marque la fin de nos errances et de nos raids
transcybériens, où l'on avance en corde raide.
Aux sources de mes fabuleux hétéronymes
est un surnom breton qui là me colle aux basques :
« An naon du », c'est la faim noire ou la famine
offerte au plus avide, astreinte au plus fantasque.
Elle est le vrai symbole où chaque peuple en fuite
invente ailleurs un lot de tous ses nouveaux gènes,
Irlande imaginaire et l'Amérique ensuite
— exploitation par le colon de l'indigène.
Et chaque esclave a l’appétit comme un tatouage
à l'âme, infiniment marqué des fers brûlant
dont ses enfants paieront l'incontinent naufrage.
Un appétit de Vérité — métal hurlant
dans le creuset de ce moderne moyen-âge —
existe encore et pousse aussi les non-violents.
À propos du dérèglement de tous les sens,
on citera l'étroit passage entre la mort
et la perte absolue des notions de conscience,
avec laquelle on lutte au final et d'abord.
On citera l'excitation de tous les nerfs
et sa corolle hallucinée que l'on effleure
en stimulant du doigt nos belles coronaires,
et qu'en nos poings tendus nous avions renifleur.
Ainsi soit-il, on doit de fait se transformer
depuis notre naissance, avant notre décès,
depuis janvier, jusqu'en décembre, et s'aimer.
C'est mai dans la métamorphose et ses essais,
dans les printemps ratés mais pourtant sublimés
de la Jeunesse étrange étranglant ce qu'on sait.
La mort et son creux écho des descendances, est le toboggan nataliste où s'oublient les nombres éhontés des indigences expressionnistes.
Alors que Toi, je t'aime : un baiser soufflé sur la main, c'est un millier d'années d'études sur un corps damné.
Début mai 2007, dès le soir de son élection, la pluie s'abattit deux mois durant sur mon Finistère. Il ne m'en fallut pas moins pour écrire un poème pamphlétaire absolument révolté que voici. Le futur antérieur actuel aurait pour idée de me donner raison quant à l'ignominie présumée du personnage.
Je ne me souviens pas, oh non, de Mai plus triste
Qui ait perdu son charme d'antan, ses musiques,
Sous les vagues de larmes de pluies sarkozistes,
Et l'absence, au-delà, d'un soleil aphasique.
Or, quand moi, de mêlées amoureuses fictives,
Je me suis bercé debout de mes deux illusions,
Je n'ai joint qu'en deux bouts ces calendes rétives
Que le mois de Mai laid laisse à la désillusion.
On le dit mois d'amour aux premières chaleurs,
Mais des juments sans guide ont montré la cadence
A des rideaux rigides de pluies antérieures
Moisissant tous ses jours d'exhalaisons rances.
Alors, faut-il ranger le joli mois de Mai
Sur les rayons fangeux des passés embourbés,
Ou plutôt jouer franc-jeu, faire ce qu'il nous plait,
Sans ces « Je » sans danger des printemps avortés ?
Le Mai laid, c'est foutu, reste Juin pour renaître,
Pour mûrir, un été, comme les blés tardifs,
Comme ces treilles-clefs accrochées aux fenêtres,
Dont les raisins font jus de bons vins laxatifs.
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